L’altruiste est un personnage qui aide les autres, prend soin d’eux. En un mot, les autres ont plus d’importance que sa propre personne.
C’est aussi un personnage qui donne des conseils mais pas nécessairement instruire le personnage principal. L’altruiste n’a pas pour vocation d’être un mentor. Force est de constater que nombre de fictions octroient la fonction de l’altruiste à un personnage féminin. C’est à l’autrice et à l’auteur de décider selon les exigences de leurs histoires.
Son aide est généralement orientée vers le héros ou l’héroïne mais elle peut s’appliquer aussi à tout personnage pour lequel la lectrice et le lecteur éprouvent de la sympathie ou même de l’empathie. En effet, lors d’une intrigue secondaire, le personnage principale n’a plus le focus. L’intrigue secondaire possède son propre protagoniste et rien n’interdit de chercher l’empathie du lecteur/spectateur le concernant.
Une force indirecte
L’altruiste donne de la force au personnage qu’il soutient. C’est un être consciencieux qui soit fait le point régulièrement sur l’état des personnages qu’il a pris à sa charge soit les colle littéralement et s’assure que tout va bien. De ce fait, c’est un personnage qui peut parfois être encombrant. Cela fonctionne assez bien avec la comédie mais pas seulement. N’importe quel genre peut justifier un tel archétype parmi son jeu de personnages.
Ce qui est étonnant avec l’archétype de l’altruiste est qu’il écoute et voit moult choses mais habituellement, il y consacre peu de réflexion. Peut-être ne comprend t’il pas toute la portée de la détresse de ceux dont il se préoccupe.
Sa finalité, en fin de compte, est d’aider à soulager, à faire disparaître la souffrance mais pour l’altruiste, comprendre la souffrance d’autrui n’est pas un moyen pour aider ceux qui souffre.
Etre aux petits soins est une expression qui sied bien à l’altruiste. Cet archétype est soucieux des dangers qui peuvent blesser son protégé.
Cet archétype de l’altruiste a une dimension sémantique plus large en fiction que la conception que l’on se fait habituellement du terme. En effet, cet altruiste pousse sa sollicitude jusqu’à la paranoïa ce qui peut en faire un personnage dangereux. L’altruiste en quelque sorte devient un garde du corps (ou de l’esprit pour le protéger du tourment émotionnel) de celui ou celle sur lequel il a jeté son dévolu. Tout ce qui peut représenter un risque même imaginaire interpelle l’archétype de l’altruiste. Il interviendra soit en expliquant le danger potentiel soit, se fiant à son intuition, en inventant une raison pour son comportement.
En cas de nécessité
Cet aspect plutôt négatif de l’altruiste que nous venons de peindre ne doit pas cependant ombrer plus que de mesure le tableau. Lorsque la nécessité se fait sentir, l’altruiste agit en réprimandant le héros ou l’héroïne ou alors en se mettant entre le héros qu’il protège et le danger devenu réel.
Gardez à l’esprit que cet archétype peut être aussi une mère aimante qui protège sa progéniture. En fait, ce personnage s’efface pour le bien d’autrui. Il a une fonction consolante ou de conseil. Et ce personnage peut donc être le bienvenu dans la vie du héros et de l’héroïne. C’est un ange gardien au service de celui ou de celle qu’il protège et quelles que soient ses dispositions du moment est toujours prêt à aider.
Et ce n’est pas une aide superficielle. Ce serait même assez souvent intrusif.
Un imaginaire très actif
Ce qui caractérise l’altruiste, c’est que pour ne pas rester lui-même dans l’impossibilité d’agir, il fera preuve d’une inventivité, d’une créativité remarquable. D’autant plus si le chemin est obstrué ou incertain.
C’est un axe de développement pour la création de cet archétype. Et montrer ses efforts (même s’ils sont vains) pour aider le personnage principal à sortir de la situation difficile dans laquelle il se trouve peut non seulement être l’occasion de scènes intéressantes mais aussi appuyer sur les articulations du récit. Par exemple, puisqu’un héros ou une héroïne connaissent toujours un moment de crise profonde au cours de l’intrigue, l’archétype de l’altruiste peut alors venir s’insérer dans ce nœud dramatique afin de le signifier au lecteur/spectateur.
Une aide n’est pas un sacrifice
Néanmoins, l’altruiste ne se met pas en danger lorsqu’il apporte son aide. Le concept de sacrifice est normalement le fait du héros et de l’héroïne. C’est une convention qui représente un risque de confusion si l’autrice et l’auteur souhaitent la briser. Donc, les choix de l’altruiste sont toujours limités par la prise de risque qu’ils représentent pour sa personne.
De ce fait aussi, cet archétype est rarement soumis à un dilemme par sa volonté même de se soustraire à la menace ou à ses responsabilités.
L’aide qu’il apporte n’est pas un engagement. Ce don de soi est une manière d’être mais cela ne signifie pas nécessairement qu’il soit prêt à se dissoudre pour autrui. Par contre, il est prêt à commettre des actes immoraux si la situation l’exige. Même à mentir à l’héroïne ou au héros s’il juge que cela est nécessaire pour leur bien-être.
Et ce qui est intéressant avec cet altruiste, c’est que s’il est bien amené dans le récit, le lecteur/spectateur comprendra l’action immorale dont il use pour apporter son aide. Cette dernière peut être considérée comme la finalité de ce personnage si les exigences de l’intrigue ne requiert pas d’autres aspects pour l’illustrer.
Son passé
D’où peut venir le renoncement qui caractérise l’archétype de l’altruiste ?
Si l’histoire personnelle de ce personnage n’est pas fondamentale dans le développement de l’intrigue, l’autrice et l’auteur peuvent se contenter d’expliquer sa présence par mimétisme : il a connu les affres d’une situation semblable et partage son expérience dans l’espoir de soulager le personnage qu’il soutient. Soit cette attitude altruiste est liée à sa profession. Aider les autres peut être simplement une nécessité pour l’altruiste. Un peu à la manière du bénévole qui consacre du temps à de parfaits inconnus. L’autrice et l’auteur peuvent travailler les raisons qui justifient son bénévolat.
Ses failles
Puisqu’il se protège lui-même des risques, il est possible que dans les moments où le personnage principal aura le plus besoin de lui, l’archétype de l’altruiste lui fasse défaut. L’altruiste peut se montrer parfois très intrusif dans la vie du héros et de l’héroïne et involontairement entraver la bonne marche de ceux-ci vers leur objectif.
Pourrait-on alors envisager de ranger ce personnage parmi les alliés de l’antagoniste ? Comme il se justifie lui-même ses propres actes (surtout en matière de sentiments), le regard de l’autre lui importe peu. Il ne s’interroge pas si sa présence est légitime, si l’autre a besoin de lui. Il s’impose et cela peut être amené à créer une relation conflictuelle.
Et pour l’altruiste, cette intrusion dans la vie du héros et de l’héroïne est une nécessité. Il a peut-être même conscience de la gêne qu’il occasionne. Mais pour lui, son comportement est légitime. Même si parfois le poids de sa présence sur les épaules de l’héroïne et du héros est bien lourd à supporter. La relation qu’il entretient avec eux peut être aussi polluée par des expériences précédentes. L’altruiste projette alors sur le héros ou l’héroïne des souvenirs qui viennent tordre la relation actuelle.
Ce qui est source de conflits.
Quelques exemples :
- Wendy dans Peter Pan. Lorsque Wendy a recousu l’ombre de Peter, celui-ci décide que Wendy devrait prendre soin des Enfants Perdus (y compris Peter).
- L’oracle dans Matrix.
- Sara Connor.
- Dorothy dans Jerry Maguire.
- Mo’at dans Avatar.
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