UNE PRÉMISSE PLUS QU’UNE IDÉE

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On commence avec une idée. Ce peut être l’envie d’écrire une Love Story ou bien encore vouloir dénoncer une injustice. Dans ce dernier cas, par exemple, l’idée possède de manière naturelle une étendue que ne possède pas, par exemple, la Love Story parce que celle-ci est bien trop générique pour contenir implicitement bien plus qu’une histoire mais une puissance dramatique.

L’idée deviendra concept. Concrètement, devant la page blanche, qu’est-ce que cela signifie ? C’est le récit d’une ligne dramatique (la théorie narrative Dramatica en dénombre quatre) qui se déploie devant nous par l’arc dramatique d’un personnage qui est d’une certaine manière au début de l’histoire et qui finit celle-ci autrement.
Nous sommes les témoins de cette transfiguration en temps réel (du moins le temps fictif mis en œuvre par l’histoire).
Nous avons plusieurs mouvements à l’œuvre comme autant de forces qui animent les rouages internes du récit. L’une de ces forces narratives est le conflit. Ainsi, lorsqu’une idée implique ou introduit une notion de conflit dans son énoncé, nous sommes déjà dans le concept.

L’argument

Vouloir dénoncer une injustice par exemple est une intention louable. Mais seule, cette idée n’est pas encore un concept. Celui-ci définit un conflit et pose une question dramatique. Vouloir écrire une Love Story est toujours une bonne idée mais il faut l’approfondir. Par exemple, l’histoire pourrait décrire un amour entre un officier allemand lors de la seconde guerre mondiale et une juive. Maintenant, nous avons un concept ou un argument solide qui peut être développé en une histoire.

Cet argument qui posera la prémisse de l’histoire est une recherche qui doit être faite avant le processus d’écriture du scénario. Rechercher un concept puissant et profond à partir d’une idée est le travail de réflexion préalable à l’écriture du scénario.
Réfléchir à son concept permet de comprendre les éléments dramatiques dont aura besoin l’histoire. Ces mêmes éléments qui permettront d’élever l’histoire.

Vouloir renflouer le Titanic des profondeurs qui le retiennent est un concept parce que cet argument suggère un conflit avec la nature. Vouloir détailler la vie des esclaves noirs ou bien celles des bonnes noires dans les années 60 aux Etats-Unis est encore un concept parce qu’il contient de façon inhérente une prémisse qui a le pouvoir d’affirmer non seulement un engagement de l’auteur mais aussi de mettre ne place un contexte social foncièrement injuste.
Une jeune fille forcée de combattre dans une arène pour sa vie dans une dystopie qui dénonce les dérives de l’autoritarisme et du despotisme est encore une prémisse (ou bien une promesse) de critique lucide de domination et de contrôle de nos sociétés actuelles.

Les questions dramatiques

La prémisse (le concept se manifeste dans la prémisse) pose une question dramatique. Les réponses qui seront données par l’auteur sont précisément ce qui attire et retient le lecteur dans son histoire. Et c’est aussi ce qui permet d’évaluer la puissance d’un concept ou d’une prémisse par rapport à une autre prémisse ou concept.

Dès la conception de l’histoire, il faut sentir les forces dramatiques. Et une fois que celles-ci sont pressenties, il faut trouver les moyens qui leur permettront de s’exprimer dans toute leur puissance. Quand on a une idée, il faut oser s’interroger sur ce qu’elle peut avoir d’intéressant et surtout ce qui pourrait la rendre encore plus intéressante. En particulier, comment cette idée peut être conflictuelle en regard du héros. Est-ce que cette idée peut être étendue ? C’est-à-dire inspire-t-elle du matériel dramatique qui pourra être déroulé sur toute la longueur de l’histoire ?

Et comme on écrit pour un lecteur, est-ce qu’elle excitera chez lui des sentiments ? Toutes les idées ne sont pas capables de répondre à ces questions élémentaires. Avant de les écarter cependant, il peut être bon de s’interroger sur ce qui peut les élever afin de les rendre adéquates avec un projet cinématographique.

Mais comment définir ces forces narratives ? Rien de plus simple. Les forces narratives vont donner de la chair, de la matière à façonner. C’est un contexte historique dans laquelle viendra s’insérer l’histoire. Le monde fictif est secoué de forces internes qui influent sur le déroulement de l’histoire. C’est un obstacle formidable qui s’incarne assez souvent sous la figure d’un antagoniste. Comme tous les personnages fictifs, il est animé par des motivations. C’est une force irrésistible qui guide sa conduite (essentiellement, sa fonction sera de contrecarrer l’objectif du héros) mais c’est aussi un personnage qui a une personnalité, qui a un passé.
Parmi ces forces, il y a bien sûr le héros. Celui-ci sera doté d’un pouvoir empathique sur le lecteur. Quand tout cela est bien saisi par l’auteur, il ne lui reste plus qu’à exécuter son projet, c’est-à-dire écrire les scènes et les séquences.

La tension dramatique au cœur de la prémisse

La prémisse (ou le concept) est une promesse de tension dramatique. Cette prémisse pointe sur un héros qui veut quelque chose, qui a de bonnes raisons de le vouloir et sur l’opposition qu’il rencontrera à l’encontre de son désir.
Notez qu’il n’y a prémisse que lorsqu’un personnage entre dans le jeu.

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