LA PRESENTATION DE VOTRE PERSONNAGE

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La première impression est toujours la bonne !
Vous avez certainement déjà entendu ce cliché. Quoi qu’on en pense cependant, voici une vérité qui s’impose lorsqu’il s’agit de présenter ses personnages.
Dans l’écriture de scénario, l’introduction de vos personnages est d’une importance capitale.
Ces moments où vous présentez vos personnages sont porteurs des émotions les plus vives : la joie, la colère, la peur, l’envie. Ils provoquent une forte réaction chez le lecteur et permettent l’opportunité de donner quelques aperçus et explications.

Nous pouvons apprendre des choses sur un personnage de différentes manières. Ce qu’ils font et disent, ce que les autres disent d’eux, comment ils réagissent face aux autres personnages nous donnent de nombreuses informations.
De plus, les scènes où ces informations nous sont communiquées sont généralement concises et surtout créatives.

Une présentation bien conçue de votre héros peut rapidement conduire à en faire une icône.

Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl

pirateCaraibes_blackPearl_posterLa musique croît lorsque le grand Capitaine Jack Sparrow navigue dans les eaux de Port Royal. C’est à un moment dramatique et héroïque auquel on nous convie. Au loin se profile un trois-mâts pour insinuer en nous l’idée que Sparrow possède un tel navire.
Du moins jusqu’au moment où le pauvre petit bateau prenant l’eau de Sparrow apparaît à l’écran.
Jack saute ensuite du mât juste avant que son bateau ne soit submergé et s’en va fanfaronner sur le quai.

L’arrivée assez triomphale de Jack sur son bateau en train de couler aide à se faire une idée du personnage. Certes, c’est un pirate qui pourrait être un grand Capitaine s’il en avait les moyens. D’ailleurs, qui l’a privé de ses moyens ?

A tout bien considéré, cette entrée est plutôt triste. Il salue ses camarades morts et s’en retourne écoper l’eau de son bateau miteux. L’idée du salut aux morts nous indique que Jack est bien un pirate et induit aussi chez lui un sens de l’honneur.

Mais au lieu d’inspirer de la pitié, Jack nous montre qu’il a du style, du charme, de l’honneur (le salut à ses camarades tombés) et le sens de l’opportunité (en sautant sur le quai juste au moment opportun).
Cette introduction de Jack Sparrow dans le récit s’appuie sur la personnalité de Jack capable de retourner une situation plutôt déprimante en une entrée glorieuse et très valorisante pour lui.
A ce moment précis de l’histoire, on en vient à espérer que c’est lui Jack Sparrow.

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American Psycho

 americanPsychoNous découvrons Patrick Bateman en voice-over alors qu’il nous décrit les détails de sa toilette quotidienne. Immédiatement, nous sommes saisis par son narcissisme.
Une lumière naturelle inonde son appartement. Aucune ombre, aucun endroit sombre. Cela ajoute à la sensation de netteté, de pureté esthétique de Bateman, à son désir de perfection.
Sachant que Patrick Bateman est un serial-killer, cette obsession de la perfection de son apparence nous prend à contre-pied. Nous sommes en effet plus habitué à voir les méchants se cacher derrière une fausse identité. Bateman, lui, dissimule sa folie en pleine lumière.

Les plans appuyés par la voie de Bateman prennent une signification étrange renforçant notre malaise vis-à-vis du personnage.
Un plan révèle cependant un indice sur Bateman. Lorsqu’il se mire dans le miroir sur lequel apparaît Gavroche et le reflet de Bateman, on insinue en nous l’idée de multiples personnalités de Bateman (renforcés par les nombreux miroirs qui émaillent l’appartement).

Le dernier plan aussi lorsque Patrick Bateman pèle le masque qu’il a sur le visage et que le plan est soutenu par la voix qui déclare :
Je ne suis simplement pas là
renforce en nous l’idée que Bateman est probablement un psychopathe mais aussi aide à définir le personnage comme une personnalité qui est tout sauf Patrick Bateman.

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The Big Lebowski

theBigLebowski_posterBien que les narrateurs soient souvent considérés comme un moyen un peu trop facile d’introduire une histoire, il faut bien admettre que les frères Coen font ici une brillante démonstration du bon usage du voice-over.
La voix rocailleuse à souhait et l’accent fortement marqué de l’Ouest américain de Sam Elliot rehaussent les scènes et ne se contentent pas d’en faire un simple outil d’exposition.

Pour ceux qui se posent la question concernant les dessous de la reine, cela a rapport avec une comptine typique des Etats-Unis plus ou moins chantonnée sur le rythme de la récitation :
I see London
I see France
I see (ici on indique généralement le prénom d’un copain ou d’une copine) underpants!

Les frères Coen nous préviennent aussi que l’histoire que l’on va nous conter n’est pas banale ce qui est énoncé avec beaucoup d’humour par « The Stranger » (le narrateur) qui confirme qu’il pourra mourir le sourire aux lèvres sans en vouloir à Dieu de l’avoir arnaqué en lui permettant au cours de sa vie de voir Los Angeles et de pouvoir aussi nous raconter cette histoire qu’il semble donc avoir vécue.
Ils utilisent le biais de l’enracinement religieux très marqué de l’Amérique profonde pour distiller cette information ce qui renforce la caractérisation de ce narrateur étranger à l’univers de Los Angeles, le cadre géographique de cette histoire.

La voix n’est jamais importune, jamais redondante avec les plans. Au contraire, chaque élément s’imbrique et se complète. La scène par exemple où le Duc (la traduction a été très libre puisque la version originale le nomme The Dude ce qui signifie plutôt le mec, le gars..) signe son chèque d’un montant dérisoire, même l’employée du supermarché semble atteinte d’une léthargie directement provoquée par l’attitude nonchalante et désinvolte du Duc et l’on se souvient des mots du narrateur confirmant qu’il est certainement le plus grand fainéant de Los Angeles.

Et cette Opening Image se termine simplement par le narrateur qui nous dit qu’il en a assez de nous présenter le Duc juste avant que celle-ci ne débouche directement sur l’incident déclencheur.

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Le Lauréat

theGraduate_posterLa scène que nous avons retenue nous présente Mrs Robinson qui est l’antagoniste de Benjamin.
Le Lauréat est une comédie dramatique. Cependant, il est à noter un fait marquant que l’on trouve essentiellement dans les films d’action et les thrillers, à savoir que l’antagoniste a l’initiative.
Il est en particulier à l’origine de l’incident déclencheur.

Vous remarquerez au début de l’extrait lorsqu’en voice over on entend la voix de la mère de Ben se pavoisant des résultats de son fils à ses études (ce qui nous permet d’obtenir quelques informations sur le passé récent de Ben), que nous apercevons fugitivement dans l’arrière-plan Mrs Robinson s’ennuyant profondément.

Puis elle aperçoit Ben qui ne la remarque pas et soudain l’attention de Mrs Robinson sur Ben est très soutenue. C’est à ce moment qu’elle se forge l’idée de provoquer une rencontre avec Ben qui aura lieu dans la séquence suivante, objet de cet extrait.
L’incident déclencheur qui va lancer l’intrigue et influer considérablement sur la vie de Ben à partir de ce moment est donc bien initié par Mrs Robinson au moment où elle aperçoit Ben.

L’entrée empreinte de simplicité de Mrs Robinson renforce l’archétype de la femme prédatrice (on dirait Cougar de nos jours) qu’incarne le personnage. Cachée derrière cette apparente simplicité, la présence de Mrs Robinson domine toute la  scène et donc Benjamin dès que sa silhouette s’est dessinée dans l’encadrement de la porte. Toutes ses actions, ses attitudes inondent d’une puissance contenue le développement de la scène.

Malgré les tentatives maladroites de Ben de garder le contrôle de la situation, Mrs Robinson assoit définitivement son autorité sur lui en jetant les clefs de la voiture dans l’aquarium forçant Benjamin à les récupérer.
Il est remarquable qu’en une scène aussi courte, nous avons eu droit à quelques traits du caractère de Mrs Robinson mais aussi aux thèmes du récit tels que la manipulation, le désir et le contrôle

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Butch Cassidy et le Kid

butchCassidyAndTheSundanceKidCette scène de la présentation de Sundance, le Kid, montre toute l’importance des réactions des personnages. Sundance joue au Black Jack avec le propriétaire du saloon. Ce dernier ne connaît pas l’identité de Sundance.
Macon, le propriétaire, accuse Sundance de tricherie et calmement mais avec fermeté, le menace ouvertement.
Butch fait son entrée, fait de son mieux pour alléger l’atmosphère, essaie de convaincre Sundance de laisser tomber, mais Sundance ne bouge pas.

« I wasn’t cheating » Je ne trichais pas
Sundance dit à Butch que si Macon leur demande poliment de rester, alors ils s’en iront.
Ce qui est à noter ici est l’honnêteté foncière du Kid malgré les informations que l’on possède sur sa carrière (soit ces informations font partie de notre bagage culturel, soit elles ont été rappelées dans le générique).
Ce que William Goldman (l’auteur du scénario) nous explique est que le Kid n’est pas mauvais en soi mais que ses activités répréhensibles ne sont que les conséquences d’un contexte, qu’il a été forcé à devenir le Sundance dont la réputation sulfureuse est connue de tous.

Accusé de tricherie, Sundance s’est senti blessé, atteint dans son intégrité. Tout ce qu’il demande est une forme d’excuse c’est-à-dire que Macon les invite à rester et que Butch et le Kid déclinent son invitation.

Butch semble beaucoup plus agressif. Le regard froid qu’il a lancé à Macon lorsque celui-ci le repousse du bras révèle un caractère violent mais il semble cependant qu’en présence du Kid, Butch refrène ses instincts destructeurs.
Finalement et probablement volontairement, Butch dit :
« I can’t help you, Sundance » il n’y a rien à faire, Sundance
Il est évident qu’il s’adressait à Macon. D’ailleurs, George Roy Hill, le réalisateur, a laissé Butch près de Macon lorsque Butch prononce cette réplique. Butch devait s’assurer que Macon entende bien le nom de Sundance.

Aussitôt un conflit se crée chez Macon. Il est évidemment terrifié par Sundance mais sa fierté d’homme l’empêche de s’effondrer. Puis, aidé par Butch (qui ne manque pas d’acuité), Macon finit par leur demander de rester.

Cette scène non seulement établit la relation entre Butch et Sundance mais montre aussi que Sundance est un homme qu’il faut craindre. Ce qui donne à son personnage un caractère de puissance et de pouvoir sur autrui, ce qui est confirmé par la démonstration de tir dont nous gratifie le kid à la fin de la scène.
Cependant, Butch qui met en avant la complicité qui existe entre lui et le Kid semble se comporter comme un protecteur du Kid, le mettant en garde.
Ce n’est pas seulement par jeu.

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Star Wars Episode IV

Lorsque Darth Vador est apparu sur les écrans, il est certain que la figure du méchant devenait une icône. Son apparence y est certes pour quelque chose, mais ses manières l’ont définitivement placé dans le panthéon de l’infamie.

Son entrée est assez remarquable : honorée par les troupes de l’empire qui sont au garde-à-vous et en toile de fond, un parterre de corps morts des rebelles jonchant le sol.
Vêtu de noir, le casque, la cape, tout dans son être inspire la terreur et le respect. Cela s’ajoute à la situation dramatique.

Il tue l’officier avec une facilité déconcertante ce qui vient encore renforcer la crainte qu’il inspire et qui suinte de la fiction pour nous atteindre profondément sur le plan émotionnel.
Destinée à nous donner des informations sur l’Overall Story Throughline (à savoir retrouver les plans de l’Etoile Noire), cette séquence nous permet surtout de découvrir l’ultime image du mal qu’est Darth Vador.

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Luke la main froide

 luke_posterDès les premières images, on comprend la psychologie de Luke. On pourrait penser que c’est seulement à cause de son ivresse qu’il décapite les parc-mètres mais intuitivement, l’on sait qu’il doit y avoir une autre raison.
A la fin de cette scène, bien que Luke nous apparaisse extrêmement attachant et charismatique, on devine sa nature auto-destructrice et son incapacité à se conformer à l’autorité.
Non seulement cette introduction nous présente le personnage de Luke avec les traits de caractère nécessaires pour rendre légitime son comportement dans la suite de l’histoire mais aussi nous laisse présager d’une fin tragique pour Luke la main froide.
Vous pourriez être intéressé par ce portrait de Luke :
LUKE LA MAIN FROIDE

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