QUATRE PERSONNAGES POUR UNE HISTOIRE

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D’abord, il y a le héros. Si vous n’avez pas un héros, vous n’avez pas d’histoire. Ensuite, il vous faut un opposant au désir et au besoin du héros : c’est l’antagonisme.
Le personnage principal sera aussi accompagné par au moins un allié et classiquement, par un mentor.
Le personnage le plus important est le méchant de l’histoire. Pourquoi ? parce qu’il est la clef qui permet à l’histoire d’exister.
Et alors que le protagoniste est celui qui devrait être dans pratiquement toutes les scènes parce que c’est lui qui fait avancer l’intrigue, l’antagoniste, malgré l’importance de sa fonction dans l’histoire, n’a pas à être forcément présent ou bénéficier de davantage de lignes de dialogue que les autres personnages.

L’antagonisme incarne le sujet de l’histoire

Rocky Balboa veut se prouver qu’il n’est pas un minable. Qu’il n’est pas le loser qu’il semble être.
Pour cet objectif, l’auteur dispose de nombreuses possibilités. Et chacune d’entre elles raconte une histoire différente.

Pour UN objectif, il y a PLUSIEURS modes opératoires. L’inverse, néanmoins, n’est pas possible. L’auteur ne peut pas opter pour une façon de faire les choses qui aboutirait nécessairement à un choix parmi différents objectifs.

Il lui faut donc dans un premier temps fixer un objectif pour son héros. Le problème de Rocky est qu’il ne croit pas trop en ses capacités. Il se mésestime.
Il faut qu’il se dépasse pour aller à la rencontre de sa véritable nature.

Et c’est cette nature du personnage concrétisée dans sa personnalité et son passé (qui l’a plus ou moins façonnée) qui décidera des moyens qu’il devra mettre en œuvre (c’est-à-dire l’action) pour parvenir à cet objectif.

L’action qui se déploie essentiellement dans l’acte Deux ne peut être erratique. Elle doit être orientée vers le but que le héros s’est fixé (ou du moins que l’auteur lui a imposé).
Ce choix que fait l’auteur pour son personnage doit avoir une visée qui pointe vers ce qu’il a à dire à son lecteur. Ce message sera le thème de son histoire.

Cependant, le thème est une abstraction qu’il lui faut concrétiser. Et c’est dans le rapport concret qu’il établira entre son héros et un opposant qu’il pourra communiquer son message.
Ainsi, la relation d’opposition qu’il met en place lui permet de raconter son histoire en étant cohérent avec son thème. Or cette opposition se définit dans la nature de l’antagonisme qu’il lui reste à inventer et à choisir judicieusement pour ne pas être hors sujet.

Le méchant de l’histoire est ce qui donne une forme concrète à l’intention du héros. C’est ce personnage qui va mobiliser la volonté du héros. Pour que Balboa puisse échapper à sa condition qui l’empêche de vivre pleinement sa vie (et en particulier d’assumer sa relation avec Adrian), il lui faut combattre contre le champion du monde des poids lourds, Apollo Creed.

L’ultime confrontation

Ce n’est pas le héros qui décide du terrain où se jouera le climax. Il doit aller à la rencontre de l’antagoniste sur le propre terrain de celui-ci. C’est ainsi que c’est sur le ring où Creed est invaincu que cette rencontre doit avoir lieu.

Pour réussir son objectif, ce n’est pas de vaincre Apollo qui compte. C’est de tenir la distance contre lui (les 15 rounds, ce qui est un exploit en soi).
Cette endurance, dont Rocky doit se convaincre qu’il en est capable, décidera ou non de la réussite de son objectif. Et on en revient à l’antagoniste. Si vous placez un autre méchant (ce qui implique d’autres situations et d’autres circonstances), vous raconterez une autre histoire.

Si votre idée est encore quelque peu confuse, commencez par inventer l’antagonisme (un personnage, une entité… ce que vous voulez).
Généralement, lorsque vous savez ce que veut l’antagoniste dans cette histoire, vous saurez comment le protagoniste peut espérer atteindre son objectif.

L’objectif du héros : sortir de l’impasse

Lorsque nous découvrons le personnage principal d’une histoire, sa vie est généralement dans une impasse. Il n’est pas forcément malheureux mais il a en tout cas le sentiment de ne plus évoluer.
Il lui faut changer.

L’auteur doit donc décider de ce qui retient son héros, quels types d’amarres bloquent son évolution.
Puis de lui permettre au cours de l’intrigue d’apprendre (en somme, il doit se révéler à lui-même) les choses dont il a besoin pour affronter l’antagoniste dans les meilleures conditions pour lui permettre effectivement de changer.

Il ne pourra devenir un être meilleur s’il ne comble pas au préalable ce qu’il lui manque. Le sens de son action n’est pas lié à la nécessité de changer.
Rocky ne cherche pas à être champion du monde. Qu’est-ce que cela lui apporterait ? Bien sûr, c’est un privilège rare. Et cette rareté pourrait décider de son action. Mais ce n’est pas ce dont a besoin Rocky. Agir par nécessité ne permet pas d’évoluer dans la vie.

Ce n’est pas ce qu’il cherche à se prouver (c’est-à-dire pour combler ce qui lui manque dans sa vie). C’est comme s’il y avait un morceau du puzzle de sa personnalité vraie qui ne soit pas encore en place.
S’il tient la distance contre Apollo, il sera désormais mieux armé pour vivre sa vie et en particulier sa relation avec Adrian.

La fonction du mentor

C’est dans la relation aux autres que nous pouvons donner un sens à notre existence. Pour devenir l’être meilleur qu’il aspire à être, le héros seul ne pourra y parvenir.
Lorsque l’auteur lui a fixé un objectif et qu’il a inventé l’antagonisme qui lui permettra d’exprimer son message, il lui faut créer un guide pour le héros afin qu’il ne se perde pas dans les méandres hasardeux de tous les choix qu’il peut faire.

Et un allié

Il existe une certaine distance avec le mentor. Le mentor et le héros sont deux consciences qui s’affrontent. Elles se livrent à une lutte aussi intense qu’entre le héros et l’antagoniste. Mais surtout, quelle que soit la sincérité de la relation qui les unit, elle renvoie le héros à sa solitude.

Pour réussir son objectif, le héros devrait bénéficier d’une aide qui ne soit pas conflictuelle et qui l’aide à sortir de son isolement individuel. C’est-à-dire que le héros et son allié sont sur le même plan émotionnel. L’un veut réussir son objectif et l’autre, pour ses propres raisons, d’ailleurs, veut aussi que l’objectif soit atteint.

Rien n’empêche aussi que cet allié ait besoin de suivre son propre arc dramatique. Lui aussi a un besoin qu’il ne pourra résoudre que s’il comprend sur lui-même des choses qui lui permettront de sortir tout comme le héros de cette stagnation dans laquelle ils sont embourbés lorsque nous les découvrons dans l’histoire.

La différence entre ces arcs dramatiques (celui du héros et celui de son allié) est que l’un doit fouiller au fond de lui-même afin d’aborder le climax et de pouvoir vaincre l’antagoniste tandis que l’autre doit apprendre comment aider le héros à réussir son objectif.
Han Solo par exemple doit apprendre à être moins égoïste s’il veut pouvoir aider Luke à vaincre Darth Vader.

Pour résumé :
  • L’antagonisme est celui par qui l’histoire et le héros justifient leur existence. Logiquement, ce devrait être par lui que l’auteur pourrait commencer son projet d’écriture.
  • Le héros est le personnage principal sur lequel l’empathie du public s’installera. Il est le lien émotionnel entre le lecteur et l’histoire.
  • Le mentor est un précepteur. Il n’est en fait légitime que parce qu’il doit apprendre au héros les rudiments (et lui donner une sorte d’objet magique selon Joseph Campbell) pour qu’il puisse vaincre l’antagoniste.
  • Pour sortir le héros de son isolement, un allié l’aidera. Il partage la même intention. Il changera lui aussi au cours du processus.

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