La clef de la réussite d’un court-métrage est de raconter une histoire qui soit à la fois émotionnellement accrocheuse mais aussi passionnante.
Votre récit est le point de départ. Il est au cœur du devenir concret de votre scénario. Que celui-ci fasse 12 pages ou 120 pages, vous devrez procéder de la même manière : écriture puis réécriture jusqu’à ce que vous estimiez être enfin prêt.
Ne vous précipitez pas sous le prétexte que vous avez une bonne idée car celle-ci sera immanquablement dilapidée si votre histoire est mal racontée ou mal structurée. Un scénariste est un raconteur d’histoires.
Les histoires sont aussi vieilles que le monde
Cosmogonies, Mythologies, Contes de fées, Littérature.. et aujourd’hui le cinéma. Les êtres humains de toutes cultures et de tous temps ont été fascinés par les histoires. Les récits de tous ordres ont permis d’expliquer le monde et de nous illuminer sur le sens de la vie. Toutes ces histoires nous permettent de rêver le futur que l’histoire au grand H ne permet pas.
Elles permettent le partage des connaissances et des expériences de vie. Elles nous autorisent à éprouver des sentiments et des passions que nous ne soupçonnions même pas. Elles nous apprennent à tuer le dragon et à faire face à l’adversité avec courage. Elles nous apprennent des chose sur nous-mêmes et tout simplement à devenir de meilleurs êtres humains.
Pour un auteur de scénario de court-métrage, le challenge est d’écrire un récit qui puisse répondre à de telles attentes mais dans le format du court.
Son histoire doit nous faire ressentir des émotions au sens large, c’est un fait. Comme toute œuvre dramatique, il s’agit de raconter l’histoire de quelqu’un qui veut absolument quelque chose et qui a les plus grandes difficultés à l’obtenir.
Le terme de difficultés est à considérer avec des pincettes. Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas constamment de faire le coup de poing pour que nous puissions satisfaire des besoins irrépressibles. Avoir des difficultés à obtenir ce que l’on veut, cela signifie simplement qu’il faut se livrer à quelques manigances, à quelques actions et réactions, à aller de l’avant (autrement dit, faire avancer l’intrigue) et de ne pas se contenter d’attendre les événements de toutes natures – joie, adversité de toutes sortes, complications bureaucratiques, mort ou pertes diverses, problèmes psychologiques, triangle amoureux, injustice, rencontres amoureuses, la liste est longue – qui ne manqueront pas d’advenir sur notre chemin.
Obtenir est aussi une idée force (si tant est que nos idées soient dotées de force intrinsèquement). On veut quelque chose mais comme il ne s’agit pas de se baisser pour le ramasser, on rencontre une opposition, c’est-à-dire une force contraire. Dans ce terme sont en puissance les notions de conflit et de but. On a un objectif et il va falloir lutter (de toutes les manières possibles, y compris contre soi-même) contre une force qui ne nous veut pas nécessairement du mal mais qui a des intérêts contraires aux nôtres ou, par sa nature même, n’est pas compatible avec nos désirs et volontés.
Ce quelqu’un que nous avons décrit ci-dessus est le protagoniste de votre histoire. On le connaît aussi sous le terme de héroïne ou de héros. Il est vrai que le lecteur/spectateur s’attend à voir votre héros ou votre héroïne commettre des actes héroïques mais encore une fois, il n’y a nulle obligation à ce que cela soit sur un champ de batailles. L’idée est d’aller au-delà de soi-même, de vaincre une série d’obstacles et d’épreuves sans cesse croissants.
Le personnage pour être réussi doit non seulement être intéressant (on n’a peut-être pas envie d’en savoir plus sur lui mais au moins de le suivre) et avoir la capacité de susciter notre empathie. On a besoin de se connecter à lui sur le plan des émotions.
Face au protagoniste, il existe un antagoniste. Nous vous avons écrit une étude en trois parties sur l’antagoniste que nous vous conseillons de lire afin de mieux percevoir la fonction de ce personnage ou de cette entité. En effet, vous pouvez incarner l’antagoniste mais il pourrait être n’importe quelle entité (la nature comme le monde des affaires par exemple).
C’est dans le face-à-face entre le protagoniste et l’antagoniste que naît le conflit. Votre récit (comme toute œuvre dramatique) se nourrit de conflits. Sans un conflit, pas d’histoire. C’est un peu radical comme définition, mais vous avez compris l’idée. Souvenons-nous aussi que l’antagoniste (aussi connu sous le terme générique de méchant de l’histoire) peut se nicher dans un personnage qui n’est pas nécessairement mauvais.
Le héros ou l’héroïne comme le méchant sont extrêmement motivés
Aucun ne veut céder ou faire de compromissions et l’intrigue nous décrit cette lutte entre eux deux. Vous rechercherez un engagement émotionnel chez le lecteur/spectateur envers votre récit. Vous pouvez y parvenir à travers vos personnages. D’une manière ou d’une autre, vous devez autoriser votre lecteur ou votre lectrice à reconnaître, à s’identifier aux pensées et émotions, voire même aux situations, de vos personnages.
Pour que cette identification puisse fonctionner, ce n’est pas avec des mots que vous décrirez leurs émotions mais avec leurs comportements. Il doit se créer une empathie envers les personnages. C’est de cette connexion que naît l’engagement émotionnel.
Lors de la création de vos personnages, déterminez et comprenez bien leurs motivations. Elles peuvent être simples ou complexes mais elles dirigent sans relâche vos personnages. Elles sont l’énergie qui les anime. Faites en sorte aussi de créer un antagoniste à la hauteur de votre héros.
Ce qui est en jeu (en particulier pour le protagoniste) explique les motivations pour réaliser l’objectif. Puisque dans un court-métrage vous n’avez pas l’espace pour vous étendre, vous devez dès que possible entrer dans le conflit, montrer que les complications s’aggravent, insister sur le flux et reflux des tensions dramatiques et décrire visuellement tout un jeu d’émotions les plus diverses.
Nous vous disions que les enjeux sont à la source des motivations. Vous devez les définir comme étant d’une importance capitale pour vos personnages. Ce n’est pas toujours une question de vie ou de mort. Il faut que ces enjeux soient cruciaux mais du point de vue de votre personnage.
Aller chercher du pain à la boulangerie du coin, par exemple, est banal à priori. Mais si l’enjeu pour le personnage est d’y rencontrer une personne dont il est tombé amoureux… et dont il sait que cette personne (qui ignore cet amour platonique) se rend à la boulangerie toujours à la même heure… vous n’avez plus qu’à jeter sur son chemin toute une série d’obstacles et d’épreuves qui tentent de lui faire manquer ce rendez-vous qui devrait radicalement changer sa vie. L’enjeu est là, dans la concrétisation d’un changement d’une vie qui ne satisfait pas votre personnage. S’il ne parvient pas à être aimer en retour, sa vie ne vaut plus d’être vécue.
Pour le développement des personnages, le court-métrage présente une difficulté majeure : il n’y a pas la place. C’est pourquoi de nombreux scénarios de court-métrage se focalisent sur un seul personnage avec un gros problème. Cela ne nuit pas à la qualité de votre écriture. Bien au contraire, mais les choses (conflits et développements) doivent être plus simples. Nous apprenons à découvrir un personnage à travers ce qu’il fait et les décisions qu’il prend, comme dans la vraie vie.
Donc en se concentrant sur une situation délicate parmi l’infinie possibilité des situations possibles dans une tranche de vie (que ce soit en fiction ou dans la vie réelle), il est plus facile de présenter des dilemmes et d’y apporter votre réponse personnelle à-travers votre scénario de court-métrage.
Pour que nous restions à vos côtés. Merci
