FAÇONNER L’IDÉE

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Maintenant que vous êtes décidé pour votre genre et sous-genre, votre idée principale devrait commencer à prendre forme. Mais comment passer de ce petit concept initial à un récit complet et cohérent ?

Pour développer l’idée, l’autrice Christina Kaye suggère de commencer par écrire sur une page ou peut-être deux un résumé non pas de l’histoire en devenir, plutôt des pensées que vous avez eues jusqu’à présent sur votre idée.

Ce travail sur l’idée permet de l’éclaircir parce que c’est précisément maintenant que vous avez le plus besoin d’éclaircissements pour savoir où vous allez avec votre idée. Vous allez commencer à jeter sur le papier les détails qui feront votre intrigue.

Dialoguez avec l’idée

Parfois, il est difficile d’aller au bout d’une tâche sans accepter une aide extérieure. S’il y a quelqu’un dont vous savez qu’il ne jugera pas votre travail (habituellement, on a peur de blesser et on se montre un peu trop complaisant), livrez-vous tous deux à un brainstorming autour de votre idée.

Cela peut mener à des concepts qui auraient pu vous échapper et qui méritent qu’on s’y attarde et puis, cela est toujours utile (car il faut se dépasser pour trouver vraiment ce que l’on a en soi).

Une source possible d’inspiration est ce que font les autres auteurs. Romans, films et séries, documentaires sur le sujet (j’ai personnellement une préférence pour les documentaires) peuvent permettre de vous orienter sur des détails (au-delà d’une appréhension trop générale mais néanmoins nécessaire) qui insuffleront la vie dans votre idée.

Dit autrement, cette idée n’est d’abord qu’un concept. C’est quelque chose qui appartient à l’esprit, qui n’est pas perceptible. En observant le travail d’autres auteurs et autrices sur une idée approchante de ce sur quoi vous souhaitez écrire, vous examinerez les différentes formes possibles (et contre lesquelles vous pourriez vous montrer critiques, d’ailleurs).

Le travail sur l’idée consiste à la rendre transparente. Le moyen d’expression que vous utilisez (ici, ce sera l’écriture) doit s’effacer au profit de la fiction. Une idée qui prend forme en fiction crée un effet de réalité. Lecteurs et lectrices suspendront le temps de la lecture leur jugement et accepteront le monde que vous avez inventé.

Une autre manière de se livrer à un brainstorming sur l’idée mais seul cette fois serait d’essayer d’élaborer une liste de tâches à accomplir. Par exemple sur la construction du monde de votre fiction.

  1. Décrivez la prémisse générale de ce monde en une phrase. Par exemple, un couple de personnes âgées qui ne sont pas entièrement satisfaites de la façon dont leur vie s’est déroulée décide de parcourir le monde.
    Un monde, ce n’est pas seulement des lieux. Plutôt des situations dans lesquelles vous jetez vos personnages, des états d’âme aussi de ces mêmes personnages.
  2. Décrivez comment vos personnages majeurs s’adaptent à votre monde. Habituellement, le personnage principal se révèle en butte contre certaines règles de ce monde et il lui faut alors changer (s’il veut changer le monde, il devient prophète et là, on perd en fiction).
    Il n’accepte plus sa situation (c’est ce que lui montre l’incident déclencheur). C’est pourquoi il doit changer ou peut-être plus subtilement renforcer ses propres convictions, sauter le pas en quelque sorte, assumer un risque. C’est d’ailleurs ce qui le différencie de son antagoniste car celui-ci respecte les lois de votre monde et conséquemment ne change pas.
  3. Construisez votre monde pour qu’il fournisse des obstacles, des difficultés, des conflits, des tensions pour vos personnages. Ne construisez pas votre monde pour résoudre facilement les conflits de votre protagoniste.
  4. Ce qui nous amène au point où vous devriez réfléchir aux limitations que vous imposerez à votre personnage principal car il doit être en quelque sorte déficient à résoudre les obstacles qu’il rencontre. Par exemple, il a un rendez-vous important qu’il ne doit surtout pas manquer (les enjeux doivent être singulièrement définis) mais il ne trouve plus les clefs de sa voiture.
    Ce n’est pas un hasard car votre personnage est un être plutôt distrait. Voici un trait de caractère que le lecteur doit connaître pour qu’il puisse accepter la nature du péril et ressentir la tension dramatique de cette scène.
  5. Pour que votre lecteur puisse s’immerger dans votre univers, il faut qu’il l’accepte donc qu’il suspende temporairement son incrédulité. Vous pouvez l’aider en ce sens si vous ne lui dites pas tout. Autorisez l’imagination de votre lecteur ou de votre lectrice à remplir les manques que vous posez sciemment dans votre récit. Quelles seraient les informations que vous pourriez retenir suffisamment longtemps pour que le lecteur s’étonne et s’interroge ?
    Et quelles seraient alors les informations que vous pourriez communiquer très tôt afin de créer des manques ? Par exemple, votre héros est un adolescent. Dans une scène de l’acte Un, nous le voyons quitter son lycée après la fin des cours. Jusque là, les informations données sont essentiellement descriptives. La scène suivante sera plus énigmatique car elle s’ouvre sur notre personnage espionnant la façade d’un immeuble sans que son point de vue désigne explicitement tel ou tel appartement. Et c’est tout. Évidemment, on s’interroge. Néanmoins, ne confondez pas le manque volontaire d’informations et une incohérence dans votre récit ou votre histoire. Dit autrement, ne laissez pas trop de questions sans réponse.
  6. Face aux événements, aux obstacles, les personnages proposent des réponses. Le personnage principal bien que proactif peut envisager des échappatoires aux situations trop tendues surtout lorsqu’il applique encore à ce moment de l’histoire des réponses et des choix qui dépendent encore trop de son vécu, de ses expériences passées.
    Les réponses du personnage sont donc mal adaptées aux situations nouvelles. Un conseil qui est parfois donné est de ne pas trop se préoccuper de la manière dont réagit un personnage dans un premier temps. Il faut laisser l’inspiration s’écouler librement. Cependant, lors des réécritures, il pourrait être bon de s’interroger sur les réponses de son personnage vis-à-vis de son monde et de s’assurer que, bien que peu appropriées tant que les tribulations et pérégrinations ne lui auront pas permis d’apprendre, de sortir grandi de ses expériences nouvelles, s’assurer, donc, que les choses soient cohérentes. C’est un examen qui ne peut être efficace que hors du moment de la création de ces choses alors qu’on devient capable de prendre une certaine distance avec son écriture.
  7. Lors de la réécriture, interrogez-vous sur vos descriptions. Que pourriez-vous dire sans le dire ? Les choses ne se laissent pas pénétrer facilement. Cette opacité qui les recouvre est un jeu d’apparences, un ensemble de valeurs. Les choses se présentent selon une certaine configuration. Quel pourrait être l’élément le plus marquant dont la seule mention aurait l’effet expressif que vous cherchez à donner par cette description ?
    Car la moindre pièce d’information peut susciter chez le lecteur et la lectrice une mise en branle de l’imaginaire. Partant, une information apparemment anodine peut en dire beaucoup plus qu’elle n’en dit réellement.
  8. Rien ne devrait être gratuit dans une fiction, c’est-à-dire que ce que vous y posez, les détails que vous donnez devraient avoir non seulement du sens mais aussi une portée dans l’histoire. Là aussi, la participation de votre lecteur est sollicitée car l’information donnée suscite en lui une attente qu’il serait bon de combler pour éviter sa frustration.
    S’approprier les données culturelles peut aider à la crédibilité des détails décrits.
  9. Lorsque vous décrivez un lieu, imprégnez-vous de son histoire. Par quoi a t-il été façonné ? La nature, la main de l’homme, la culture de ceux qui l’ont peuplé influencent énormément l’impression qu’on en tire. Parfois, la forme a plus d’importance que le contenu. Lecteurs et lectrices sont d’ailleurs assez sensibles à ce qu’ils perçoivent d’un lieu.
Planifiez votre récit

Un certain niveau de planification des événements est très bénéfique pour faire de votre récit une histoire ainsi que pour votre processus d’écriture. Cela peut vous aider à écrire plus vite et à résoudre plus facilement les éventuels blocages.

Le Hero’s Journey issu des travaux de Joseph Campbell ou bien la traditionnelle structure en trois actes pourraient vous aider à mettre en ordre votre inspiration même si, en définitive, vous décidez de faire autrement.

Quelle que soit la façon dont vous choisissez de planifier votre histoire, assurez-vous que vous pensez toujours à l’expérience du lecteur. Après tout, la raison pour laquelle nous écrivons des fictions est pour que les lecteurs et les lectrices puissent les lire et en profiter.

Depuis 2014, nous avons fait vœu de servir la communauté d’auteurs et d’autrices en leur donnant le plus d’informations pertinentes possibles afin de les soutenir et de les aider dans leurs projets d’écriture. Nous ne sommes pas une association. Pourtant, nous sommes persuadés de servir les intérêts de cette communauté. Néanmoins, une initiative comme celle de Scenar Mag a un coût. Aidez-nous par vos dons à persévérer à vos côtés. Merci

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