JULIA CROUCH ET LE THRILLER

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thrillerQuelques conseils de Julia Crouch pour l’écriture de thriller ou de romans policiers.

Le conflit au cœur du thriller

Le conflit est fondamental à la fiction. Dans aucun genre, cela n’est plus évident que dans les romans policiers, nous dit Julia Crouch. Remplissez votre histoire de conflits – les obstacles qui se dressent sur le chemin de votre protagoniste, les conflits dans sa tête, ses conflits moraux et plus globalement éthiques, l’opposition des autres personnages, l’opposition des choses (les lieux, les circonstances, le temps qu’il fait…).

L’auteur devrait chercher à rendre la vie de son personnage principal aussi difficile que possible, puis la rendre un peu plus difficile.

Complétez ce conseil par la lecture de nos articles qui traitent du conflit.

Ne cédez pas au verbiage

thrillerLe dramaturge Anton Tchekhov préconisait de ne jamais placer un fusil chargé sur la scène si ce n’est pas pour s’en servir un moment ou à un autre. C’est mal de faire des promesses qu’on ne veut pas tenir, ajoutait-il.

À chaque scène que vous écrivez, demandez-vous si cela fait avancer votre histoire. Si oui, comment ? Si oui, puis-je l’améliorer ? Coupez-vous davantage de votre réalité (qui vous environne) et donnez libre cours à votre imagination.

Dans le thriller plus que dans tout autre genre, la causalité est importante. Chaque décision a sa conséquence et celle-ci est cause de nouvelles conséquences. Vous pourriez être intéressé par cet article LA CAUSALITÉ AU CŒUR DE L’INTRIGUE et nous pourrions en discuter aussi dans le forum.

Le Chekhov’s gun

Le Chekhov’s gun est un concept qui décrit comment chaque élément d’une histoire doit contribuer à l’ensemble. Il est tiré du célèbre conseil d’Anton Tchekhov : “Si dans le premier acte vous avez accroché un fusil au mur, alors dans le suivant, il faut qu’il serve. Sinon, ne le posez pas là”.

Toute chose que vous introduisez dans votre histoire devrait avoir une fonction.

La leçon à tirer du Tchekhov’s gun est que votre histoire doit être cohérente. Chaque partie doit contribuer à l’ensemble d’une manière qui ait un sens (et le tout règle lui-même ses parties).

Cela ne signifie pas que chaque point de l’intrigue doit être extrêmement important. Certains éléments de l’histoire servent à créer l’ambiance ou à décrire le contexte. Cependant, chaque partie de votre histoire doit correspondre à l’ensemble, ne serait-ce que d’une manière ténue, indirecte.

Par exemple, la mention de voitures dans une rue très fréquentée (une scène d’exposition) ne laisse pas supposer qu’un personnage va s’enfuir dans l’une d’entre elles ou se faire renverser par l’une d’entre elles. Les voitures dans une rue sont monnaie courante et il est normal de les mentionner dans la description d’une scène urbaine.

De plus, si chaque objet que vous mentionnez est lourdement chargé en signification, vous risquez de prévenir votre lecteur sur ce qu’il se passera ensuite. Il va vous deviner si vous ne le prenez pas à contre-pied sur ses expectations.

Cependant, un élément doit jouer un rôle important dans l’histoire (et particulièrement lorsqu’il s’agit d’un thriller) lorsqu’il est présenté au lecteur d’une manière qui suggère une signification dramatique. Cette signification dramatique peut être signalée de trois façons.
Premièrement, il y a des objets comme les armes à feu qui sont inhabituels en soi dans le contexte de l’histoire (quel que soit son genre) en raison de la façon dont ils symbolisent la violence et l’agression.

Deuxièmement, un objet peut devenir important pour votre lecteur en raison de la manière dont il est traité. Une bague, par exemple, ne revêt pas une signification dramatique en elle-même, mais si vous insistez sur les détails de cette bague, cela signale au lecteur que quelque chose en rapport avec ce qu’elle représente (et une bague peut signifier beaucoup de choses) va forcément se produire.

Enfin, introduire quelque chose d’ordinaire dans un contexte inattendu suggère une signification. Par exemple, si un personnage se présente un jour de neige en portant une robe d’été, le lecteur s’attend à une explication. Vous provoquez chez lui un étonnement. Vous devriez apporter une réponse à son questionnement.

Dans certains types de fiction et de roman policier et de thriller en particulier, des fausses pistes – des points d’intrigue apparemment significatifs – sont disséminés dans l’histoire pour tromper le lecteur.

Cependant, même dans ce cas, le principe du Tchekhov’s gun devrait s’appliquer. Les faux indices ne peuvent pas apparaître sans avoir leur propre relation de cause à effet avec le reste de l’histoire.

Si un suspect décrit comme tel assez tôt dans le thriller a des chaussures boueuses et du sang sur les mains et que la victime est trouvée poignardée dans la boue avec des empreintes de pieds autour d’elle, alors à un moment donné, nous devrons savoir pourquoi le suspect se trouvait dans ces circonstances.

En outre, vous aurez déjà introduit les véritables indices et lorsque vous ferez en sorte que le lecteur s’en souviennent, ils seront évidents, mais leur apparition dans l’histoire (leur évidence) était suffisamment subtile pour que la plupart des lecteurs les aient négligés.

Le concept du Chekhov’s gun en pratique

Repérez ce que vous pensiez être des Tchechov’s gun dans votre projet. Et décidez de leur pertinence. Si vous avez planifié votre thriller avant son écriture proprement dite, les grandes phases de votre récit pourraient vous convaincre que vous avez peut-être un peu trop débridé votre muse et accordé trop d’importance à certains événements (annoncés par un Tcheckhov’s gun).

En quelque sorte, vous allez devoir vous justifier vous-mêmes.

Rappelez-vous que le Tchekhov’s gun ne se réfère pas seulement à des objets physiques réels. Les scènes et les personnages, par exemple, peuvent fonctionner de cette manière. Tous les éléments d’une histoire doivent fonctionner ensemble pour faire avancer l’histoire de manière significative. Si ce n’est pas le cas, vous devez les éliminer. Vous devrez parfois éliminer certains de vos passages préférés pour le bien de l’histoire dans son ensemble.

Trouvez le moyen d’identifier l’importance des principaux éléments de chaque scène. Analysez vos scènes : Quelle est la signification globale de la scène ? quelles sont les questions qu’elle soulève et les réponses qu’elle apporte ? si elle ne sert qu’un objectif mineur, y a-t-il des choses que vous pouvez faire pour la rendre plus significative ?

Le principe du Tchekhov’s gun peut être particulièrement utile en cas de blocage. Relisez ce que vous avez écrit jusqu’à présent. Voyez-vous un indice, une information, un détail quelque part dans l’histoire que vous pourriez utiliser pour reconstituer l’élan perdu du récit ? Parfois, votre subconscient ajoute des choses à une histoire dont vous ne réaliserez la signification que plus tard.

Certains auteurs interpréteront les conseils de Tchekhov de manière trop littérale, estimant qu’absolument chaque détail d’une histoire doit d’une manière ou d’une autre jouer un rôle important. Ils cherchent à fuir le Deus Ex Machina.

Utilisez plutôt le Tchekhov’s gun pour créer un sentiment de menace, de pressentiment. Faites en sorte que le lecteur ne puisse pas oublier cette arme dans un coin de la pièce et la meilleure façon de le faire selon Julia Crouch est de ne pas en parler sans cesse.

En fait, en appliquant les conseils de Chekhov trop à la lettre, on obtient une histoire artificielle, manquant de vérité et de vie. Utilisez plutôt ce concept pour vous assurer que votre histoire n’est pas truffée de détails qui semblent plus importants qu’ils ne le sont.

Vos personnages n’ont pas être sympathiques

Il faut juste qu’ils soient intéressants. Ils peuvent être charmants ; ils peuvent être si ennuyeux qu’ils sont fascinants ; ils peuvent être si diaboliques qu’on peut les regarder mourir sans état d’âme.

Selon Julia Crouch, votre lecteur s’accrochera à vos personnages par le langage qu’ils utilisent, par les choses qu’ils font, de la façon dont ils les font, de la façon dont les autres autour d’eux réagissent à leur égard.

Le but est d’amener le lecteur, malgré son ego, à se ranger du côté de votre psychopathe (par exemple Hannibal Lecter). Un principe est que si vous avez un personnage qui va faire quelque chose d’abominable dans le deuxième acte, afin de conserver la compassion voulue du lecteur à son égard, écrivez une scène dans laquelle ce personnage fera preuve lui-même de compassion.

Votre méchant de l’histoire pourrait par exemple fondre littéralement devant un chaton.

Le lecteur s’interroge

Chaque page qu’ils tournent, votre lecteur devrait se poser des questions. Pourquoi ce personnage a-t-il fait cela ? Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qu’il va se passer ensuite ? Même (mais utilisez ceci avec précaution) Que se passe-t-il ?

Mais soyez prudent, vous ne voulez pas perdre votre lecteur dans des interrogations sans fin. Et vous devez fournir des réponses avant que le questionnement naturel ne devienne frustrant. Ce ne sera pas facile.

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