SCÉNARIO : HALLOWEEN

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scénarioLe scénario de Halloween (Halloween : La Nuit des Masques) de Debra Hill et John Carpenter possède une prémisse (et d’ailleurs une intrigue) qui peuvent se résumer à Les meurtres des Babysitters.

The Babysitter Murders était en fait le premier titre retenu de ce scénario. Quelques amies qui font du babysiting sont traquées et assassinées par un fou masqué. Il ne s’agit pas d’une histoire compliquée ; il n’y a pas beaucoup de possibilités à cet égard. La clé ici est la simplicité.

Si Halloween résonne d’un point de vue narratif, c’est parce que ses personnages et ses lieux sont attachants. Cela et son monstre.
Le scénario sert de terrain de jeu pour explorer des personnages et leur permettre d’interagir. Ils ne grandissent pas vraiment de cette aventure ou ne suivent pas un arc dramatique comme on en a l’habitude d’en voir avec un personnage principal au cours du film ; au contraire, nous apprenons à les connaître lorsqu’ils se confrontent les uns aux autres.

Les dialogues de Debra Hill

Si les personnages sont aussi attachants, c’est grâce aussi aux contributions de Debra Hill sur l’élaboration des dialogues. C’est en grande partie la raison pour laquelle le scénario se distingue de ses futurs descendants et clones. Alors que le genre slasher est généralement rempli de personnages se conformant à des stéréotypes, comme si les auteurs piochaient dans une liste à cocher, le groupe d’amies dans Halloween (Laurie, Annie et Lynda) sont des adolescentes ordinaires.

Elles interagissent entre elles comme le fait un vrai groupe d’amies, racontant des blagues qui n’intéressent que le groupe. Elles se moquent les unes des autres, mais elles font également preuve de compassion les unes envers les autres. Lorsque Annie se moque de Laurie pour son manque d’expérience en matière de relations amoureuses, en voyant sa réaction, elle éprouve immédiatement peut-être un peu de remords mais surtout elle comprend Laurie et prodigue aussitôt des conseils.

Associés au cadre suburbain, ces personnages existent comme des avatars pour le lecteur/spectateur. Même si Haddonfield est un lieu fictif, les maisons et les rues ressemblent à celles de tout le monde (du moins aux Etats-Unis).
Ce qui importe, c’est un principe souvent répété de l’infraction d’un lieu privé, d’un chez soi où l’on se sait en sécurité. On a l’impression que ce franchissement d’un seuil sacré pourrait arriver à n’importe qui.

Annie, et dans une plus large mesure Lynda, ne bénéficient pas d’une caractérisation riche. Elles servent cependant un dessein plus important que celui de servir de chair au monstre du film ; elles existent pour soutenir et étoffer le personnage de Laurie.

Le personnage principal : Laurie

Laurie est un personnage qui fait appel aux insécurités de tout un chacun. Elle est timide, un peu maladroite, polie, intelligente mais pas hautaine, et surtout : sympathique. En fin de compte, Laurie est la quintessence de la Final Girl (celle qui survit).

Bien qu’elle excelle dans le rôle de girl scout, surnom qui lui a été donné par Annie, elle convoite en fait le style de vie de ses amies. Annie et Lynda se moquent de leurs études pour courir après les garçons et s’amuser, tandis que Laurie est obligée de faire deux fois le travail de baby-sitter pour que ses amies puissent… s’éclater.

Cela ne passe pas inaperçu pour Annie. Même si c’est elle qui profite de l’arrangement, elle essaie quand même de pousser Laurie à être plus extravertie et, au cours de l’histoire, elle lui arrange même un rendez-vous avec son amoureux du moment. La réaction de Laurie, bien sûr, est l’embarras et la peur.

Laurie aspire aux expériences que vivent ses amies, mais lorsqu’on la pousse à les vivre, elle reste une girl scout. La sexualité refoulée de Laurie et son rejet d’une activité sexuelle sont des traits de caractère qui reviennent tout au long du scénario, au sens figuré et métaphorique.

À son insu, malgré ses difficultés à trouver l’amour, elle a en fait déjà un prétendant. Lors de la présentation de son personnage, Laurie ne rêve probablement pas à autre chose qu’à une histoire d’amour alors qu’elle se rend à l’école en chantant I Wish I Had You All Alone, mais cela va bientôt changer.

Pour Michael Myers, qui se tient derrière elle et la regarde déambuler en toute insouciance, c’est le coup de foudre.

Michael Myers : l’Influence Character

Michael Myers est une image vide, ce qui correspond à son visage, et en tant que tel, aucune explication n’est donnée quant à la raison pour laquelle il fait ce qu’il fait. La moindre indication ne peut être tirée que directement de ses actions sur la page et l’écran, mais même dans ce cas, il s’agit toujours de conjectures.

scénarioParmi celles-ci, des années avant que la série ne transforme la motivation première de son monstre en une affaire de famille, ce qui motive Michael Myers dans Halloween de John Carpenter est un engouement causé par le destin et le hasard. C’est le destin qui fait que Michael s’échappe du sanatorium de Smith’s Grove et retourne à Haddonfield presque quinze ans jour pour jour après avoir assassiné sa sœur aînée dans la maison de son enfance, le hasard qui fait qu’il choisit Laurie après qu’elle soit passée devant cette même maison, et la destinée qui fait qu’ils se rencontreront inévitablement par la suite.

Son entichement n’est pas commun, bien sûr ; il est plutôt de nature plus perverse et violente. Michael est un peu fourbe, et il ne veut tout simplement pas la tuer ; il aurait pu le faire à tout moment.

Il doit jouer avec elle, l’effrayer et lui faire perdre pied avant de la tuer. De nombreux critiques et analystes ont affirmé que Halloween devait être considéré comme un conte moral pour les adolescents, dans lequel sont soulignés les dangers de la consommation de drogues ou d’alcool. Il s’agit d’un trope qui est devenu synonyme du genre slasher, en particulier depuis la série des Vendredi 13.

Cela ne s’applique pas exactement dans ce cas, du moins pas complètement. La majorité des victimes de Michael participent à l’une ou l’autre de ces activités, mais Laurie aussi. En fait, Laurie commet exactement le même péché qu’Annie à cet égard en fumant toutes deux un joint.

Annie et Lynda sont des victimes satellites à cause de leur lien avec Laurie. Cela ne veut pas dire que Michael n’éprouve aucun plaisir à les voir mourir. C’est évident lorsqu’on compare son comportement et ses manières (respiration lourde et prolongation de l’événement) dans leurs scènes de mort respective à ceux de Bob, qui est un mâle et qui a été tué rapidement.

Cependant, Laurie est différente pour lui par rapport à ses amis. La raison en est qu’elle est peut-être une représentation de Michael qui mêle Laurie et la sœur assassinée, ou peut-être est-elle la face lumineuse de l’âme obscure de Michael ou peut-être aussi une combinaison des deux.

En effet, la raison n’est pas claire, et elle n’a pas besoin de l’être ; l’important est qu’il la considère comme spéciale. Pour illustrer encore plus ce propos, et au risque de me tromper… la passion de Michael est telle qu’il crée une maison hantée dans laquelle Laurie peut s’aventurer, avec les cadavres de ses amis comme spectacle.
Le couteau est maintenant destiné à Laurie. Ce lien freudien est aussi symbolisé lorsque Laurie jette le couteau à plusieurs reprises après avoir cru que Michael est mort. Bien sûr qu’elle rejetterait Michael parce que c’est précisément ce qu’est Laurie.

Une force de la nature

D’une part, Michael est un fou échappé de prison qui extériorise peut-être ses désirs sexuels par la violence. D’autre part, il n’est peut-être pas du tout Michael, ni même humain, mais plutôt une force de la nature.

Alors que Debra Hill était principalement en charge des aspects adolescents du scénario, Carpenter s’est occupé de l’expression du mal. Tout comme la caractérisation de Laurie est mise en avant par les seconds rôles, d’autres personnages servent à développer celle de Michael. Ces personnages sont le docteur Loomis et, dans une moindre mesure, le petit Tommy Doyle.

Loomis donne fréquemment des monologues exprimant sa conviction sur ce qu’est Michael, qui est essentiellement un réceptacle non humain pour le mal, une chose dépourvue de tout sentiment de remords ou de raison.

Pendant tout ce temps, Tommy est le garçon qui crie au loup à Laurie en lui disant que le croque-mitaine (le bogeyman) va sortir cette nuit-là. Ainsi, à différents moments de l’histoire, Michael fait preuve de capacités peut-être surhumaines ou du moins extraordinaires. Il est capable de disparaître à volonté, d’avoir une force extra-humaine et de résister à de nombreux dégâts.

Le choix intelligent de Carpenter a été de laisser ces moments avec une possible explication rationnelle. La vérité sur les prétendues capacités surnaturelles de Michael reste ambiguë et interpelle le spectateur, ce qui est approprié compte tenu de ce que nous savons du personnage.

Cela exploite une angoisse habituellement liée à l’incertitude et offre à Michael une aura encore plus scintillante. La fin du film est la cerise sur le gâteau et c’est ce qui élève Halloween : La Nuit des Masques au-delà d’un simple film d’horreur.

Les personnages se heurtent les uns aux autres comme si le destin le leur ordonnait. Après avoir vu leur sentiment de sécurité violé par Michael qui semble avoir été arrêté, Tommy s’exclame à Laurie : “On ne peut pas tuer le croquemitaine !”.
Au moment où Tommy prononce cette phrase, on découvre que Michael observe à quelques mètres de là, un couteau à la main.

Après une nouvelle confrontation, Laurie parvient à arracher l’œil de Michael avec un cintre et à le poignarder dans l’abdomen avec son propre couteau. Laurie est elle-même gravement blessée et, convaincue qu’elle en a fini avec Michael, elle s’expose elle-même à une autre attaque en jetant l’arme une fois de plus.

Michael surgit de nouveau. Laurie éloigne les enfants et attend, presque résignée, que quelque chose ou quelqu’un vienne la sauver. Alors que Michael s’apprête à mettre la touche finale à son massacre, il est interrompu par Loomis, qui tire à plusieurs reprises sur lui, jusqu’à ce qu’il soit projeté du balcon dans le jardin.

Laurie, qui a perdu son innocence, fait face à Loomis et s’exprime au nom du spectateur en disant : C’était le croquemitaine. Au moment même où Loomis réaffirme cela à Laurie, la possibilité de cette explication commence à pénétrer dans l’esprit du spectateur ; mais il a été tué comme un humain, comment cela peut-il être le cas ?

Avant qu’une conclusion ne soit tirée, Michael disparaît une fois de plus. Tout ce qui reste derrière lui, ce sont les endroits où il a été et les rues qu’il a empruntées ; les mêmes maisons qui ressemblent aux nôtres et les rues qui sont comme celles de tout le monde.

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