WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 3

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Continuons l’étude du conflit vu par William Indick et son approche psychologique.

A lire :
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 1
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 2

La crise de conscience

Lorsqu’un personnage n’a  pas son surmoi (ou la figure du mentor) suffisamment fort (s’il est du moins présent), cela révèle une faiblesse de caractère.

Le sous-développement du surmoi s’illustre par un comportement égoïste, égocentrique ou plus généralement (ou plus dramatiquement) par une réticence à s’engager dans la cause héroïque au cœur de l’intrigue.

Prenez le personnage de Han Solo. Solo n’est pas un nom choisi par caprice, ce nom qui se veut universel pour être compris par le plus grand nombre trahit la disposition naturelle de ce personnage à suivre sa propre voie et à éviter toutes causes altruistes. Han Solo en fin de compte est un héros malgré lui.

Alors que Luke se dévoue à la cause des rebelles très tôt dans l’histoire, Han ne fait qu’exprimer son refus de rejoindre la cause tout au long de l’aventure. Son attitude a d’ailleurs été qualifiée de sceptique (l’archétype du sceptique, en fait) par Dramatica.

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L’égoïsme de Han Solo est aussi marqué par l’aide intéressée qu’il offre à Luke. Il mentionne d’ailleurs que ce n’est que pour l’argent.
Et dans son refus d’apporter son aide dans la grande bataille de la destruction de l’Etoile de la Mort parce qu’il n’y a rien qu’il puisse en  tirer.

L’arc dramatique d’un tel personnage se déploie d’après William Indick au travers d’une crise de conscience qu’inaugure un sentiment de culpabilité.
Tout est une question de priorités : l’héroïsme de Luke se développe rapidement parce qu’il a un fort surmoi représenté par son mentor Obi Wan.
Mais Han n’a pas de modèle duquel il pourrait inféré un héroïsme similaire à celui de Luke (dans un premier temps car en fait son développement en tant que héros n’est que retardé).

Lorsqu’au climax de l’histoire, Han surgit de nulle part pour sauver Luke d’une mort certaine, c’est parce que Luke a développé une telle force qu’il est devenu un mentor pour Han. Celui-ci pouvant désormais prendre appui sur un modèle, à l’image de Luke, il fait montre à son tour d’héroïsme et s’engage enfin véritablement envers la cause.

Une identification au père

L’identification au père est le modèle principal qui permet au surmoi de s’installer. Le surmoi met en place les raisons du conflit ou du moins les motivations qui autorisent un personnage à entrer en conflit, c’est-à-dire à s’engager dans un combat.
La question à se poser qui devrait vous fournir les clés des motivations du héros à s’engager dans le problème de l’histoire est de savoir quel est le modèle de votre personnage.
Si vous trouvez le bon modèle, vous aurez probablement les motivations qui inciteront votre personnage à agir.

Les personnages lâches

Parfois le personnage qui connaît une crise de conscience ou qui a des problèmes avec l’intégrité de sa personnalité peut mener à une figure comique (une sorte de sidekick comique) que le héros entraîne avec lui dans les pires situations (souvent involontairement).
C’est la base du duo comique (tel que Laurel et Hardy).

Que le héros soit un lâche ou qu’il y ait un personnage dont le trait de personnalité majeur est la lâcheté, leur réticence à affronter le danger tout au long de l’histoire est un motif typique de leur comportement qui mène jusqu’au climax pour l’un ou à un retournement surprenant de situation pour l’autre lorsque le lâche soudain surmonte sa peur viscérale et vainc l’ennemi.

Ce motif fonctionne à tous les coups mais attention cependant à l’utiliser avec discernement. Ne rendez pas prévisible cette soudaine révélation. Rien au cours de votre histoire ne doit laisser entrevoir que votre personnage deviendra un héros en fin de compte. Ne gâchez pas la surprise.

Le héros déchu

Lorsque vous écrivez votre histoire, vous devez bien comprendre les motivations derrière les actes de votre héros. Elles sont la clé du développement du personnage.

Considérons Robin des bois : il brise les règles établies pour aider ses contemporains miséreux. Cela fait de lui un antihéros qui offre deux dimensions selon William Indick :
– hors-la-loi,
– altruiste.
Par contre, si votre héros est un escroc qui se met hors la loi pour son simple profit, cela fait de lui un antihéros mais unidimensionnel.

L’antihéros unidimensionnel est un personnage assez pauvre car il commence escroc et finit escroc. Certes, on éprouve une certaine satisfaction à le voir s’envoler avec le butin mais il y a peu de place dans ce schéma pour développer le personnage. Ce qui en fin de compte laisse au lecteur un sentiment de frustration.

Mais lorsque les actes de votre héros conduisent à sa propre chute, la structure dramatique classique du héros triomphant prend une toute autre tournure autrement tragique.
Le personnage acquiert une véritable profondeur psychologique. Il n’est plus seulement un escroc, il est devenu un héros déchu.
Comprenez bien que rien ne l’empêche de s’envoler avec le butin, mais ce faisant, cette réussite apparente constitue aussi pour lui une perte, un sacrifice, un dilemme qui déchire son âme.

La rédemption au cœur du problème

La qualité dramatique d’un héros déchu tient comme pour tous les personnages à ses motivations. Le héros déchu veut devenir meilleur mais il choisit le mauvais chemin pour y parvenir ce qui inévitablement conduit à sa destruction (ce qui s’avère être en fait la meilleure solution pour lui).

Sa rédemption consiste en sa destruction. En fait, c’est son propre désir de rédemption qui mène le personnage à sa propre disparition.

Prenons Scarface par exemple. Tony ne cesse d’accumuler les pires exactions. D’ailleurs, il est allé trop loin pour qu’il soit racheté de quelques façons. Pourtant sa perte viendra du fait qu’il refusa de tuer la femme et l’enfant (innocents) de l’homme qu’il était censé abattre.

Vous constaterez souvent ce type d’ironie avec le héros déchu. C’est le seul acte moral de l’antihéros qui le détruit. C’est cette ironie très précisément qui crée de la compassion et de la sympathie chez le lecteur envers l’antihéros.

La profondeur psychologique du personnage en est elle aussi profondément améliorée. Si vous décidez d’écrire une histoire avec un antihéros, partez du principe que celui-ci est maudit ; à jamais. Et qu’il est désespéré à devenir meilleur.

A lire :
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 1
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 2
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 4

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