DÉBUTER SON RÉCIT

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L’acte Deux est certainement difficile à écrire mais il semble que les cinq premières pages ne le sont pas moins. Elles pourraient même vous amener à reconsidérer votre aptitude à écrire.

Ces cinq premières pages sont cruciales car nous ne disposons que d’une toute petite fenêtre pour capter l’attention du lecteur/spectateur et lui donner l’envie de découvrir comment l’histoire continue et comment elle se termine. Et si nous n’attirons pas leur attention dans ces 5 premières pages, ils ne continueront probablement pas à lire le reste de l’histoire.

Le contexte

La définition du contexte est le cadre dans lequel se situe une œuvre. Le contexte donne du sens et de la clarté au message que tente de faire passer auteurs & autrices. Les indications contextuelles dans une œuvre littéraire créent une relation entre l’auteur et le lecteur, permettant une compréhension plus profonde de l’intention et de la direction de l’écriture.
Le contexte littéraire est une information de base ou des circonstances que vous fournissez pour expliquer pourquoi quelque chose se passe ; le contexte peut également être le passé d’un personnage qui informe alors sur son comportement et sa personnalité.

Il existe de nombreux types de contexte en fiction qui peuvent permettre au lecteur/spectateur de mieux comprendre le contenu dramatique. Le contexte historique consistant à préciser l’époque et les événements qui s’y déroulent peut éclairer l’atmosphère générale de l’époque (tout comme l’historiographie), en donnant le ton de votre texte et en permettant de comprendre la société de l’époque.

Le contexte historique peut éclairer l’atmosphère pour votre lecteur/spectateur, en lui donnant un aperçu de la façon dont on se sentait et se comportait à cette période de l’histoire, sur les styles vestimentaires de l’époque, ou même du choix de mots spécifiques (comme l’argot) qui étaient alors utilisés.

Les croyances, la religion, les rites amoureux, l’alimentation et les tenues vestimentaires.. de nombreux marqueurs sont significatifs du contexte culturel qu’il faut parfois fournir pour bien comprendre un récit. Par exemple, si une communauté donnée joue un rôle majeur dans un récit, alors il faudra donner dans les cinq premières pages suffisamment d’informations au lecteur et à la lectrice afin de les rendre moins étrangers vis-à-vis de cette communauté, qu’ils en comprennent les traditions et les croyances.

Si vous ne parvenez pas à exprimer les craintes ou les attentes inhérentes à la culture sur laquelle vous écrivez, vous créez un fossé avec les personnes qui ne sont pas familières avec cette culture. Vous créez un fossé entre le lecteur et l’auteur et vous risquez de perdre ce lecteur.

Le contexte situationnel (expression un peu compliquée) est la raison pour laquelle quelque chose se produit en fonction de l’événement lui-même. Par exemple, une personne lors d’un premier rendez-vous peut être plus nerveuse que lorsqu’elle sort avec un ami, ou une famille peut se montrer plus agressive les uns envers les autres lorsqu’elle joue à un jeu de société que lorsqu’elle a un désaccord légitime.
Grâce au contexte situationnel, lecteurs & lectrices sont en mesure de comprendre comment les circonstances d’un événement affectent les personnes impliquées.

Distribuer l’information dès les 5 premières pages

Parfois, les auteurs pensent qu’il est préférable de ne pas divulguer des informations importantes afin de manipuler le lecteur ou la lectrice ou de les rendre curieux de ce qu’il pourrait se passer ensuite. Mais dans la plupart des cas, cela n’a pas l’effet escompté.

Lorsque vous omettez délibérément un contexte important, les lecteurs finissent presque toujours par se sentir perdus et confus. C’est précisément l’information que vous voulez laisser de côté qui pourrait attirer le lecteur dans l’histoire et lui donner l’envie d’en savoir plus ; si seulement il a ce contexte sur la page.

Le protagoniste

Le personnage principal sera introduit assez tôt dans le récit. Lorsque les lecteurs et les lectrices prennent un livre, ils cherchent naturellement à s’attacher à quelqu’un. Ils veulent savoir à qui appartient l’histoire, pourquoi les choses comptent pour cette personne et pourquoi ils devraient s’y intéresser.

Ainsi, si vous présentez votre protagoniste trop tard, cela empêchera le lecteur/spectateur de s’impliquer dans votre histoire. Et si vous présentez d’abord quelqu’un qui n’est pas votre protagoniste, les lecteurs supposeront probablement que ce personnage est votre protagoniste. Seule la séquence d’ouverture (une sorte de paragraphe préliminaire) traditionnellement n’expose pas le personnage principal.

Un autre problème est d’exposer les choses de manière objective, faisant de votre lecteur/spectateur un observateur de ce qu’il se passe plutôt que de l’impliquer dans ce qu’il se passe. Il est important d’expliquer les situations ; pourquoi les choses sont-elles ainsi ?

Vous pointez ainsi sur des significations, c’est-à-dire des interprétations possibles chez votre lecteur & votre lectrice. Pour signifier, c’est-à-dire qu’il émane du personnage quelque chose dont le lecteur et la lectrice pourront se saisir, le personnage devrait être actif plutôt que passif. Il faut qu’il ait un objectif qu’il soit obstinément déterminé à poursuivre et qu’il ait le sentiment d’agir sur ses décisions.

C’est alors qu’un incident déclencheur se manifeste afin de justifier pourquoi le personnage principal se sent soudain contraint (avec une résistance néanmoins) d’agir. Un équilibre cependant devra être trouvé entre l’incident déclencheur et le contexte.
On a besoin de connaître des choses mais pas toutes les choses. En fait, inonder la lectrice ou le lecteur d’informations est l’une des pires choses que vous puissiez faire dans vos premières pages. En effet, lorsque vous déversez un tas d’informations sur le lecteur en une seule fois, il ne se passe rien en réalité. Au lieu de cela, c’est juste un tas d’informations et ce n’est pas suffisant pour piquer l’intérêt du lecteur/spectateur et l’attirer dans l’histoire.

Une approche possible est d’intégrer des éléments du passé ou de construction du monde dans le récit lorsqu’ils sont pertinents par rapport à ce qu’il s’y passe au moment présent.

Un enjeu

Quand un auteur n’est pas sûr de ce que veut son protagoniste, ou de ce qu’il représente, si vous ignorez ce que veut votre protagoniste, ou ce qu’il risque de perdre ou de gagner en poursuivant cette chose qu’il désire, alors il sera très difficile d’écrire sur lui.

Si votre personnage principal n’a aucun enjeu – et s’il ne doit pas prendre de décisions en fonction de ce qu’il veut et de ce qui est en jeu – votre projet finira par ressembler à une collection d’événements aléatoires plutôt qu’à une histoire cohérente qui se déploie de manière logique ; un effet ou une conséquence deviennent eux-mêmes les causes d’autres faits.

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