PETIT PROPOS SUR LA SCÈNE

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Qu’est-ce qu’une scène ?

Pour Robert McKee, la plupart des scènes représentent une action particulière au sein d’une situation conflictuelle dans un temps et un espace plus ou moins continu qui agit sur une des valeurs significatives qui conditionnent la vie d’un personnage.

Puisqu’une fiction s’adresse à une lectrice ou à un lecteur, les valeurs qui déterminent un personnage seront perceptibles. Ce sont les Story Values, c’est-à-dire des valeurs chargées positivement ou négativement : être heureux ou malheureux, être en vie ou mort (physiquement ou spirituellement), réussir ou échouer.. sont de telles valeurs qui se manifestent à la surface.

Chaque scène est donc un événement de l’histoire qui crée un changement significatif dans la situation de vie d’un personnage qui s’exprime en termes de valeur et réalisé par le biais d’un conflit. Néanmoins, ce serait une erreur de comprendre cette définition comme la définition d’une scène : elle est un possible parmi d’autres.

Pour Linda J. Cowgill, une scène est une unité d’action (unité de temps et de lieu), c’est-à-dire un événement singulier ou un échange particulier entre des personnages et qui s’inscrit dans un mouvement vers l’avant (une succession de scènes) qui mène vers le dénouement (précédé de l’ultime climax, la scène qui donne la réponse à la question dramatique posée dès le début et qu’on peut réduire par souci de clarté à : Est-ce que le héros ou l’héroïne réussiront ce qu’ils ont entrepris ?).

Le mouvement

Aussi important qu’il soit, le mouvement n’est pas inhérent à toutes les scènes. Chaque scène a une finalité : elle peut être conçu pour provoquer une réaction ou une identification émotionnelles ; elle peut être de pure action et l’intention de l’auteur ou de l’autrice est alors de provoquer une réaction viscérale chez son lecteur/spectateur ; ou bien la scène permet de situer l’action car donner aux lectrices et aux lecteurs une idée précise du lieu et du moment où se déroulent les événements permet d’ancrer l’action et le dialogue.

Lorsqu’un lecteur/spectateur est capable de se représenter clairement l’environnement, l’histoire est plus immersive. La signification est plus souvent répartie sur plusieurs scènes, et, en fait, le point culminant ou l’impact d’une scène peuvent être délibérément suspendus pour laisser le lecteur/spectateur dans l’expectative.

Donc une scène peut appartenir à une séquence, c’est-à-dire à une série de scènes toutes connectées par la même idée. On peut considérer la séquence comme un segment (des segments diégétiques pour reprendre l’expression de Gérard Genette) qui peut s’analyser séparément mais n’a véritablement de sens que dans le tout.

Ce qui est très intéressant avec la séquence, c’est que les scènes qui la constituent peuvent être ordonnées différemment de l’ordre chronologique. Ce n’est pas le chaos. L’ordre différent participe à la signification et à l’interprétation du texte.

D’ailleurs, il sera plus facile de nommer une séquence qu’une scène particulière. Une séquence serait celle de la rencontre, par exemple, et se composerait de quelques scènes :

  • Une voiture roule par une nuit humide sur une route sinueuse
  • Soudain, un des pneus éclate
  • Après avoir immobilisé le véhicule, un homme en sort dépité
  • Des phares surgissent à l’horizon et une voiture s’arrête à la hauteur de l’homme, la fenêtre de la portière s’ouvre.

Vous le constatez, chacune de ces scènes sont des actions. Elles sont mues par une logique : un événement en entraînant un autre. Mais pour rajouter de la tension dramatique, l’histoire peut être contée différemment : par exemple, la séquence pourrait débuter par les phares surgissant à l’horizon. Ensuite, un autre segment pourrait présenter une autre scène. Celle par exemple de l’homme dépité se confessant dans un confessionnal sans prêtre.

L’accroche

Le réarrangement des choses dans l’histoire (et surtout dans le prologue) permet d’accrocher la lectrice et le lecteur. Certainement il y aura un incident déclencheur, un événement singulier qui fait que quelque chose de nouveau se passe dans la vie du héros ou de l’héroïne.

Mais cet événement appartient déjà à une séquence et pourrait même avoir eu lieu avant le début de l’histoire qui pourrait, par exemple, contée comment une jeune fille gère le fait qu’elle attend un enfant (la conception de l’enfant a eu lieu avant le début de l’histoire et elle en est l’incident déclencheur).

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