LA SCÈNE DE RÉACTION

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Beaucoup de scènes existent parce qu’elles montrent la réaction à un événement précédent. En quelque sorte, il s’agit de réagir à ce qu’il s’est passé. Ainsi, on peut considérer qu’une scène complète serait un événement (une action) suivi par une réaction (c’est-à-dire les conséquences).

Cette réaction est très importante dans une histoire. Non seulement parce qu’elle permet aux personnages de montrer leur ressenti après l’événement mais aussi parce que cette scène préparera leur prochain mouvement.
Ces scènes de réaction sont souvent des moments d’introspection ou contemplatifs. Ces scènes aident aussi au développement des personnages.
Apparemment, ces scènes de réaction ne sont pas pénétrées de conflit. En fait, il est inutile dans de telles scènes. C’est ainsi qu’il peut arriver à certains auteurs de négliger la réaction de leurs personnages parce qu’ils craignent de perdre le lecteur en ne maintenant pas son attention suffisamment élevée par du conflit.

Travailler la réaction de ses personnages

Il devrait être accordé à la réaction autant d’importance qu’à l’action. Donc, cette scène doit être structurée afin que le drame puisse s’y déployer.

On peut dénombrer trois briques qui permettent de construire cette scène :

La réaction

Il faut bien que la scène parle de quelque chose. Et comme il s’agit de réagir à ce qu’l s’est précédemment passé, ce sera bien cette réaction qui sera le sujet de la scène.
Et que sera ce sujet ? C’est un apport émotionnel. Après avoir permis au lecteur de vivre une expérience (l’action) par personnage interposé, l’auteur peut maintenant partager avec son lecteur l’impact émotionnel que cette expérience a eue sur ce personnage.

Il est logique aussi de penser qu’un personnage ne puisse traverser une histoire emplie de conflits sans réagir émotionnellement à ceux-ci. C’est le rapport le plus évident entre un personnage de fiction et la nature humaine.
Cela permet aussi à l’auteur d’exposer un trait de la personnalité de son personnage qui explique celui-ci.

N’espérez pas que le lecteur comprenne intuitivement ce qui se passe dans l’intériorité d’un personnage. Dans un scénario, il faut montrer. C’est ainsi qu’une attitude, un comportement, en un mot, une réaction, pointeront vers une charge émotionnelle. Il faut décrire le sentiment, l’émotion qu’éprouve le personnage.
Maintenant comment communiquer cette émotion dépend des exigences de votre histoire. Cela peut être fait par les dialogues par exemple.
Ce qu’il faut retenir est que cette scène de réaction est significative seulement par le rapport qu’elle entretient avec ce qu’il l’a suscité. Et retenez que si je distingue la scène de l’action et la scène de réaction, c’est parce qu’elles n’ont pas obligation à se produire immédiatement dans un ordre chronologique. Néanmoins, il s’agit bien d’une seule et même scène ou séquence décomposées en action et réaction.

Le dilemme

Une fois passée la réaction à l’événement, il s’opère chez le personnage concerné un dilemme.
Ce peut être par exemple de comment répondre à ce qu’il s’est passé et qui a probablement bouleversé le personnage. Ce qu’il s’est passé précédemment doit être considéré comme une attaque pour solliciter une telle réponse. Celle-ci vient donc avec son lot de nouveaux problèmes pour le personnage. Donc de nouvelles possibilités narratives et partant, de la matière pour de nouvelles scènes.

Souvent le dilemme apparaîtra avec évidence. Il faut répondre ceci et non autre chose. Dans ce cas, on peut éviter une redondance entre l’intuition du lecteur qui comprend parfaitement la situation et ce qu’il s’y joue et les mots sur le papier qui décrivent l’évidence.
Cependant, avant une réécriture qui gommera cette répétition inutile, il peut être bon de l’énoncer afin que l’auteur garde le fil de ce qu’il cherche à dire.

Une décision

Le dilemme ne peut rester dilemme. Une décision sera prise qu’elle soit bonne ou mauvaise. Ce choix maintenant décidera du but de la prochaine scène.

C’est très souvent un moment de méditation. La tension s’effondre pour permettre au personnage (et au lecteur) de reprendre son souffle. C’est une décision mûrie. Nous ne sommes plus dans l’urgence du début de scène qui expose le conflit. Nous sommes dorénavant dans la résolution et les conséquences de ce conflit.
Et le lecteur apprécie ces moments.

Une complétude

C’est ce qui est à rechercher par l’auteur. Entre le conflit dans la première partie de la scène et la réaction des personnages à ce conflit, nous obtenons un dilemme et une décision qui préparent l’objectif de la scène à venir (et encore une fois, celle-ci n’aura pas à être chronologiquement collée).

Dans Orgueil et Préjugés, par exemple, lorsque Darcy refuse assez impoliment de danser avec Elisabeth lors du bal (exposition du conflit), nous avons la réaction de Elisabeth en une ligne de dialogue
Je pourrais facilement lui pardonner son orgueil s’il n’avait mortifié le mien.

Le dilemme maintenant pour Elisabeth est de savoir comment elle doit réagir à ce rejet dont l’arrogance ne lui a pas échappé.
Et sa décision de nourrir envers lui un préjugé va nourrir elle-même l’intrigue puisque Darcy appréciera de plus en plus Elisabeth mais celle-ci restera distante.

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