DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (40)

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Examinons dans cet article la quatrième variation du type Mind : Subconscious.

Classe Mind
Type Subconscious

Dramatica

Pour les variations du type Memory :
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (37)

Pour les variations du type Conscious :
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (38)

Pour les variations du type Preconscious :
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (39)

Sommaire de tous les articles sur la théorie narrative Dramatica
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE

Pour une explication du type Subconscious :
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (31)

Closure

Cela consiste essentiellement à apporter une conclusion à quelque chose. C’est un besoin de ne pas laisser les choses en suspens. En fait, Closure peut être vu de deux façons. Soit il est une conclusion et ce qu’il s’est passé ne sera plus changé. Les souvenirs restent intacts. C’est une situation définitive. Il n’existe plus d’opportunités à ce qu’un souvenir soit altéré par de nouvelles informations ou qu’une situation soit ébranlée à la lumière de vérités nouvelles.
C’est une protection contre la déstabilisation, contre l’angoisse du vide.

Par ailleurs, Closure peut être vu comme une continuité. Il donne sens à la durée. La durée est alors partie prenante de l’existence d’un personnage ou d’un concept dans l’histoire. Pour Dramatica, c’est comme l’image de l’ouroboros, le serpent qui se mort la queue figurant un cycle continuel, se répétant à l’infini.

D’un point de vue structurel, Closure traduit que toutes les questions dramatiques sont résolues. Les personnages sont alors dans un état d’esprit tranquille car le problème de l’histoire est résolu. Les choses ont repris leur cours normal et le cycle peut reprendre. En quelque sorte, le travail est fait et il n’y a plus rien à attendre de l’intrigue.

Closure peut aussi exprimer la volonté de faire cesser un processus. C’est alors un refus de voir continuer les choses. Mais le résultat d’une telle volonté est incertain. Car cela peut effectivement porter ses fruits mais le processus n’est-il pas en fin de compte remplacé par un autre processus similaire ?
Et le cycle reprend. Et une nouvelle volonté émergera un jour ou l’autre qui viendra bousculer l’ordre établi.

Néanmoins, Closure peut aussi servir à démontrer qu’une relation est par essence déterminée d’avance. Considérons la relation qui peut exister entre l’opprimé et le persécuteur. Quelque que soit le problème immédiat de l’histoire, que l’auteur et l’autrice décident ou non de la liberté gagnée de l’opprimé et que ce denier cesse ses génuflexions, la relation entre un maître et un esclave est une relation qui ne peut changer.
Certaines choses ne peuvent pas changer et Closure pointe ces choses-là.

Et bien-sûr, il est tout à fait possible de décrire des relations tumultueuses dans le corps d’une comédie romantique et ces relations ne pourront être autrement quels que soient les événements de l’intrigue.
L’idée de Closure est que la relation est conçue comme cela et que rien ne pourra la faire changer.

Denial

Cette variation du type Subconscious de la classe Mind exprime le refus du renoncement. Renoncer serait de laisser filer les choses parce que l’on n’y peut rien (Closure). Denial, c’est ne pas accepter que les choses ne peuvent pas changer (même si elles ne peuvent réellement pas changées). Même si c’est perdu d’avance, il faut continuer à se battre, à dire non. En quelque sorte, on dénie aux choses le pouvoir qu’elles pourraient avoir sur nous.
Ce n’est cependant pas seulement une révolte. Il y a mille et une façons de dire non.

Il faut garder à l’esprit que les variations des types de chaque classe décrivent des questions thématiques. Ainsi le problème thématique pourrait opposer Denial et Closure.
Denial serait par exemple un personnage qui nie la réalité. Et Closure serait alors la réalité elle-même incarnée par un autre personnage. On pourrait alors imaginer que Denial consisterait en une transgression des limites qu’imposent la réalité (Closure).

Si les choses se referment sur elles-mêmes, elles vont emprisonner ce qui se trouve à l’intérieur. C’est un sentiment d’enfermement contre lequel s’élève Denial.
Un cycle qui se répète (Closure) peut heurter un individu et le pousser à vouloir briser le cercle. Imaginez un personnage, seul témoin d’une chose impensable, qui se retrouve isolé parce que de tous côtés qu’il se tourne, il ne rencontre que de l’incrédulité s’il n’est pas considéré comme un psychotique. Et comme nous sommes dans la fiction, il refusera de se laisser enfermer dans un asile. Il niera les hallucinations et rompra (Denial) avec ceux qui ne peuvent le croire (et surtout s’ils sont la majorité).

Denial peut s’appliquer dans beaucoup de situations. Imaginons un personnage qui après avoir vécu nombre de tribulations au travers de l’intrigue prend soudain conscience qu’il est revenu au point de départ. C’est un moment de crise majeure, une véritable descente aux enfers.
Et il sortira de ce cercle vicieux représenté par Closure. Denial est un acte de foi somme toute. Reprendre à zéro avec l’espoir que cette fois, nous pourrons prendre la décision qui nous sortira du cercle infernal, c’est aussi cela Denial.

On peut voir un certain entêtement dans cette variation, une volonté de ne pas succomber.

Hope

Littéralement espérance. C’est l’espoir d’un futur désiré si les choses se passent bien, évidemment. C’est une projection que l’on estime heureuse à partir du cours actuel des choses.

Hope dans la terminologie Dramatica est bien plus qu’un espoir qui peut laisser place au doute, cependant. C’est presque un fait certain, une anticipation teintée de certitude.
Si vous vous apprêtez pour une promenade et que le soleil darde ses rayons sur la forêt avoisinante, Hope décrit l’évidence que cette promenade qui n’a pas encore eue lieu sera cependant un moment très agréable. Par contre, s’il pleut depuis des jours, vous ne pouvez avoir l’espoir que les lourds nuages gris, même s’il ne semble pas qu’ils risquent de déverser leur eau dans l’immédiat, vous garantiront une promenade sans avoir à patauger dans la boue.

Dramatica précise qu’espérer les choses, ce n’est cependant pas s’attendre aux choses. Dans ce dernier cas, il n’y a pratiquement rien qui puisse empêcher la chose attendue de se produire.
L’espérance en une chose laisse la voie à la déception. Les choses pourraient bien ne pas se produire comme on espère qu’elles se fassent.

Hope traduit qu’une chose va se produire comme on espère qu’elle va se produire à moins que.. à moins que quelque chose n’interfère dans le processus. Il existe une part d’aléatoire dans l’espérance. C’est ce qui explique la différence avec Confidence.

Par ailleurs, l’aspiration qu’une chose se réalise dans le bon sens déterminera s’il s’agit vraiment d’un espoir ou seulement d’un rêve ou d’un fantasme.
Plus cette aspiration apparaît justifiée et plus l’espoir (Hope) sera fort. Dans le cas contraire, s’il n’y a pas assez de données pour soutenir l’espérance qu’une chose se réalise, nous sommes davantage dans le domaine du rêve ou du fantasme.

Et puis si un personnage est dans le rêve ou dans le fantasme et qu’il croit qu’il espère, rien ne permet de prouver que les choses s’avéreront vraies.

Dream

Dream consiste à désirer un futur qui ne se fonde sur aucune brique qui permettrait de le construire. C’est dire que le développement des choses risque d’être quelque peu imprévu.

Dream est le fait d’un personnage qui spécule sur un futur qui n’est certes pas impossible mais seulement improbable. Lorsque Martin Luther King a prononcé son discours I have a dream sur son rêve de liberté et d’égalité, ce discours était plein de Et si..
Si Cendrillon rêve de son prince charmant, c’est parce que ce n’est pas tout à fait inconcevable (Et si.. cela était possible ?). On peut gagner à la loterie (Dream) même si l’on a peu d’espoir. C’est là que se situe la différence entre Hope et Dream.

Avec Hope, nos expectations qu’une chose arrive sont probables à moins que quelque chose ne vienne faire obstacle. Mais avec Dream, il n’y a aucune limitation. Il n’existe aucune nécessité à ce qu’un rêve se réalise. Il faut simplement considérer que cela pourrait être possible.

Représentation imaginaire de désirs conscients ou inconscients, nos rêves et nos fantasmes sont des images qui n’ont aucune ambition à devenir réelles. Mais puisque nous les rêvons ou les fantasmons, nous les rendons possibles.

Dans les situations les plus difficiles, celles capables de nous abattre moralement, le rêve devient la lueur d’un futur meilleur. Nous n’anticipons pas le meilleur comme avec Hope. Les perspectives basées sur les données actuelles n’offrent aucun espoir d’améliorations. Nous ne pouvons que rêver à un monde meilleur.

Quelle dialectique pouvons-nous déduire de l’opposition entre Hope et Dream ?
Et si Hope était un concept suffisamment fort pour induire chez Dream l’action ? Si l’esclave qui rêve de sa liberté se soulevait contre ses maîtres, n’y aurait-il pas là un espoir certain de changer les choses ?

Le rêve n’est-il pas l’apanage des fous ? qui essaient des choses que d’autres méprisent. Nuançons cependant, car rêver, c’est du temps que l’on ne consacre pas à l’action.
On pourrait certes penser que le contemplation se suffit à elle-même.  Et trouver un équilibre entre le rêve et l’espoir n’est pas chose aisée. Il faut parfois faire l’effort d’essayer d’accomplir ses rêves.

La classe Mind

Nous avons vu que Dramatica considérait une histoire de la même façon que notre esprit lorsqu’il est face à un problème et qu’il essaie de le résoudre.

Cette résolution de problème consiste en questionnements, en approches, en méthodes.
Pour cette analogie, Dramatica nomme Story’s Mind notre esprit et Story’s Goal le problème que Story’s Mind se propose de résoudre.

Les efforts faits pour résoudre le problème de l’histoire peuvent être classés en quatre catégories. Chacune de ces catégories ou CLASSES reflète un domaine particulier où s’exercent les différentes activités dont la finalité est de résoudre un problème.

Les quatre classes qui expriment la mise en œuvre de l’effort pour résoudre un problème sont :

  • UNIVERSE
  • MIND
  • PHYSICS
  • PSYCHOLOGY

Ces classes cependant sont comme de grands coups de pinceau pour décrire le processus de résolution de problèmes. Dramatica a donc voulu affiner en théorisant pour chaque classe quatre TYPES de problèmes.

Concernant la Classe Mind, ces quatre types de problèmes sont :

  • MEMORY
  • CONSCIOUS
  • PRECONSCIOUS
  • SUBCONSCIOUS

Gardez à l’esprit que Dramatica est certes une théorie narrative mais que son intention est claire : elle vise la pratique. Les types de problèmes sont un niveau de détail qui appelle cependant à encore plus de précisions.
Ainsi pour chaque type de problèmes, Dramatica a déterminé quatre variations. Ces éléments appartiennent à la structure de l’histoire dans le sens où ils permettent son élaboration.

Élaborer une histoire est une notion importante et lorsqu’on pratique cette activité, on fait appel à un ou plusieurs thèmes qui permettront au lecteur/spectateur de se focaliser sur cette histoire particulière comme s’il n’existait plus rien d’autre (et en particulier la réalité).
Donc, les variations théorisées par Dramatica permettront d’expliciter le ou les thèmes développés par l’histoire.

Et pour les quatre types de problèmes de la classe Mind, les variations sont :

Pour le type MEMORY :
. Truth
. Falsehood
. Evidence
. Suspicion

Pour le type CONSCIOUS :
. Investigation
. Doubt
. Appraisal
. Reappraisal

Pour le type PRECONSCIOUS
. Value
. Worth
. Confidence
. Worry

Pour le type SUBCONSCIOUS (objet de cet article)
. Closure
. Denial
. Hope
. Dream

Dans un prochain article, nous examinerons les variations des types de problèmes de la classe Physics.

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