Les récits sont puissants. S’ils le sont, c’est parce qu’ils sont considérés comme notre héritage car ils jouent un rôle crucial dans la formation et la préservation de l’histoire, de la culture et des connaissances de l’humanité à travers les générations.
Tout au long de l’existence humaine, les récits, contes, légendes & mythes ont été utilisés comme moyen de transmission des connaissances, des croyances, des traditions et des expériences d’une génération à l’autre.
Avant l’avènement de l’écriture, les sociétés s’appuyaient sur les traditions orales pour transmettre leur patrimoine culturel. Les anciens et les conteurs transmettaient les récits, les mythes et les légendes aux jeunes générations, en utilisant leur mémoire qui façonnait et modifiait un récit toutes les fois où il était conté mais assurant ainsi la préservation d’éléments culturels essentiels.
Une identité culturelle ?
Les récits reflètent les croyances, les valeurs et les coutumes d’une culture ou d’une communauté particulière. Ils aident les individus à s’identifier à leur patrimoine, à comprendre leurs racines et à développer un sentiment d’appartenance à leur communauté.
Néanmoins, Carl Gustav Jung puis Joseph Campbell ont constaté qu’il existait un inconscient collectif et que les mythes, bien qu’ils soient de formes diverses et variées, partagent un même fondement (dénommé instincts et archétypes).
De nombreux événements historiques ont été transmis par le biais de récits. Ces récits nous aident à tirer les leçons de notre passé, à comprendre les luttes et les triomphes de nos ancêtres et à mieux comprendre l’évolution des sociétés.
Les contes, les fables et les récits religieux sont souvent porteurs de leçons morales et de conseils éthiques. Ces récits servent à enseigner le bien et le mal, à encourager les vertus et à décourager les comportements nuisibles.
Les récits ont le pouvoir unique de susciter des émotions et de l’empathie. En partageant des expériences et des émotions par ce moyen, les individus peuvent nouer des liens plus profonds, ce qui favorise l’empathie et la compassion.
Ce pouvoir réside dans la manière dont les récits mobilisent divers aspects de notre traitement cognitif et émotionnel. Les récits bien conçus mettent souvent en scène des personnages et des situations auxquels on peut s’identifier. Lorsque les lecteurs ou les lectrices se reconnaissent dans les personnages ou dans certains aspects de leurs propres expériences, ils s’investissent naturellement sur le plan émotionnel dans le dénouement du récit.
Lorsque nous découvrons des personnages qui rencontrent certaines émotions ou situations, notre imagination et notre mémoire ne laissent pas de simuler ces mêmes expériences. Les récits font appel à un large éventail d’émotions, allant de la joie & de l’excitation à la tristesse & à la peur. Les descriptions vivantes, c’est-à-dire les dialogues et les pensées des personnages et non l’événement comme vu d’en haut tout imprégné d’une froideur qui nous tient à distance, nous aident à nous connecter aux sentiments et aux expériences des personnages et à exciter en nous des émotions similaires.
Les récits nous permettent de nous rapprocher de personnages ayant des origines, des personnalités et des expériences différentes. Cela nous encourage à voir le monde du point de vue de cet autre, ce qui favorise la compréhension et l’empathie à l’égard de ses luttes et de ses triomphes.
Par le récit, nos sentiments, nos souvenirs et nos sens s’activent. Cette activation approfondit le lien avec le récit, rendant les émotions plus vives et plus durables. Une catharsis, c’est-à-dire le fait de ressentir des émotions intenses au travers d’un récit, peut se traduire par une libération émotionnelle et un soulagement. Lorsque nous nous identifions à des personnages qui font face à des défis et finissent par trouver une solution, nous éprouvons un sentiment d’apaisement et de libération émotionnelle. Nous ne sommes pas seuls au monde.
Les dilemmes moraux
Les récits présentent souvent des personnages confrontés à des dilemmes moraux, ce qui incite le lecteur/spectateur à envisager différents points de vue et choix éthiques. Cet engagement dans des situations éthiques complexes peut conduire à une plus grande empathie et à une compréhension plus large de l’expérience humaine.
L’engagement émotionnel est renforcé par l’élément de suspense et de surprise. Le fait de ne pas savoir comment un récit se développera nous permet de nous investir émotionnellement, car nous anticipons des issues possibles pour les personnages auxquels nous nous sommes attachés. C’est aussi un moyen pour l’autrice et l’auteur de nous prendre à contre-pied sur nos attentes et l’effet recherché n’en est que plus pénétrant.
Les récits stimulent la créativité et l’imagination. Ils nous transportent dans des mondes différents, nous poussent à raisonner différemment et nous inspirent de nouvelles idées et innovations. Dans le temps d’un récit, nous échappons à nos habitudes.
Les récits nous aident à donner un sens au monde dans lequel nous vivons. Ils nous aident à nous comprendre et à comprendre ces autres qui nous entourent.
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