Au cœur du récit, il y a le personnage principal. Cependant, il y a un second personnage qui retient aussi l’attention. Ce personnage est celui qui a le plus d’influence sur le personnage principal. On comprend mieux une situation ou une idée lorsque nous observons deux personnages interagir.
Encore faut-il que l’un des deux est l’oreille de l’autre afin que cet autre puisse reconsidérer ses pensées et prendre les décisions qui s’imposent même si celles-ci s’avéreront plus tard catastrophiques.
Pour rompre le silence d’un personnage, il lui faut quelqu’un qui occupe ses pensées car même sans la présence de cet autre, son influence se fera toujours sentir. Nos actes en disent long sur nous-mêmes. Souvent, ce qui les motive nous ramène à une figure, qu’elle soit parentale, celle d’un mentor ou encore un amour perdu, retrouvé ou actuel. Il y a toujours quelqu’un dans nos vies pour nous rappeler qui nous sommes.
Nos personnages fictifs n’y échappent pas.
Un éclairage singulier
Lorsque le personnage principal interagit avec les autres personnages, nous recueillons de nouvelles informations le concernant.
Le personnage qui influe le plus sur le personnage principal occupe n’importe quelle fonction ou archétype selon les exigences du récit : il peut être un allié, un mentor, le Love Interest, un membre de sa famille ou un substitut de celle-ci ou bien un personnage que le personnage principal prend sous sa protection.
Le personnage influant peut être connu du protagoniste dès le début du récit ou bien le personnage principal le rencontrera au cours de ses pérégrinations. Quelle que soit sa relation avec le protagoniste, le personnage qui a sur lui une vraie influence peut remplir un certain nombre de tâches :
- il aidera le héros ou l’héroïne à surmonter leur défaut majeur, cette faiblesse dans leur personnalité qui les rend si vulnérables,
- il peut aider le personnage principal dans la poursuite de l’objectif que celui-ci s’est fixé,
- et surtout, cela permet de décrire entre le personnage principal et ce personnage si important dans la vie de l’héroïne et du héros, une relation qui évolue.
Il est important que l’héroïne ou le héros et le personnage qui les influence le plus soient souvent ensemble, surtout dans le cours de l’acte Deux, l’espace de l’intrigue, car la durée de l’acte Deux joue en la faveur de cette relation qui perdure et qui sera menée à son terme.
Dans cette interaction, l’Influence Character participera grandement à la prise de conscience par le héros ou l’héroïne du défaut majeur de leur personnalité c’est-à-dire ce défaut comme un manque ou besoin à combler, un trauma peut-être qui les fait encore atrocement souffrir ; quelque chose qui blesse le personnage principal et qui le contraint à tel point que cela lui barre son désir de triompher de l’adversité ou lui façonne une volonté qui joue contre lui.
L’influence n’est pas toujours positive car le simple fait de penser qu’elle est positive prouve qu’elle pourrait être aussi négative. Et, en effet, celui ou celle qui influence pourrait être partial dans ses conseils et ne pas guider le personnage principal vers une meilleure destinée.
Un miroir
Pour juger de nos propres actions, il nous faut poser devant nous les passions et motifs qui les ont causées. Mais nous ne pouvons pas projeter ce qui est idéel et l’observer concrètement comme un objet. Ce que nous ressentons, ce sont les sentiments d’autrui qui jugent nos actions. C’est dans ce regard et cette attitude d’autrui que nous reconnaissons l’approbation ou l’improbation sur nos actes. Parmi tous ces regards et toutes ces attitudes, seuls nous importent ceux qui émanent de celui ou celle qui a une place privilégiée dans notre cœur.
L’Influence Character, que l’on désigne ainsi parce qu’il représente pour le personnage principal un être dont il a incessamment besoin (si ce n’est physique, il est toujours dans son esprit comme une ombre bénéfique), est cet étrange miroir qui nous renvoie nos défauts.
Ce que nous voyons en cet Influence Character, c’est nous-mêmes sous notre jour le moins favorable. Cela peut nous aider (et aider le personnage principal) à dépasser ce que nous pensions bon pour nous mais qui ne l’était pas (quel que soit le point de vue : physique, spirituel ou moral).
L’Influence Character peut le faire consciemment ou non – ce qui signifie qu’il peut soit s’attaquer directement au défaut du protagoniste en le dénonçant d’une manière ou d’une autre, soit affecter le protagoniste simplement en étant présent et en montrant une manière différente de se comporter (c’est d’ailleurs la définition qu’en donne la théorie et pratique narrative Dramatica).
Pour faciliter la différence de philosophie (également décrite comme un conflit dramatique) entre ces deux personnages, il est habituel de donner au personnage qui influe le trait de caractère opposé au défaut du protagoniste. Les choses ne sont pas singulières mais duelles et plurielles.
Indirectement, néanmoins, l’Influence Character aide le personnage principal à compléter son objectif qui est un désir pour celui-ci mais de moindre importance que son besoin. Cependant, cela renforce la position de l’Influence Character auprès du personnage principal comme s’il nous fallait, en tant que lectrices et lecteurs, justifier davantage la présence de ce personnage qui a une si grande influence sur notre héros et notre héroïne.
Est-ce que nous dénions au personnage principal le fait qu’il puisse faire les choses de lui-même, par ses propres moyens ?
Une relation évolutive
Observer comment une relation évolue dans le temps est assez fascinant autant dans la vie réelle que dans la fiction. Qu’elle soit un modèle à suivre ou non, nous sommes toujours curieux d’une relation. Nous aimons voir comment les choses évoluent entre deux personnes, compte tenu de ce qu’elles sont et des circonstances dans lesquelles elles se trouvent.
L’ essence d’une relation est le conflit ; c’est en quelque sorte dans l’opposition que l’on s’affirme. Et le conflit est lui-même l’essence du récit. La relation entre le protagoniste et l’Influence Character change généralement au cours de l’histoire. Cela permet de river l’attention du lecteur/spectateur sur ce qu’il se passe entre eux, de créer diverses occasions de montrer les traits de caractère des personnages et de structurer les différents points de l’intrigue.
Dit autrement, leur relation peut grandement affecter la structure du récit. Il est donc important de s’assurer que cette relation se développe d’une manière ou d’une autre au cours de l’aventure. Si les événements relationnels se déroulent trop rapidement ou trop lentement entre les deux personnages, le lecteur et la lectrice risquent de s’y perdre et d’être rejetés du récit.
Vous donner le plus d’informations possibles est notre credo. Aidez-nous à persévérer à vos côtés par vos dons. Merci
Bonjour Scenarmag, il est bien aussi (et au mieux, parfois) que le personnage influençant le plus notre personnage principal, le protagoniste, personnifie sa conscience (dans le but inavoué de mieux l’exprimer).
Son Jiminy cricket à lui tout seul, en quelque sorte mais très certainement 🙂 !!!
Son antagonisme possible relèverait alors plus exclusivement d’un conflit interne du protagoniste, aboutissant à force à une réconciliation transformatrice sinon libératrice.
Il y a que l’âme, l’ego, le mental et la conscience ne font pas toujours bon ménage mais voilà, dans la vie, tout se sent appelé à évoluer, à se hisser.
(Toute allusion notamment à Mark Burns dans un certain film de référence perso de jeunesse, ne serait que pure coïncidence ne s’expliquant volontiers que par de la mauvaise foi 😉 …).