STRUCTURE & ARC DRAMATIQUE

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L’arc dramatique d’un personnage a tout à voir avec son monde intérieur, le monde subjectif, le monde des émotions. On comprend bien mieux ce qu’il se passe dans une histoire lorsque nous la percevons par les yeux des personnages, c’est-à-dire selon leur propre perspective et système de valeurs.
Mieux encore, nous nous engageons aux côtés d’un personnage lorsque nous le côtoyons sur le plan émotionnel.

Ce qui est intéressant avec un arc dramatique, c’est qu’il concerne l’intériorité d’un personnage qui est tout à fait autonome et indépendante de ce qu’il se passe dans l’intrigue. Le désir (qui se concrétise dans l’intrigue) et le besoin (qui ampute en quelque sorte le personnage) sont deux notions différentes.

Certes, le besoin est mis en lumière parce que les événements de l’intrigue sont autant d’excitations qui, à force de prises de conscience, permettent à un personnage de devenir autre d’ici la fin du récit.
D’être les témoins de cette transformation est ce qui fascine lectrices et lecteurs.

Le dilemme

Fournir deux options opposées au personnage principal et entre lesquelles il doit choisir constitue l’aspect émotionnel de ce personnage.

Cet aspect apparaît dans la prémisse du récit, ne serait-ce qu’en filigrane. Par exemple dans Seul au monde, une prémisse possible serait : Un cadre de FedEx doit se transformer physiquement et émotionnellement pour survivre à un atterrissage en catastrophe sur une île déserte. Dans cet exemple, nous comprenons rapidement qu’il y a un accident – cet événement initial lance l’action.
Nous comprenons également que le personnage principal est un cadre de FedEx, ce qui nous donne l’idée qu’il n’est pas un héros typique et qu’il n’a peut-être pas une grande capacité de survie. Il y a donc plus de possibilités de transformation du personnage et l’affirmation selon laquelle il doit se transformer physiquement et émotionnellement pour survivre au crash nous donne un aperçu de l’issue.

Concernant Carrie, nous pourrions énoncer cette prémisse : Une jeune fille doit apprendre à faire face au choc de la féminité ainsi qu’à l’arrivée de pouvoirs dangereux et surnaturels. L’événement initial est le moment où l’on devient une femme ; dans ce cas, il est amplifié par l’arrivée d’un pouvoir surnaturel.
Nous avons ici le sentiment que le personnage principal est une jeune fille qui n’est pas préparée à ses propres changements physiques. L’aperçu de l’issue vient de la mention du pouvoir surnaturel qui s’avère être un danger.

Ainsi, la notion de dilemme peut se définir entre la sécurité d’un côté et la nécessité de l’autre ; D’un côté, un habitus et de l’autre l’inconnu. Ce qui importe est que ce dilemme soit affirmé dès le premier acte. Il pourrait s’ensuivre que le moment du passage dans l’acte Deux soit une impasse nécessitant un choix qui établirait une progression claire vers ce deuxième acte.

Les moments de l’acte Un

On n’y échappe pas. Dans un récit, il y a une dynamique (dit autrement un mouvement) et pour que cette force se déploie tout au long du récit, il lui faut une structure pour lui éviter de sombrer dans le néant.
Conter une histoire est assez simple en apparence : tout ce dont on a besoin, c’est d’une histoire qui commence par un problème qui survient dans la vie d’un protagoniste, qui s’intensifie et se complique jusqu’à atteindre une crise, et qui se termine par un climax et une résolution. Cela semble simple, mais c’est loin de l’être. C’est pourquoi les scénaristes et les auteurs dramatiques ont mis au point des méthodologies pour décomposer le processus en fragments plus faciles à gérer.

Une structure est donc utile ne serait-ce que pour rendre le texte intelligible au plus grand nombre.
Il nous faut donc de la cohérence. Ou dit autrement poser les éléments dramatiques qui assurent la cohésion de l’ensemble, chaque élément autonome participant au sens dans ses rapports aux autres éléments.

Ce qui importe est la relation qui existe entre les éléments, non les éléments eux-mêmes.

L’acte Un met donc en place l’histoire. On distingue habituellement deux séquences dans cet acte. La première est surtout descriptive à la fois de qui est le personnage principal et du monde dans lequel il vit.

C’est ce qu’on nomme le monde ordinaire (Ordinary World) jusqu’au moment où un événement (incident déclencheur ou Catalyst selon les auteurs & autrices) marque la fin de cette première séquence.
Quelque chose de nouveau se produit dans la vie du personnage principal. Ce Catalyst est le moment où le protagoniste est confronté pour la première fois au problème majeur ou à l’opportunité qui deviendra le conflit central de l’histoire. Un messager incite le protagoniste à agir et à changer son monde à jamais. Ce messager se présente sous bien des formes : un individu, des circonstances, un événement, une situation.

Robert McKee affirme même que cet incident déclencheur a la singulière particularité de bouleverser radicalement, c’est-à-dire sans concession, l’équilibre des forces chez le personnage principal. En effet, comme dans nos vies, un personnage fictif, qui possède sa propre réalité, n’en est pas moins constitué d’habitudes de vie, de routines, d’une accumulation d’expériences (c’est-à-dire un vécu) et cette manière d’être, d’agir et de penser est alors remise en question, parfois par quelque chose de mineur : ce peut être surprendre son partenaire de vie au lit avec un ou une autre ou bien apercevoir quelqu’un qui rappelle vaguement une ancienne connaissance et cela soulève de lourdes réminiscences ou bien encore, quelqu’un qui cogne à votre porte..

La deuxième séquence de l’acte 1 traite généralement des conséquences du Catalyst. Notre héros ou notre héroïne peuvent hésiter à agir (c’est d’ailleurs souvent le cas car, je l’avoue, l’acceptation systématique n’est pas très dramatique en soi), prendre conseil auprès d’un mentor (notons que le mentor, qui est un archétype, peut être aussi le messager et le conseiller), ou être contraints à l’action par un ou plusieurs autres événements avant de finalement répondre au défi (ce dernier point est soutenu par Syd Field avec sa notion des deux événements : le second événement est celui qui précipite la décision de l’héroïne ou du héros à s’engager dans l’aventure à venir).

L’engagement

Cette décision de prendre à bras-le-corps une difficulté constitue le passage dans l’acte Deux. Le personnage principal résout un dilemme en se fixant un objectif. Pour Joseph Campbell, il s’agit de franchir le seuil (Crossing the threshold) : c’est ainsi que le personnage principal commence son processus d’évolution, son arc dramatique, qui possède sa propre ligne dramatique.

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