FICTION : AFFAIRE D’INTRIGUE

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Peu importe le genre d’auteurs que vous êtes, il y a une chose que vous aurez quand vous aurez terminé votre tâche d’écriture : une intrigue.

Elle peut être incohérente, d’un gâchis sans nom ou un chef-d’œuvre, mais le fait est qu’elle sera là à vous confronter du regard.

La question à se poser est de savoir si elle fonctionne. C’est-à-dire si cette intrigue est capable de se fondre dans l’esprit d’un lecteur, de lui faire oublier le temps d’une lecture la réalité de son monde et l’emmener dans une réalité alternative.

L’expérience de la lecture est censée transporter les individus, les émouvoir par le pouvoir d’une histoire.

Bien sûr, rappelle James Scott Bell, personne n’obligera un auteur ou une autrice à écrire une intrigue pour qu’elle atteigne un lecteur au cœur. Mais celui ou celle qui reçoit votre histoire cherchera une intrigue. Inconsciemment peut-être, il ou elle ne manqueront pas de tenter de se convaincre de consacrer un peu de temps à la lecture de votre récit.

Et ils se demanderont pour cela : De quoi parle cette histoire ? Est-ce qu’il se passe quelque chose ? Pourquoi est-ce que je continue à la lire ? Pourquoi devrais-je m’en soucier ? Ce sont toutes des questions d’intrigue, et si vous voulez réussir en tant qu’auteur de fiction, vous devez apprendre à y répondre de manière satisfaisante, surprenante, conseille James Scott Bell.

L’intrigue

En fait, il est particulièrement satisfaisant d’être pris dans une intrigue géniale, de ne pas se soucier des obligations du monde réel qui pourraient nous empêcher de savoir ce qu’il se passera ensuite. Et il est particulièrement satisfaisant de se laisser aller à un auteur qui maîtrise parfaitement une histoire palpitante et originale, un auteur capable de jouer avec nos sentiments, de nous inquiéter, puis de nous énerver, puis de nous charmer et enfin de nous époustoufler lorsque les derniers chocs sont livrés, constate James Scott Bell.

Si un lecteur choisit un livre et reste dans son propre monde, il n’y a aucun intérêt à choisir le livre en premier lieu. Ce que le lecteur recherche, c’est une expérience qui est autre.
Autre que ce qu’il vit ou voit normalement chaque jour.

L’histoire, c’est comment il y arrive. Une bonne histoire transporte le lecteur vers un nouvel espace-temps grâce à l’expérience. Non pas par des arguments ou des faits (même la réalité historique qui prétend s’en tenir aux faits nous est contée par l’historien), mais par l’illusion que la vie se déroule sur la page.
Ce ne sera pas sa vie, précise James Scott Bell. Mai celle de quelqu’un d’autre, pourtant un être de l’imagination, mais qui s’affirme en tant que personnage. Après tout, lorsque nous rêvons, le rêve est la réalité du moment et nous l’éprouvons, nous faisons l’expérience de cette réalité singulière.

Selon James Scott Bell, le lecteur exige cette dimension onirique de l’intrigue. L’intrigue mène le lecteur à l’auteur ou bien l’auteur mène son lecteur jusqu’à lui par cette dimension de l’imagination qu’est une intrigue. Et le lecteur n’exige rien d’autre.

L’intrigue qui se déploie au sein d’une structure est le moyen technique (un art en fait comme l’artisan potier invente des formes d’une argile informe en suivant quelques règles) qui permet cette magie entre un auteur ou une autrice et son lecteur.

Rien de bien compliqué dans une intrigue

Il existe quelques principes de base qui, s’ils sont compris et appliqués, vous aideront à trouver un terrain solide toutes les fois que vous déciderez de vous lancer dans l’écriture d’une fiction ce qui consiste d’après James Scott Bell à apprendre à écrire l’intrigue.

Le point ici est qu’une intrigue solide commence par un personnage principal intéressant. Dans les meilleures intrigues, ce personnage principal est convaincant, il est décidément un personnage de fiction, mais surtout il a une existence et par le fait même de cette existence, que nous faisons bien plus que d’observer, nous nous préoccupons de ce qu’il peut bien lui arriver.
Nous éprouvons envers lui de la compassion. D’abord de la sympathie. Puis si ce personnage est bien mené par son auteur, nous ne nous laisserons pas de faire cette expérience de partage des maux et des souffrances pour, paradoxalement, un personnage de fiction.

Comprenons-nous bien. Cette sympathie qui se crée envers un être de fiction ne signifie pas que cet être soit nécessairement sympathique. Le personnage est responsable de son agir. Si l’on écrit pour lui des actes répréhensibles, nous pouvons les juger ainsi. Mais les tribulations dans lesquelles il sera entraîné devraient pouvoir être reconnu par le lecteur.
L’interprétation qui en sera faite donne ainsi l’existence à une sorte d’émotion, de sentiment, de passion qui nous surprend nous-mêmes envers cet être qui n’était encore qu’un étranger lorsqu’il est sorti du néant.

Nous ne pouvons pas résister à l’envie de voir ce qu’il advient à des êtres humains pleinement dessinés qui font un gâchis inaltérable de leur vie. L’auteur ou l’autrice suffisamment habile, écrit James Scott Bell, nous met dans la peau du personnage.

L’intrigue, c’est vouloir

Ce personnage a un objectif. Une envie. Un désir. L’objectif est la force motrice de la fiction. Il génère un mouvement vers l’avant (principalement au-travers des situations conflictuelles que la confrontation de ce désir avec la réalité de son monde, de son environnement fait naître) et incite le personnage à l’action.

En quoi consiste cet objectif ? La première chose qui vienne à l’esprit serait de se procurer quelque chose. Mais on peut vouloir aussi que quelque chose cesse. Dans Les dents de la mer, Brody veut absolument tuer le requin. Pour cela, il doit aller à sa rencontre. Par contre, dans La firme, McDeere veut absolument prendre ses distances avec la Mafia.

Les intrigues solides ont un seul et unique objectif dominant pour le personnage principal. Cela constitue la question dramatique centrale de l’histoire : le personnage principal réalisera-t-il cet objectif ?

Selon James Scott Bell, le lecteur devrait se préoccuper de cette question dramatique assez rapidement. L’objectif doit donc être essentiel pour le bien-être du personnage principal. S’il ne parvient pas à le réaliser, sa vie en pâtira énormément. L’essentiel est que l’objectif soit crucial pour le sentiment de bien-être de ce leader de l’intrigue.

Il sera important pour le développement de l’intrigue que le lecteur soit informé du pourquoi et du comment de cet objectif. La réponse sera probablement trouvée dans le besoin, c’est-à-dire les raisons intimes qui explicitent ce comportement, cette intention du personnage.

Qu’est-ce qui pousse un être anonyme à prendre des risques si son besoin n’est pas de reconnaissance ? S’il n’a pas ce sentiment d’avoir perdu son identité ? par exemple.

Cependant, vouloir serait insuffisant pour constituer une intrigue si cette intention ne menait pas à une confrontation. L’opposition d’un personnage et de forces extérieures donne une vivacité au récit. Si votre personnage principal se dirige vers son objectif sans que rien ne l’en empêche, nous privons les lecteurs de ce qu’ils veulent secrètement : s’inquiéter de ce qu’il adviendra de lui. Le lecteur veut être bousculé, pris dans les rets d’une émotion envers un être dont il ignorait encore l’existence avant cette rencontre avec soit les pages d’un livre, soit les images d’un film, en gardant cet engagement émotionnel intense tout au long de l’histoire.

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