L’ACCROCHE ET LE SCÉNARIO

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scénarioQuand on dit scénario, on pense film. Quand on dit film, on pense un média qui n’appartient à personne en particulier.

Un ensemble de corps de métier s’empare du scénario et déforme l’objet écrit pour en faire quelque chose qui corresponde à autant de moyens d’expression. Un scénario n’est pas un produit fini qui se suffit à lui-même. Et surtout, il n’est pas le film. Il est normalement destiné à devenir un film.

Quand on écrit un scénario, l’intention est d’en faire un film, c’est-à-dire autre chose que ce qu’il est. Et s’il vient à être réalisé, l’auteur ou l’autrice du scénario doivent comprendre qu’il ne leur appartient déjà plus.

Les raisons d’un échec

Alex Epstein (Development Executive depuis les années 1990, ce sont les gens qui s’emparent d’un scénario et le façonne de façon à ce qu’il est une possibilité d’être produit, ce qui n’est jamais certain) est persuadé que quelque soit la qualité de celui ou celle qui écrit un scénario, et même si ce scénario contenait de bonnes choses, il était d’avance condamné parce qu’il lui manquait certaines choses essentielles.

Selon Epstein, tout projet de film est à la fois une question de commerce et une œuvre d’art (à parts égales).

Avant de s’appeler scénario, le texte est un projet de deux à cinq pages qui se nomme alors synopsis. C’est sur la base de ce synopsis qu’il sera décidé du devenir d’un projet. Dit autrement, si vous avez écrit un scénario de 90 ou 120 pages, ne faites pas lire ces 90 ou 120 pages à un lecteur qui vous fera un retour sur votre écriture.

Soumettez-lui plutôt le synopsis. Demandez-lui de vous faire un retour sur votre synopsis. C’est un premier pas et ce n’est malheureusement pas le dernier.

Pour Alex Epstein, bien sûr que la structure, les personnages, les dialogues, le rythme… tout cela comptera dans la décision d’investir ou non sur un projet.

Avant tout, il faut une accroche à ce scénario.

L’accroche

Une accroche est un concept en quelques mots. Ce n’est pas n’importe quel concept. Une accroche est une idée nouvelle pour une histoire qui donne instantanément envie de lire votre scénario. Alex Epstein nous propose quelques exemples d’accroches :

  • Un homme est sur le point de se suicider lorsqu’un ange lui montre ce que serait sa ville s’il n’avait jamais vécu : It’s a wonderful life (La vie est belle)
  • Deux personnes qui se détestent s’écrivent anonymement et tombent amoureuses : Vous avez un message.
  • Des chômeurs décident de se lancer dans un spectacle de chippendale pour se faire un peu d’argent : The Full Monty.
  • Un cadre publicitaire cynique développe soudain le pouvoir de lire les pensées des femmes : Ce que veulent les femmes.
  • Un avocat cynique perd soudain sa faculté de mentir : Menteur, menteur.
  • Trois cinéastes sont allés dans les bois pour enregistrer un documentaire sur une sorcière légendaire. Ce sont les bandes que nous avons retrouvées après leur disparition : The Blair Witch Project.
  • Un marionnettiste trouve un passage secret dans le cerveau de John Malkovich : Dans la peau de John Malkovich.
  • Un homme découvre qu’il a été remplacé par son clone : Le sixième jour.

Ainsi de suite.

Ce que toutes ces accroches (ou prémisses d’ailleurs) ont en commun, c’est que vous voulez voir comment les histoires vont se dérouler. Qu’est-il arrivé à ces enfants dans ces bois ? Vous devez lire le scénario pour le savoir. Ce qu’il faut bien comprendre, insiste Alex Epstein, c’est que ce n’est pas le film qui a besoin d’une bonne accroche ou d’une bonne prémisse. C’est votre scénario.

L’observation est fondamentale

Être attentif, c’est être conscient des histoires réelles qui se déroulent autour de soi, puis les transformer en une prémisse.

scénarioLe classique de Billy Wilder, Le Gouffre aux Chimères, raconte l’histoire d’un journaliste qui couvre l’histoire d’un homme piégé dans une grotte. L’idée a probablement commencé avec Wilder à la lecture des reportages sur un homme piégé dans un puits ou une grotte et a remarqué à quel point tout le monde était excité par la situation en cours.

Ce n’est pas encore un scénario possible pour un film – pour l’instant. Mais que se passerait-t-il si votre journaliste garde habilement l’homme piégé dans la grotte afin de faire durer le plus longtemps possible le sauvetage et ainsi pour le journaliste de la matière ? Et si c’était un journaliste cynique qui tente de faire revivre sa carrière en manipulant la situation ? C’est définitivement une accroche, confirme Alex Epstein.

De nombreuses accroches sont tirées de livres et de nouvelles, mais n’importe quelle histoire ou situation dramatique de la vraie vie fera l’affaire. Il suffit juste de trouver ce qui manque dans la réalité (ou du moins dans l’interprétation que vous faites de la réalité) pour en faire une fiction.

La banalité, une anecdote, peuvent ainsi offrir autant de possibilités de fiction que le moindre des faits divers à condition toutefois que vous puissiez insérer dans ce que vous avez lu, entendu ou vécu les éléments dramatiques (tels que les conçoit la dramaturgie) nécessaires à en faire une fiction, un récit construit.

Si vous essayez d’écrire le meilleur scénario possible à partir de l’idée, au lieu d’essayer d’être fidèle aux événements réels, vous finirez probablement par avoir une histoire inspirée par les événements réels et non basée sur eux. Et c’est ainsi que votre fiction tirera son originalité.

Notez que nous revenons par quelque bout que l’on prenne la réflexion à l’idée, au concept. C’est d’abord l’idée ou le concept qui retiendra l’attention d’éventuels investisseurs sur un projet plutôt que de leur imposer immédiatement la lecture d’un scénario.

Vous pouvez obtenir un bonne accroche en donnant une nouvelle impulsion à un vieux sujet. Jurassic Park est né de la combinaison de l’ancienne attraction des dinosaures et de la nouvelle technologie (à la mode, ajoute Alex Epstein) de l’ADN recombinant : Un homme riche engage des scientifiques pour recréer des dinosaures pour son parc à thème. Certaines bêtes nouvellement créées sont prises de folie furieuse.
Presque tous les thrillers scientifiques de Michael Crichton ont des accroches basées sur la science actuelle ; presque tous ont été transformés en films.

Par contre, souligne Alex Espstein, il peut être intéressant de s’occuper de sujets fortement ancrés dans leur temps (d’où l’expression à la mode citée dans la paragraphe précédent) bien qu’on puisse dire de certains films qu’ils vieillissent mal. Cependant, on ne peut nier le devoir de mémoire d’œuvres comme Un long dimanche de fiançailles, La liste de Schindler, La vie est belle de Roberto Benigni ou encore mais à sa manière, Inglorious Basterds. Et ce ne sont que quelques exemples.

Quelque chose de nouveau

Citons Alex Epstein : les gens vont au cinéma, entre autres raisons, pour voir des choses qu’ils n’ont jamais vues auparavant. Si vous pouvez penser à quelque chose d’excitant que personne n’a vu auparavant, qui peut maintenant être mis de façon convaincante dans un film, alors vous avez le début d’une accroche.

La difficulté est néanmoins plus grande que dans l’observation. C’est de l’invention pure.

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