SCÉNARIO & HIGH CONCEPT

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High Concept est un terme qui a été confondu, mal compris et mal utilisé par les auteurs pendant des décennies. On croit généralement que tout projet peut être présenté en une seule phrase. Un homme qui se bat contre sa femme pour la garde de ses enfants est une phrase par exemple, mais c’est loin d’être un High Concept.

D’autres le définissent en le décrivant comme “un film croisé avec un autre film”.The Player de Robert Altman pourrait être annoncé comme tenant à la fois de Out of Africa et de Pretty Woman. Ce n’est pas ainsi non plus que l’on possède un High Concept.

Les références sont utiles pour préparer un auditeur à une description plus détaillée du projet. Elles ne font pas d’un projet un High Concept. A la limite, c’est de la rhétorique destinée à convaincre l’auditeur de l’intérêt d’un projet et éventuellement, s’il est investisseur, de s’engager dans ce projet.

Le High Concept est rare

Surtout, il ne faut pas chercher à faire de son projet un High Concept. La plupart des projets doivent être lus pour être appréciés et leur attrait est loin d’être une évidence lorsqu’on le résume à un interlocuteur auquel on souhaite le faire lire et qu’il faut décider et préparer à cette lecture.

C’est la raison pour laquelle des films comme “Pulp Fiction“, “Star Wars” et “Sideways” n’ont jamais pu être vendus à partir d’un simple pitch (bref résumé du scénario).

En définissant le High Concept, nous parlons de la prémisse de votre histoire, et non de ce qu’il se passe dans les actes Un, Deux et Trois. La prémisse ou le thème, l’idée de votre histoire est au cœur du High Concept. Donc, sans chercher à établir un High Concept, on voit que toute idée peut devenir un High Concept.

Steve Kaire propose cinq choses qui doivent être rencontrées pour faire d’un projet un High Concept. Encore une fois, je dirais qu’un projet n’est High Concept que par hasard, parce qu’il s’y prête sans avoir jamais été l’intention de l’auteur.

  1. Une prémisse originale et unique
  2. D’un genre qui touche le plus grand nombre
  3. Le projet possède un détail qui fait la différence
  4. Le potentiel du projet est évident (ou semble l’être)
  5. Le projet se résume entre une et trois phrases
Une prémisse originale et unique

high conceptLa prémisse est généralement composée d’une à cinq phrases, la moyenne étant de trois. Vous devez donc présenter votre matériel d’une manière compressée et économique qui capture l’essence de votre histoire et met en valeur son originalité.

Steve Kaire préconise de se livrer à l’exercice de réduire sa prémisse à une seule phrase.

En recherchant l’originalité, il ne s’agit pas de réinventer la roue. Nous pouvons prendre des sujets traditionnels qui ont déjà été faits et y ajouter un twist, une particularité, qui qualifie alors le matériel comme original.
En utilisant l’intrigue de l’enlèvement, il y a eu des dizaines de films qui ont couvert ce sujet auparavant. Dans La Rançon, Tom Mullen un riche homme d’affaires donthigh concept le fils est kidnappé. Cette histoire en elle-même n’offre rien de nouveau. L’accroche du sujet qui le rend original est qu’au lieu de payer la rançon, Mullen utilise l’argent pour lancer un contrat sur les ravisseurs. C’est ce qui fait l’originalité du projet et donc peut le qualifier de High Concept.

D’un genre qui touche le plus grand nombre

Souvent, l’intérêt d’un projet se confond avec l’intention de l’auteur. L’auteur oublie qu’il s’adresse d’abord à un lecteur. Le genre horrifique pure est ainsi plus difficile à faire passer parce qu’il cible un lectorat étroit non pas d’esprit évidemment mais en termes d’audience. On n’écrit pas pour soi, on écrit pour l’autre.

On en revient à ce besoin de la caution des autres. Maintenant, le cinéma indépendant recèle de gemmes (et qui ont fonctionné) sans être pour autant qualifier de High Concept. En somme, le High Concept est un concept justement dont il faudrait se méfier pour conserver par devers soi son originalité. S’il s’avère en fin de compte un High Concept, tant mieux. Mais ce n’est décidément pas la finalité d’un projet quel qu’il soit.

Le projet possède un détail qui fait la différence

Cela signifie que dans votre prémisse, vous devez avoir des détails spécifiques qui rendent votre histoire différente et ajoutent de la profondeur. Prenons l’histoire du braquage d’une banque. Si vous imaginez l’histoire de trois personnes qui veulent dévaliser une banque en creusant un tunnel sous celle-ci, la réponse serait : “Et alors ?

high conceptBraquage à l’ancienne, un remake en fait de Going in Style, est une variante de ce genre. Il s’agit de trois vieux retraités qui tentent de voler une banque. L’un s’est fait retirer son permis de conduire, l’autre est malvoyant et le cerveau de l’opération est Joe, 75 ans.

Ces détails spécifiques améliorent l’histoire et l’empêchent d’être obsolète et stéréotypée.

Le potentiel du projet est évident (ou semble l’être)

Le potentiel ici n’est pas un retour sur investissement. Lorsque vous décrivez une comédie, la prémisse suinte l’humour. Si c’est une histoire dans laquelle l’action domine, la prémisse le suggère déjà. Selon l’interlocuteur à qui vous décrivez votre projet sous sa prémisse, et qu’il est sensible à l’humour ou bien à l’action, vous allez solliciter ou non son attention.

Le potentiel est donc une question de savoir à qui l’on s’adresse non seulement à quel lectorat mais éventuellement à des investisseurs potentiels justement.

Le projet se résume en une ou trois phrases

Il n’y a pas grand chose à vous apprendre ici. Dans la prémisse, vous ne dites pas ce qu’il se passe dans les actes Un, Deux et Trois, sauf si on vous demande de le faire plus tard. Vous donnez les prémisses de votre histoire en moins de mots possibles.
Vous dites ce qu’est votre projet, non ce qu’il s’y passe.

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3 thoughts on “SCÉNARIO & HIGH CONCEPT

  1. Bonjour William, selon moi, il n’y a en effet pas de high concept puisque jamais de low concept mais qu’un concept tout court.

    Ainsi et pardon d’encore insister, la prémisse s’adresse moins à un “lectorat” qu’aux investisseurs potentiels en vue de susciter leur intérêt et leur enthousiasme jusqu’à en effet les inciter à recourir à un comité de lecture pour un examen plus complet de l’ensemble.

    Mais la prémisse s’adresse surtout et d’abord au ou à la scénariste soi-même pour bien s’en clarifier l’intention, l’intégrer et s’assurer d’y demeurer fidèle et conforme à chacune des étapes de la CONCEPTion du scénario (le concept restant donc ce qui régit la conception).

    Comme un sujet d’examen ou plutôt le titre dont elle est la véritable traduction, la prémisse devrait même être placardée au mur ou notée sur un petit écriteau à disposition visuelle immédiate tout du long du processus.

    Le dit détail qui fait la différence (le pseudo “high”) est le paradoxe (dans le sens de bouleverser une doxa) propre à suggérer des antagonismes suffisamment attractifs et oui, vendeurs. L’exemple des trois vieux voulant braquer une banque est un très bon exemple de paradoxe fondateur venant contrarier bien des préjugés en en bouleversant la doxa.

    1. Bonjour Patrice. En effet, cette expression de High Concept me déplaît aussi. Mais comme je dois l’utiliser bientôt, je me suis dit qu’il serait utile donc bassement matériel (d’où ma petite phrase ou j’avoue ne rien apprendre à mon lecteur) de la présenter. Maintenant, je vois bien que ce concept de High Concept est seulement un outil marketing (et donc loin de la ligne éditoriale de Scenar Mag et malgré ses accents d’outre-atlantique).
      Merci de participer si activement à la vie du site.

  2. William, oui c’était pour rappeler l’enjeu professionnel mais en effet au stade auquel Scenarmag consacre toute sa vocation, je préfère surtout insister sur le vrai service que se rend le ou la scénariste de devoir formuler clairement son concept pour au pire le faire évoluer mais jamais en dévier ni le trahir.

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