GOTHIQUE & SANTÉ MENTALE

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Pour étudier la santé mentale avec le gothique, nous explorons les contextes dans lesquels la santé mentale est représentée afin de mettre en avant les images et les thèmes gothiques qu’ils contiennent, en proposant que cela puisse aider les lecteurs à être plus conscients de la façon dont un sentiment de peur et de stigmatisation peut être développé et établi dans une telle représentation.
Cet article se concentre sur les éléments sombres de l’expérience psychiatrique, y compris les périodes terrifiantes d’isolement, les institutions menaçantes situées dans des paysages sinistres, un sentiment d’appréhension, de claustrophobie ou, en fin de compte, d’un sentiment de captivité, en plus des traitements horrifiants.

En cela, nous ne critiquons pas les récits gothiques pour leur contenu ou la façon dont la maladie mentale est représentée dans le contexte d’œuvres d’art et d’imagination, mais nous proposons plutôt que le gothique est un outil puissant dans la volonté de déstabilisation des peurs et comportements stigmatisant actuels.
Ceci est dû, au moins en partie, à la vitalité et à la nature fascinante des récits gothiques, qui explorent des angoisses culturelles durables. C’est aussi parce que ces récits gothiques peuvent être lus comme un avertissement, offrant une observation sociale, une réflexion et des prises de conscience sur ce qui peut se produire lorsque le désordre, le chaos et l’inhumanité sont laissés en liberté dans le monde.

Le gothique offre un commentaire puissant, car les figures gothiques centrales de ces récits représentent les angoisses associées aux changements dans le progrès historico-culturel et, ainsi, les conventions gothiques peuvent, comme le suggère Anne Williams, identifier des fissures possibles dans le système du symbolique dans son ensemble. Dit autrement, nos conventions sociales pourraient révéler des vérités que nous ne pouvons ou ne voulons pas voir.

Gothique et folie

La maladie mentale – généralement exprimée par “folie” ou “démence” – est, comme l’affirment de nombreux commentateurs, un thème commun dans la littérature gothique. David Punter et Glennis Byron, par exemple, utilisent la folie comme l’une des caractéristiques clés du sous-genre Southern Gothic, la décrivant comme une littérature qui se caractérise par l’accent mis sur le grotesque, le macabre et, très souvent, la violence des recherches cliniques sur la folie, la déchéance, le désespoir, ainsi que sur les contraintes permanentes du passé sur le présent (La porte des secrets de Ehren Kruger et Iain Softley en est aussi un assez bon exemple).

Josh Boyd poursuit ce lien entre le grotesque, la terreur et la folie. Il constate également que le Southern Gothic est caractérisé par des personnages et des scènes grotesques, des expériences d’états psychologiques anormaux, de l’humour noir, de la violence et un sentiment d’impuissance (alienation dans la langue anglaise) ou d’inutilité.

Dans de nombreux cas, comme David Punter et Glennis Byron l’ont suggéré, de sombres passés d’instabilité mentale – personnelle ou générationnelle – hantent le présent dans ces récits, comme dans Jane Eyre (1847) de Charlotte Brontë et Les Hauts de Hurlevent (1847) d’Emily Jane Brontë, tandis qu’une autre caractéristique de la maladie mentale, l’hyperbole et l’excès, est à l’origine de nombreux drames gothiques.

Un autre aspect du gothique, la dépossession de soi (en cela proche de l’aliénation sociale telle que définie par Marx), ce sentiment d’abjection, cette séparation du monde, est également une caractéristique de la maladie mentale. Les mauvais traitements infligés aux fous, les lieux désolés où ils sont incarcérés et cachés, où ils peuvent être négligés et maltraités, apparaissent aussi souvent dans les textes gothiques, qu’il s’agisse d’incarnations classiques ou modernes.

Ces représentations sont si puissantes que les horreurs de l’asile de fous dans les fictions gothiques (Dracula de Bram Stoker, par exemple) font écho dans l’imaginaire collectif et se retrouvent dans les interprétations contemporaines comme dans American Horror Story : Asylum. Il est facile d’évoquer des images de malades torturés, désespérants et désespérés qui souffrent des cruautés du personnel qui est censé les soigner et s’occuper d’eux.

Cependant, les environnements contemporains liés à la santé mentale, tels qu’ils sont représentés dans cette littérature gothique et dans les films actuels, ont peu de ressemblance avec leurs équivalents fictifs et cette dissonance cognitive est donc un bon point de départ pour examiner s’il existe un lien entre les environnements représentés dans ces œuvres de fiction gothiques et les environnements de la vie réelle. On peut alors s’interroger sur la nature de ce lien et quelle importance aurait-il pour le lecteur, les patients et les cliniciens en santé mentale ?

En 1765, Horatio Walpole a sous-titré son roman Le château d’Otrante “une histoire gothique ou une romance”. Les éléments que Walpole a utilisés dans ce texte – le château gothique, la société féodale catholique, la demoiselle en détresse, la figure patriarcale tyrannique, les labyrinthes et les passages souterrains, les enterrements vivants, les doppelgängers – ont été identifiés par d’autres auteurs comme utiles et ont été appropriés et déployés de multiples façons, ce qui a conduit à définir le gothique comme un genre.

Dans son livre Fashioning Gothic Bodies (2004), Catherine Spooner note une série de thèmes caractéristiques du gothique : la sensibilité, l’emprisonnement, la spectralité ou la hantise, la folie, la monstruosité, le grotesque.
Nous pouvons voir tous ces thèmes gothiques à l’œuvre dans les films qui se prétendent du gothique, même ceux qui semblent les plus éloignés de ces représentations modernes des soins de santé mentale comme les hiérarchies de la société féodale opérant dans les asiles présentés.

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