LA FONCTION DE PROTAGONISTE

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Les deux personnages qui incarnent les fonctions de protagoniste et d’antagoniste sont ceux par lesquels autrice et auteur devraient commencer la construction de leur récit. Ensuite, le récit sera peuplé d’autres personnages qui s’imposeront naturellement à lui.

Protagoniste & Personnage principal sont souvent confondus. En effet, la plupart des récits ont pour personnage principal un être qui assume la fonction de protagoniste. Parfois, le protagoniste et le personnage principal peuvent être deux individus différents. Considérez John Watson : il est celui par qui l’intrigue se déploie alors que Sherlock Holmes en est le personnage principal : au-delà de la qualité qui le rend unique, Holmes est le cœur du récit, celui pour lequel la destinée nous touche, en tant que lectrice et lecteur, plus intimement, plus authentiquement.

Une relation passionnelle

En tant que personnage principal, le lecteur/spectateur s’alignera sur ce protagoniste pendant toute la durée du récit, et l’histoire sera centrée sur son point de vue.

Néanmoins, cette relation émotionnelle entre le lecteur/spectateur & le personnage principal ne fait pas du personnage principal le personnage le plus important du récit car celui qui fait avancer l’intrigue par ses propres actions & décisions en est la force motrice et nécessaire. Le protagoniste n’est pas non plus systématiquement un héros ou une héroïne dans le sens où les décisions qu’ils prennent ne sont pas toujours les plus morales qu’il soit et le triomphe qu’il rencontre lors du dénouement peut être amer.

Maintenant, le protagoniste & personnage principal possède un système de valeurs (pris séparément, c’est aussi le cas). En tant que lectrice et lecteur, c’est précisément ce système de valeurs que nous reconnaissons et qui crée cet attachement singulier entre le lecteur/spectateur et le personnage.
Vous pourriez même avoir dans tel récit un personnage qui soit votre protagoniste et ensuite vous lancez dans l’écriture d’un autre récit où ce même personnage pourrait occuper la fonction d’antagoniste si vous le souhaitez.

Le monde du récit est un monde compliqué. La tâche du protagoniste est de nous guider dans ce labyrinthe. Il est notre point de repère. Et nous le voyons évoluer, devenir autre au cours du récit et s’il est aussi le personnage principal, nous éprouvons ce changement. Si, par exemple, la mort d’un être qui lui est cher est nécessaire pour qu’il grandisse, nous éprouverons alors le sentiment de perte avant même de comprendre qu’il a tiré de cette expérience une maturité qui orientera alors l’intrigue dans une autre direction.

L’anti-héros

Ce qui distingue le héros ou l’héroïne du anti-héros est le système de valeurs qu’ils portent en eux. Ces valeurs ne sont pas celles que nous chérissons (ou bien nous les acceptons difficilement) dans notre vie de tous les jours : la lâcheté, la cupidité, l’orgueil ou encore l’égoïsme.. la liste est diverse et variée.

Nous sommes donc tentés, en tant que lectrice et lecteur, de mépriser ce protagoniste. Mais nous le voyons changer au cours du récit ; nous le voyons lutter contre ses propres démons (une addiction, une croyance, quelque chose qui le fixe dans un état et dont il tente pourtant de briser les chaînes). Dans la plupart des cas, cet anti-héros connaît enfin ses erreurs.

Il existe aussi le héros tragique. Selon Aristote, il est celui qui attire le plus d’empathie du lecteur/spectateur. Le personnage principal serait, selon cette définition, par nature un héros ou une héroïne tragiques.
En effet, la plupart du temps le personnage principal est confronté à l’adversité. Il accumule les situations conflictuelles et va même jusqu’à connaître une crise profonde de laquelle il concevra une nouvelle force afin de jeter dans la bataille son dernier effort.

Le héros ou l’héroïne classiques incarne des qualités telles que la bravoure, la vertu et l’idéalisme face à un opposant. Cette opposition est le fait qu’il est difficile d’admettre chez autrui des valeurs qui ne coïncident pas avec nos propres valeurs. Ainsi s’organise dans un récit la relation entre protagoniste & antagoniste.
Car le protagoniste continue de se battre pour ce en quoi il croit ; il ne vacille pas dans son espoir et sa croyance en un monde meilleur même si celui-ci est empli de pessimisme et de cruauté.

Ce sont donc deux jeux de valeurs qui animent le protagoniste et l’antagoniste. Lorsque les valeurs du protagoniste gênent d’une façon ou d’une autre celles d’un autre personnage, celui-ci devient antagoniste et répond à son tour en tentant de faire échouer la mission que s’est fixé le protagoniste.

Écrire le protagoniste

Écrire un protagoniste consiste d’abord à établir sa représentation des choses, son système de croyances et ce qui le motive. Si vous comprenez pourquoi votre protagoniste croit en ce qu’il fait, vous pouvez commencer à étayer certains traits de caractère fondamentaux. Ceux-ci définiront comment votre protagoniste agira sous la pression.
Car, comme dans la vie réelle, c’est sous la pression des événements que nous nous révélons à nous-mêmes. Essayez de rédiger une liste de moments où les traits de caractères de votre personnage l’ont poussé à se comporter de cette manière parmi tous les possibles.

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2 thoughts on “LA FONCTION DE PROTAGONISTE

  1. Le fin du fin de la scandaleuse sournoiserie scénaristique étant de présenter au spectateur un protagoniste apparent qui se révèle au début de l’acte II, juste après le premier noeud dramatique de basculement, être le véritable antagoniste ; celui-ci cherchant alors dans le premier tiers du 2° acte sa cible protagonique parmi quelques autres personnages (qui ne savent donc pas encore que l’un d’eux sera le protagoniste et ne l’apprennent qu’au premier « pinch point », quand l’antgoniste commence à titiller sérieusement). Croyant assister à un acte I d’exposition du protagoniste, auquel il s ‘est donc attaché par empathie (en se fiant aux canons rituels du scénario), le spectateur découvre avec horreur qu’il s’est en fait « amouraché » de l’antagoniste que le scénariste a su rendre sympathique au point de rendre « furtif » et indétectable son statut antagonique. Malaise assuré dans la salle ou dans le bureau du prod pendant le pitch… (si bien entendu tel est le but très précis du scénariste compte tenu de la structure du scénario : sinon, c’est risqué de jouer avec le feu vu que les prods et les spectateurs sont pires que Truby et la Fémis réunis, de foutus conservateurs). Quoi qu’il en soit, mon cher Williams, j’estime en toute honnêteté que votre site devrait être interdit aux moins de 18 ans car il incite à la perversion mentale^^.

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