Le Code Sémantique tel que le définit Roland Barthes est tout élément qui possède une signification singulière à l’intérieur du récit. Elle s’exprime souvent par connotation suivant les circonstances ou la situation décrite à ce moment du récit. Barthes prend appui sur Sarrazine de Balzac pour asseoir sa démonstration. Ainsi, le titre de l’œuvre considéré sous sa lexie (comme mot ou expression) suggère la féminité parce qu’il semble du genre féminin.
Le code sémantique est ce qui permet d’ajouter du sens (assez souvent subjectif) à un mot ou une expression, c’est-à-dire qu’un mot ou une expression peuvent être simplement dénotatifs (un crétin par exemple est reconnu et distingué d’autres mots ou expressions par le plus grand nombre) mais par la connotation, l’auteur et l’autrice ajoute un sens particulier qui ne vaut qu’à l’intérieur de leur texte actuel.
Ce que montre une représentation ou une image n’est pas seulement ce qu’elle montre ; elle dit parfois aussi autre chose, une espèce de sens caché qui n’appartient qu’au moment où cette représentation est donnée. Par exemple, le mot élu prend un sens différent dans Matrix que dans l’expression peuple élu de la bible hébraïque.
Au service de la tension dramatique
Des objets présents dans le récit ou des dialogues ou même un geste peuvent être chargés en code sémantique. Le moment où ils apparaissent emplit la scène d’une tension nouvelle. Par exemple, dans cette séquence de Inglorious Basterds, Hicox se trahit lui-même en faisant signe au barman d’apporter trois verres mais il le fait d’une manière singulière qui éveille les soupçons du nazi Hellstrom.
Le code sémantique fait référence aux éléments d’un texte qui peuvent être mieux compris en impliquant leurs significations suggestives et connotatives. Selon Barthes, tous les récits ont des personnages, lieux et objets définis qui aident de manière connotative le lecteur et la lectrice à comprendre un thème du texte. Ici, dans Inglorious Basterds, un simple geste devient un signe de reconnaissance nazi.
Le code sémantique donne des détails suggestifs sur la caractérisation d’un personnage ou d’un lieu. Il fonctionne dans un jeu antithétique, par contraste, par exemple opposer dans une même proposition des robes de soie et des vêtements moelleux dont l’un cache de prétentieuses nudités et l’autre luttant contre le froid est un moyen d’expression pour signifier l’idée d’humilité.
Cette opposition n’est nullement forcée. Elle ne cherche pas à associer des idées. Elle s’est imposée naturellement dans le récit lorsque le thème sur l’humilité s’est avéré nécessaire lorsqu’une scène se justifie ou est conçue autour de ce thème.
Il ne faut donc pas se focaliser sur les apparences tant que celles-ci cachent une signification autre. La robe de soie ou le vêtement moelleux ne sont que des objets parmi d’autres qui révèlent, lorsqu’ils s’opposent, une vérité.
Le souci de la connotation, de ces significations secondes, est que le lecteur/spectateur doit connaître ce que l’autrice et l’auteur tentent de lui communiquer de manière indirecte. Si dans leurs pensées, il existe un village de leur enfance, si le lecteur/spectateur ne possède aucun indice sur ce village, tout ce que l’auteur et l’autrice essaieront de faire deviner aboutira au néant.
Pour qu’elle atteigne quelque profondeur, il est nécessaire de baliser la signification. Ainsi, par exemple, lorsque des faits historiques servent d’arrière-plan à ce qu’il se passe maintenant dans le récit, si ces faits particuliers sont ignorés du lecteur/spectateur, la signification seconde du moment présent ne sera pas perçue et l’œuvre s’en trouvera amputée.
Le thème au cœur de la connotation
Un thème explore des idées. Celles-ci ne sont que rarement immédiatement compréhensibles. Lorsqu’un personnage exige que justice soit faite pour l’être aimé assassiné, il peut se trouver lui-même confronter au problème du sang versé pour assouvir sa vengeance. L’idée de justice & vengeance est immatérielle ; tout comme celles de croyance & doute, de destinée & libre-arbitre, de l’homme contre la société ou contre lui-même ou encore technologie & humanité..
Les images ou les représentations illustrent les idées. Lorsque le personnage se promène dans les rues de son village, nous pourrions découvrir, accompagnant ses pas, des lieux chargés d’une histoire. A ce moment peut intervenir le code herméneutique soulevant une question : en quoi cet endroit est-il important pour le personnage ? Pourquoi le personnage s’immobilise t-il devant ce porche portant d’étranges sculptures ? L’autrice et l’auteur nous donneront des réponses et celles-ci auront recours à des souvenirs qui seront autant d’évocations confiées à l’interprétation du lecteur/spectateur.
Le code sémantique, l’exploration du thème, s’effectue par l’action. Si le personnage franchit le seuil de ce porche, c’est parce que des souvenirs d’enfance sont attachés à cette maison. Le thème mis ainsi en scène est celui de l’idée de famille et accompagnant celle-ci le rapport entre autrefois & maintenant.
C’est cette distance qui pèse sur le personnage et elle ne peut être sensible autrement que par l’action. Pour s’assurer que ce code sémantique atteigne le lecteur/spectateur, l’autrice et l’auteur peuvent user de la répétition : le personnage entre dans cette maison ; puis il continue sa promenade et en pénètre dans une autre ; puis il se rend dans une clairière et ainsi de suite..
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