Nous percevons les choses différemment selon qui nous sommes et selon l’émotion du moment. Et les événements deviennent des souvenirs. Que s’est-il réellement passé cependant ? Quelle est la vérité ?
La vérité est notre vérité. Chacun est convaincu de la justesse de ses souvenirs.
Notre mémoire nous façonne
Nos souvenirs jouent un rôle important dans la forme de notre personnalité. Ils influencent notre identité, notre personnalité et notre façon d’interagir avec le monde dont les autres. Notre mémoire est un élément fondamental de notre identité personnelle. Elle nous aide à construire un récit de notre vie et nous donnent un sentiment de continuité et de cohérence. Nos souvenirs d’événements, d’expériences et de relations passés nous aident à répondre à la question Qui suis-je ? ou Mais qui donc est ce je qui parle ici et maintenant ?
La mémoire est le fondement de l’apprentissage. Nous faisons appel à nos expériences passées et aux connaissances contenues dans notre mémoire pour prendre des décisions, résoudre des problèmes et nous adapter à de nouvelles situations. Apprendre de ses erreurs et de ses succès est un aspect fondamental du développement personnel.
Pourtant, c’est aussi un problème car notre mémoire met en place des habitudes : nous réagissons aux situations apparemment identiques selon les issues que nous avons déjà connues mais deux situations ne sont jamais identiques et la réponse donnée dans un cas est indubitablement inappropriée pour résoudre une situation actuelle encore inconnue. Les souvenirs des expériences émotionnelles, qu’elles soient positives ou négatives, façonnent nos réponses émotionnelles et nos mécanismes d’adaptation. Les souvenirs traumatisants ou heureux peuvent avoir un impact durable sur notre bien-être émotionnel et sur la manière dont nous ferons face aux défis futurs.
En tant qu’autrices et auteurs, la problématique est de comprendre pourquoi nos personnages font ce qu’ils font. Qu’est-ce qui les a conduit au moment où nous commençons à écrire sur eux ? Que connaissent-ils et comment ? Ce ne sont pas les faits objectifs de ce qu’il s’est passé, mais l’expérience de ces moments et leur interprétation qui compte. La façon dont nous utilisons la mémoire pour orienter et explorer chaque personnage est un outil très puissant.
La mémoire n’apparait pas seulement par analepses dans le récit (des descriptions du passé qui surgissent dans le présent). Des pans entiers du passé parce que l’autrice et l’auteur en ressentent le besoin peuvent être déconcertants, voire ennuyeux, car le lecteur et la lectrice veulent se précipiter sur ce qu’il se passe dans l’instant présent.
En revanche, les souvenirs, présentés tout au long de la narration du point de vue du personnage, en relation avec ce qu’il se passe dans l’histoire, peuvent ajouter de la profondeur, de l’ampleur et, surtout, un sentiment de vraisemblance : non pas une vérité factuelle, mais une vérité émotionnelle.
Différents
Nous racontons tous une histoire différente. Les souvenirs nous influencent, ils créent un récit de notre vie. Qu’est-ce qu’il s’est passé dans l’histoire personnelle de vos personnages qui les a façonnés ?
Il faut saisir cet événement singulier et d’ailleurs il est difficile de le penser, car il est absolument impossible que la vie de vos personnages soit ce qu’elle est, pour le meilleur et pour le pire, si cet événement n’avait pas eu lieu. Tentez de reconstituer l’événement du point de vue de chaque personnage. L’esprit se concentre sur un point particulier de l’espace et dans lequel nous sommes nous-mêmes seulement deux êtres ne peuvent avoir exactement le même angle de vue et ce que nous disons d’un événement se soumet à notre interprétation et nous en sommes convaincus.
Comment intégrer ces souvenirs dans le point de vue du personnage sans avoir recours à de grandes quantités d’informations qui rompront la fluidité du récit ? Il faut les intégrer au fur et à mesure comme les souvenirs apparaissent dans notre vie réelle. Le personnage voit un iris par exemple, alors il se souvient d’un autre personnage. Les objets ont une signification et déclenchent des souvenirs.
Les souvenirs sont anachroniques, et il semble plus naturel dans une histoire qu’ils ne le soient pas non plus. Probablement parce qu’ils sont hors du temps que notre intuition connaît quelque embarras à les situer dans le texte, cependant, pour qu’un personnage émeut et c’est ce que l’autrice et l’auteur doivent rechercher, la mémoire doit être travaillée.
Il y a beaucoup de puissance dans la mémoire des moments, des moments qui constituent des histoires personnelles tout comme celle du monde ; des moments dont nous devons nous saisir, en tant qu’autrices et auteurs, de cette résonance émotionnelle dont ils sont remplis, que les faits du passé dans leur nudité ne peuvent tout simplement pas donner. Essayez de travailler avec chaque personnage et ses souvenirs, puis essayez de voir les choses d’un autre point de vue. Écrivez librement autour de l’événement et voyez ce qui vous vient à l’esprit. Ensuite, ajoutez ces souvenirs d’une main légère et en choisissant les détails qui concrétiseront votre intention.
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