ÉCRIRE SUR CE QUE L’ON CONNAÎT

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Écrire sur ce que l’on connaît. Nous avons entendu cela souvent. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie-t-il que si je suis mécanicien, je ne dois écrire que sur les mécaniciens ? Ou que si je suis une femme, je ne dois écrire que sur les femmes ?
Ce que cela signifie, c’est que nous devons écrire ce que nous savons être vrai, par opposition à ce que nous souhaiterions être vrai, ou ce que nous espérons être vrai, ou même ce que nous croyons être vrai.

Écrire ce que l’on sait signifie que l’on nous demande d’écrire sur quelque chose que nous avons vécu sur le plan émotionnel de part en part. Nous avons appris de cette expérience et avons été transformés par elle.
Écrire ce que l’on sait est un engagement : c’est affirmer le danger de ne pas dire sa vérité ; c’est relever le défi universel de se dresser et d’être fidèle à soi-même face à une éventuelle résistance. Ce n’est pas oser prendre le risque d’aimer. On emprunte des thèmes universels. Nous avons tous fait l’expérience d’être confrontés à une situation où agir nous met dans une position où nous sommes critiqués, et nous devons nous demander quelles sont nos valeurs.

Une tension

Il existe une tension fondamentale et constante qui sous-tend tout échange humain. La tension entre le désir d’appartenance et le désir d’être un individu révèle la lutte pour une identité. C’est une lutte qui ne prend jamais fin. C’est la lutte pour l’authenticité.

De cette lutte émergent la plupart des récits, si ce n’est pas tous. C’est cette lutte qui engendre les grandes questions thématiques, telles que : Qui suis-je ? Quelle est ma place dans ce monde ? Quel est mon but ? Qu’est-ce que l’amour ? Nous luttons constamment entre le désir et la peur : le désir d’appartenance et la peur de perdre notre identité ou la raison de notre existence.

Le récit, comme la vie, est une recherche incessante de notre véritable identité. C’est l’identité narrative comme la conçoit Paul Ricœur. Mais aussitôt que nous pensons avoir trouvé une réponse, un autre problème surgit et nous détourne de la vérité.
La vérité est un moment seulement. Il est important, en tant que conteurs, de comprendre cette vérité fondamentale, cette recherche incessante d’identité. Lorsque nous nous imprégnons de la vérité de nos personnages, nous sommes, paradoxalement, beaucoup plus enclins à les mettre en danger, à explorer leur conflit.

Le défi, lorsqu’on écrit sur ce qu’on connaît, est de ne pas figer les idées et les images. Parfois, la première image ou idée que nous formulons est en fait une invitation à découvrir une idée ou une image plus profonde ou plus spécifique, c’est-à-dire ce dépassement que le récit cherche à atteindre.
Si nous nous accrochons fermement à la première image, nous ne permettrons jamais à notre inconscient d’aller là où il veut vraiment aller. Une idée n’est jamais une fin en soi. Nous nous immergeons en elle, nous l’explorons puis nous l’approfondissons.

L’inconscient n’est pas inaccessible. Mais il faut du temps pour se sentir à l’aise avec une nouvelle conscience. Le récit traite de cette découverte, de cette évolution de la conscience. Ce qu’il se passe (l’intrigue), est simplement l’incarnation du mouvement qui mène à cette transformation.

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