EVALUEZ VOTRE SCENARIO : L’INTRIGUE (2)

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Nous nous sommes interrogés dans l’article précédent sur la place accordé au protagoniste dans l’intrigue.
EVALUEZ VOTRE SCENARIO : L’INTRIGUE (1)

Continuons avec d’autres éléments dramatiques.

L’INTRIGUE

Y a t-il suffisamment de conflit dans mon intrigue ?

Nous vous renvoyons d’abord à nos articles

DIFFERENCE ENTRE HISTOIRE & INTRIGUE (1)
DIFFERENCE ENTRE HISTOIRE & INTRIGUE (2)

pour bien assimiler la finalité de l’intrigue dans une histoire.

Le conflit est sans nul doute le fondement de toute intrigue. Mais lorsqu’il s’agit d’engager son lecteur, de trouver le moyen de le fasciner, c’est encore en lui faisant la démonstration du combat interne qui boue chez le protagoniste.

Un conflit, c’est un affrontement de deux volontés ou bien encore un choix moral difficile ou encore un combat mental interne chez un individu en proie à des contradictions.

L’action est souvent plus facile à mettre en place : désamorcer la bombe avant qu’elle n’explose, par exemple. Mais ce qui est le plus passionnant à suivre pour un lecteur, c’est de voir comment réagissent les personnages qui ont conscience de l’imminence de la menace.
Comment cette menace influe-t-elle sur leurs comportements ?

Extériorité et intériorité

C’est ainsi que l’on peut concevoir un personnage dans une fiction. L’extériorité, c’est par exemple se rendre d’un point A à un point B (à la base du road movie), de réussir quelque chose avant un moment donné ou simplement se défaire d’une opposition quelconque

La subjectivité, ce qu’il se passe à l’intérieur d’un individu, pourrait être d’apprendre à faire confiance aux autres, à prendre confiance en soi ou bien encore mûrir suffisamment pour prendre enfin ses responsabilités d’être humain…

C’est l’intériorité des personnages qui font l’action qui fascine le lecteur c’est-à-dire l’humanité qui ressort lorsqu’on les observe.

Un dilemme

Un conflit est plus intéressant à observer lorsqu’il mène à la résolution d’un dilemme.
Par exemple, un grand pianiste est blessé au bras. Les circonstances de l’intrigue ont fait que la gangrène s’est installée.

Doit-on l’amputer pour lui sauver la vie mais par le même coup briser cette vie qui perdra alors toute signification pour ce grand pianiste ?
Ou devons-nous accéder à ses supplications, l’achever à l’instant même ?

Un dilemme interpelle aussi le lecteur. Ne le laissez pas dans la simple position de l’observateur. Faites-le participer émotionnellement à l’action.

Le contenu d’une action doit se prêter à une introspection, à l’exploration de valeurs, à une délibération (il y a un choix à faire).

Une question de volonté

La volonté est une faculté de la réalité humaine de désirer et de prendre des décisions pour concrétiser ce désir. Une fiction décrit d’abord la volonté d’un protagoniste, c’est-à-dire sa détermination ou sa ferme résolution, à matérialiser ce désir.

Le héros a donc un but et pour que cet objectif soit valide, il faut qu’il y ait un enjeu.
L’enjeu nourrit la volonté. Le lecteur doit être informé de cet enjeu. Il doit le reconnaître, le comprendre afin de légitimer la volonté du protagoniste.

L’enjeu et l’objectif ne se conçoivent pas l’un sans l’autre. Vous définissez un objectif, vous définissez un enjeu.
Et l’intrigue se chargera de faire la démonstration des actions du protagoniste essayant d’atteindre cet objectif.

Une bonne histoire, en somme, est l’action mutuelle qu’entretiennent l’extérieur (là où l’action a lieu) et l’intérieur (qui décrit le développement d’un personnage).

Des décisions à prendre

Le protagoniste ne peut avancer vers la résolution de l’histoire sans prendre de décisions, sans faire des choix. Ces choix portent en eux du conflit potentiel.

Les types de conflit les plus couramment rencontrés sont

  • L’individu contre ce qui semble être la fatalité ce qui revient à une lutte pour la survie.
  • L’individu contre la société c’est-à-dire contre les institutions (juridique, carcéral, religieuses, politiques… matrimoniale…) et le sens de justice appliquée dans la société mais aussi sur des questions de moralité.
  • L’individu contre un autre individu (ce dernier pouvant être l’incarnation d’une institution qu’il représente).
  • L’individu contre lui-même.
  • L’individu contre les ambitions, les intérêts, les préjugés, la folie ou encore la malveillance de ceux qui l’entourent.
Y a t-il suffisamment de suspense dans mon intrigue ?

Suspense et tension dramatique vont de pair. A l’évidence, afin que soit implantée dans l’intrigue le suspense et la tension dramatique dont elle a besoin, l’intrigue elle-même doit être préparée afin que cela soit possible.

Conflit, intrigue et tension sont irrémédiablement liés

Le fondement d’une intrigue est le conflit. Il faut créer une dynamique entre deux côtés opposés.

Mais qu’est-ce qui fonde le conflit ?
D’abord un protagoniste avec un objectif. Lorsque l’auteur connaît cet objectif, il peut alors disposer sur le chemin de son héros les obstacles qui vont tenter de l’empêcher d’atteindre ce but qu’il s’est fixé.

Et plus les obstacles sont difficiles à surmonter et plus la constance et la fermeté (voire l’obstination) du héros sont éprouvés et renforcés.

La confrontation de ces deux points de vue (celui d’un individu et celui d’une opposition) vont engendrer du conflit. D’un côté, un désir et de l’autre, une force qui va tenter de détruire ce désir.

D’un côté, une volonté de réalisation d’un désir non encore satisfait et de l’autre, une sorte de surmoi qui interdirait ce désir (pour diverses raisons).

Cependant, le désir du héros est secondaire dans l’esprit du lecteur. Ce qui intéresse ce dernier, c’est le personnage. L’auteur doit donc se débrouiller pour créer une empathie du lecteur envers son personnage principal.
Celle-ci installée, le conflit peut alors générer de la tension et du suspense car le lecteur est préoccupé par ce qui arrive au héros.

La tension est donc une anticipation de ce qui va arriver au héros. Tandis que le conflit est la base de l’intrigue, la tension est ce qui maintient l’attention du lecteur. C’est ce qui lui donne l’envie de continuer à lire.

Le but du héros et le conflit crée une question dramatique. Globalement, le lecteur veut savoir si le protagoniste réussira ou non à réaliser son objectif.
Dans une romance, ce serait par exemple de savoir si l’héroïne réussira à épouser ce garçon qu’elle poursuit depuis le début de l’histoire.

Et la réponse à la question qui se fait attendre tout au long de l’intrigue est ce qui engendre de la tension dramatique. Il faut, cependant, plusieurs sources de tension pour raviver l’attention du lecteur constamment.
Ainsi, d’autres questions dramatiques sont soulevées au niveau d’une scène, d’une séquence.

Pour compléter ces explications, vous pourriez être intéressés par :

sur l’empathie :

sur la tension dramatique :

Installer le suspense dès la séquence d’ouverture

Analysons l’opening scene de Psycho de Joseph Stefano d’après Psycho de Robert Bloch.

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Elle débute avec ce qui semble être le centre-ville d’une ville moderne. Des immeubles et des rues fréquentées occupent l’écran.
C’est une scène du quotidien avec rien de particulièrement intéressant à observer et en conséquence de cela, le lecteur/spectateur aimerait voir quelque chose de plus passionnant, quelque chose qui sorte de l’ordinaire.

Puis des cartons apparaissent sur les images successivement indiquant le lieu, la date et jusqu’à l’heure exacte. Immédiatement, dans l’esprit du lecteur/spectateur toujours en alerte d’un problème à découvrir, se crée l’espoir que quelque chose d’inhabituel va se produire ou s’est produit à ce moment précis.

Ensuite, la façade monotone d’un hôtel apparaît et remplit tout l’espace. Les stores vénitiens sont tous identiques et fermés. La teinte est pratiquement monochrome.

Au premier étage, cependant, un store est à moitié fermé et plonge sur un espace sombre. Ceci interpelle l’attention du lecteur/spectateur qui se concentre sur ce point noir et le mouvement de la caméra lui donne satisfaction en pénétrant ce lieu sombre.

Et cette satisfaction positionne le lecteur/spectateur dans l’expectation qu’il va assister à des problèmes. Cette séquence s’avère très efficace en matière de tension dramatique induite.
Elle joue tout à la fois sur des stimulations mais aussi sur des frustrations en ne satisfaisant pas immédiatement l’attente du lecteur/spectateur.

Pour compléter le sujet de l’opening sequence :

Autoriser le lecteur à reprendre son souffle

Ne cumulez pas les moments de crise les uns après les autres. Après chaque montée en tension, il doit y avoir un relâchement pour permettre aux personnages et au lecteur de reprendre leur souffle.
Mais toutes les expériences sont possibles.

Pour compléter ce paragraphe, nous vous conseillons fortement la lecture de LE GRAND HUIT DE LA TENSION

Action et émotion

L’action doit être conjointe à l’émotion. Celle-ci ajoute une tension à la scène. Si votre héros doit achever l’un de ses amis avant qu’il ne devienne un zombie, qu’il le fasse avec des larmes dans les yeux.
Son geste prendra immédiatement une ampleur qui ajoute à la tension de la scène ainsi qu’au suspense de ce geste suspendu prêt à donner un coup de grâce.

A lire :
INTRIGUE & HISTOIRE : DIFFERENCES

Jouer avec les tensions naturelles

La théorie narrative Dramatica a identifié 8 archétypes que l’on retrouve fréquemment dans les fictions. Ces archétypes constituent des paires dynamiques comme le protagoniste et l’antagoniste. Entre ces deux-là, il y a effectivement une tension naturelle à chacune de leur rencontre.

Mais d’autres personnages par leurs fonctions dans l’histoire offre aussi une opportunité pour créer de la tension. L’intersubjectivité qui s’installe entre les personnages est souvent source de tension et de suspense quant à l’issue de la scène.

Dramatica n’est qu’une proposition qui peut vous aider à solutionner les problèmes de relations entre vos personnages.
Elle identifie trois types de relations à l’œuvre dans une fiction : le type structurel qui définit les relations basées sur les fonctions des personnages dans l’histoire (comme le protagoniste et l’antagoniste).

Le type situationnel qui éclaire sur la nature des rapports qu’entretiennent les personnages entre eux (mariage, subordination, enfants, voisins, amis…) et le type émotionnel qui définit l’état de la relation entre deux personnages (de la haine à l’amour, de la méfiance à l’estime…).
Ce dernier type est appelé à évoluer au cours de l’intrigue.

Trois types de tension sont alors possibles : conflictuel lorsque, effectivement, la rencontre de deux personnages est assurément ponctuée par une opposition. Ce n’est pas forcément de l’agressivité. Un simple empêcheur de tourner en rond est en soi une opposition.

Le partenariat est une second type de relation. Les traits de caractère de deux personnages vont alors se compléter, s’amplifier les uns les autres. Cette forme de compagnonnage crée de la tension quant à l’issue de la situation dans laquelle ils sont tous deux impliqués.
La finalité de leurs actions respectives bien que ne s’opposant pas ouvre la voie vers des possibilités ce qui rend incertaine la solution. Cela crée du suspense.

Le troisième type de relations est la dépendance. Deux personnages dépendent l’un de l’autre. Ou bien s’explique l’un l’autre. Cette relation de dépendance est intéressante à travailler car elle transcende les dualités.
Considérons les principes du bien et du mal. Nous pouvons présupposer que le bien et le mal sont deux entités distinctes. Ou bien nous pouvons admettre que ces deux principes sont constitutifs d’un seul concept : le bien ne peut exister sans le mal et réciproquement.

On ne peut expliquer l’un sans la présence de l’autre.
Ainsi deux personnages sont dépendants lorsque leurs traits de caractère manifestent un contraste, une sorte de contradiction qui explique cependant leurs agissements. Leur présence dans une situation crée de la tension car tout comme le partenariat, elle rend incertaine l’issue.

Ces tensions naturelles sont à exploiter par l’auteur. Elles enrichissent l’intrigue parce qu’elles ne sont pas seulement fondées sur de l’action pure mais sur des rapports sociaux.

La scène au service de l’intrigue

Une scène ne devrait pas seulement servir au développement des personnages. Pour vous assurer qu’une scène n’est pas hors sujet ou simplement juger de sa valeur dans le tout, vivez là mentalement du point de vue de chaque personnage qui y participe.

Ressentez leurs émotions.
Gardez à l’esprit qu’à chaque action (une attitude, un geste, une réplique…), il y a une émotion. Lorsqu’une scène est véritablement dans l’intrigue, cela donne l’envie au lecteur de continuer à lire. Simplement pour savoir ce qu’il y a ensuite.

Pour ce faire, il suffit de s’assurer de quelques astuces. Comme de terminer une scène au moment où une décision doit être prise.
Ce choix qui est sur le point d’être fait fera avancer l’intrigue. Si vous suspendez momentanément la décision, vous positionnez votre lecteur dans l’attente. Il reste accroché à l’intrigue.

La scène peut aussi se terminer par un événement majeur qui donne un tour nouveau à l’intrigue. Ou bien, elle peut se clore sur l’annonce de quelque chose de terrible. Le pire va-t-il se produire ?
Une intrigue est faite d’obstacles et d’épreuves. Elle se nourrit de l’adversité. Et celle-ci doit être significative de votre thème.

L’émotion est partie prenante du suspense. Lorsqu’une scène se termine par un gros déploiement d’émotions, vous prenez votre lecteur à la gorge.
Et vous pouvez aussi soulever une question à la fin d’une scène sans apporter de réponse immédiate. L’intrigue ensuite se chargera d’y répondre.

Concernant les scènes, nous vous conseillons la lecture de 

Suivez votre thème

Le thème est un compas. Suivre votre thème vous garantira que la tension dramatique sera cohérente tout au long de l’intrigue. Tout doit être lié dans un scénario. Tout doit faire sens.

Pour une approche du thème, nous vous renvoyons à 

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