BLAKE SNYDER : LE GENRE INSTITUTIONALIZED

0
(0)

Blake Snyder a élaboré 10 genres que nous vous proposons de découvrir sur la page que nous lui avons réservée
ICI

Abordons dans cet article, le genre dénommé Institutionalized.
Le genre que Blake Snyder a intitulé Institutionalized conte les histoires autour des communautés et autres groupes. Cela inclut les institutions et la famille.
Ce sont des histoires qui mettent en avant l’institution. Tout ce qui se rapporte à l’idée de communauté mais sous l’angle de la problématique de la perte d’identité. Se fondre dans une communauté, en accepter les règles comme un devoir induit qu’une part de l’individu doit être sacrifiée.

Plus exactement, la question soulevée concerne l’acceptation ou non de la finalité du groupe, de la raison d’être de la communauté. Généralement, nous avons un personnage principal qui dénonce l’autorité de l’institution comme un abus de pouvoir.
Vol au-dessus d’un nid de coucous, American Beauty, Le Parrain sont des titres qui empruntent cette définition du genre.

Institutionalized

Blake Snyder insiste sur cette dénomination du genre en donnant l’exemple de M.A.S.H. de Ring Lardner, Jr. d’après le roman de Richard Hooker : Mash : A Novel About Three Army Doctors.

Pour lui, Suicide is Painless (le thème musical du film) n’est pas tant à propos de l’insanité de la guerre que sur la folie des hommes qui ont une mentalité de troupeau qui se laisse mener à l’abattoir.

Quelque soit l’uniforme que l’on porte (celui d’un soldat ou celui d’un costume de ville confortable), nous abandonnons qui nous sommes dans une certaine mesure.

La question soulevée par ce genre concerne notre engagement dans la communauté. Un engagement qui défie le sens commun même lorsque sa survie est en jeu.

Cette institution pose un dilemme : devons-nous la rejoindre ou rester en dehors ? Devons-nous sacrifier une part de notre libre-arbitre ?
Et de nombreux domaines sont concernés ce qui offre une belle variété de contextes : militaire, le monde des affaires, la famille (La famille Tenenbaum, par exemple).

Le problème de l’endoctrinement est aussi abordé dans le genre. On y trouve aussi toutes les histoires qui relèvent du film choral qui conte par exemple le destin de différents personnages.

Cependant, cet engagement, n’est-ce pas quelque chose que nous avons toujours fait. N’avons-nous toujours pas respecté les règles ?
Voir d’autres se battre contre les institutions comme il nous est arrivé de le faire (ou peut-être en étant à l’abri confortablement installé dans la fiction) est peut-être aussi ce qui rend ce genre si populaire.

Un nouveau venu

L’histoire est souvent contée sous le point de vue d’un nouvel arrivant dans le groupe.
C’est un personnage qui est introduit par quelqu’un qui a déjà une expérience du groupe. Comme dans American College de Harold Ramis, Douglas Kenney et Christopher Miller où Larry « Pinto » Kroger est introduit dans la fraternité des deltas.

L’intérêt de ce point de vue est qu’il intronise aussi le lecteur dans un monde dont il ignore tout. C’est à la fois l’initiation du personnage principal et du lecteur. Reste à se demander quels sont les avantages et inconvénients de rejoindre le groupe.

Depuis le siècle des Lumières, être un individu est un droit reconnu mais connaissant les périls qui nous guettent de se la jouer en solitaire, ce qui s’avère intéressant est d’un tout autre ordre.
Les histoires qui appartiennent au genre Institutionalized mettent en avant un personnage qui ne refusent pas les règles imposées mais qui sent au plus profond de lui qu’il doit opposer à ces règles une certaine résistance.

Ce genre pose une seule question en fin de compte qui consiste à se demander et à comprendre comment se sacrifier pour le groupe peut être une hypothèse folle.
N’est-ce pas ce que l’expression du visage de Randle P. McMurphy laisse deviner dans Vol au-dessus d’un nid de coucou ?

Le même message à travers toutes ces histoires mais racontées de façon très différente et plus ou moins émouvante.

Les règles du genre

Trois éléments dramatiques identifient le genre selon Blake Snyder :

  1. Un groupe, une communauté
  2. Un choix, un dilemme
  3. Un sacrifice
Le groupe

Il s’agit souvent de petites communautés avec leurs propres règles, leur propre éthique et leurs liens de loyauté spécifiques. Le genre nous permet alors de pénétrer intimement les rouages internes du groupe.
Les Aiguilleurs de Glen Charles et Les Charles, d’après l’article Something’s Got to Give de Darcy Frey, par exemple, qui explore le monde des contrôleurs aériens.

Le personnage principal est souvent un individu qui s’oppose au système (comme si cela était inscrit dans ses gènes) et qui en révèle les failles. Johnny Strabler dans L’Equipée Sauvage est une figure mythique du genre.

Et puis il y a aussi le naïf. C’est certainement le type de personnage avec lequel le lecteur s’identifie le mieux.
Un autre personnage que le genre utilise est l’automate engoncé dans le système tel le Colonel Jonathan Jessup (Des Hommes d’honneur) ou Mademoiselle Ratched de Vol au-dessus d’un nid de coucou.

Un choix

Le dilemme qui façonne la question dramatique est pour le personnage principal de prendre la décision de rester dans le groupe ou de le quitter.

Le genre institutionalized tel que le voit Blake Snyder correspond assez fidèlement à la notion de débat contradictoire tel que le conçoit John Truby. L’auteur ne doit pas prendre parti car il fait de la propagande sinon.
Mais il doit exposer de manière impartiale les arguments de ces personnages.

Ainsi, le dilemme du personnage principal apparaît après que les avantages et les désavantages de faire partie ou non du groupe ont été exposés.
L’histoire progressant, ce choix deviendra de plus en plus cornélien, de plus en plus difficile à comprendre et à accepter pour le héros.

Les règles du groupe et en particulier celles relatives à la loyauté seront mises en doute.
Ce questionnement concerne aussi bien le héros que le lecteur auquel s’adresse en fin de compte l’auteur.

 Un sacrifice

La décision se résume à céder au groupe notre individualité, à se sacrifier en quelque sorte.
Ou bien, à détruire ou déstabiliser l’institution par le refus d’adhérer à ses principes.

Quelque soit le dénouement, il s’agit souvent d’une mise en garde. Ce n’est pas tant que l’auteur cherche à nous prévenir des dangers d’intégrer la communauté. Il expose seulement les dangers d’y adhérer sans un examen attentif des règles.

L’auteur peut aussi faire passer le message que ce sacrifice équivaut à un suicide vu davantage d’ailleurs comme une libération, un affranchissement du système.
American Beauty et Vol au-dessus d’un nid de coucous sont de bons exemples.

En fait, la véritable question est de savoir si la société peut vraiment œuvrer pour le bien de tous. Nos intérêts personnels, notre bonheur passent-ils réellement par la communauté ?

Le genre Institutionalized décrit un morceau de vie de ceux qui croient en la liberté individuelle. Il met en avant que les droits des individus ne doivent pas être sacrifiés pour le bien de tous.
C’est un genre qui défie les règles.

Comment avez-vous trouvé cet article ?

Cliquez sur une étoile

Average rating 0 / 5. Vote count: 0

No votes so far! Be the first to rate this post.

Cet article vous a déplu ?

Dites-nous pourquoi ou partagez votre point de vue sur le forum. Merci

Le forum vous est ouvert pour toutes discussions à propos de cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.