DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (20)

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Nous avons vu précédemment qu’il existait quatre dimensions pour inventer un personnage.
Ces quatre dimensions sont constitués de 16 éléments de caractérisation chacune. Soit au total 64 éléments de caractérisation.

Pour la dimension MOTIVATION, vous pouvez vous référer à nos articles :

  1. DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (11)
  2. DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (12)

Pour une approche des autres dimensions, reportez-vous à DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (16)

Et plus en détail :

La table des matières : DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE

Continuons le chapitre 9.
Chacune des dimensions du personnage contient 16 éléments. Chaque dimension est considérée comme un jeu d’éléments. Les quatre jeux d’éléments forment un échiquier de 8 X 8 cases comme illustré ci-dessous :

Dramatica

Une bonne approche du contenu de cet échiquier et des relations qu’entretiennent les dimensions entre elles est de les observer à travers les personnages archétypaux.
Pour découvrir les personnages archétypaux au sens de Dramatica, vous pouvez vous reporter à  DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (6)

En commençant avec le jeu d’éléments de la dimension MOTIVATION, lorsque nous superposons les 8 personnages archétypaux, un motif archétypal apparaît comme illustré par la figure ci-dessous :

Dramatica

Ce motif archétypal formé par le jeu d’éléments de la dimension MOTIVATION illustre la cohérence et l’équilibre des éléments de caractérisation.
Dans chaque quaternité de 4 éléments, les entrées qui sont placées diagonalement les unes par rapport aux autres offrent le plus grand potentiel conflictuel parce qu’elles sont des exactes opposés. Par exemple, Pursuit est l’opposé de Avoid. En conséquence, lorsque nous positionnons le protagoniste sur la motivation Pursuit, on peut s’attendre à ce que l’antagoniste représente Avoid.

Pour vous remémorer les éléments de caractérisation de la dimension MOTIVATION, nous vous conseillons la lecture de :

  1. DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (9)
  2. DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (10)

De même, si nous positionnons l’archétype Reason sur Logic, il est sans surprise que l’archétype Emotion se positionne en Feeling puisque cet élément se situe diagonalement vis-à-vis de Logic.
En fait, chaque paire d’archétypes qui présente une relation diagonale générera les plus grandes dynamiques entre les deux archétypes concernés. C’est pourquoi Dramatica nomme ces deux éléments en opposition diagonale une  Paire Dynamique.

Maintenant, si nous considérons le jeu d’éléments (de caractérisation) de la dimension METHODOLOGY, une évidence s’impose. Puisque ces éléments de la dimension METHODOLOGY sont aussi arrangés en Paires Dynamiques, nous pouvons simplement dupliquer le modèle archétypal du jeu d’éléments de la dimension MOTIVATION et les personnages archétypaux représenteront les méthodes qu’ils incarnent dans le récit.

Dramatica

Par exemple, un protagoniste qui est motivé par Pursuit emploie une méthodologie de Proaction et un Skeptic qui est motivé par Oppose emploiera une méthodologie de Non-acceptance.

Encore une fois, nous vous renvoyons aux articles précédents pour une définition précise de ces éléments de caractérisation. Dramatica peut paraître ardue au premier regard, mais l’effort consenti sera bénéfique à votre projet d’écriture.

Le modèle archétypal s’applique sur les quatre dimensions. Ainsi, un protagoniste qui sera motivé (MOTIVATION) par Pursuit utilisera une méthode (METHODOLOGY) de Proaction, évaluera (EVALUATION) ses progrès par Effect (c’est-à-dire concrètement) et s’efforcera d’accomplir Actuality comme but (PURPOSE).
Chacun des personnages archétypaux suit le même motif à la fois pour ses caractéristiques externes et internes avec pour résultat un alignement des éléments de caractérisation dans les quatre dimensions.

Les motifs dimensionnels complexes

Beaucoup de récits tendent à accentuer une dimension au détriment des autres. Les motivations (dimension MOTIVATION) d’un personnage sont souvent les plus proéminentes. Pourtant, beaucoup d’autres récits comparent les méthodes (dimension METHODOLOGY) utilisées par les personnages, questionnent leurs buts (dimension PURPOSE) ou porte le message qu’un moyen d’évaluation (dimension EVALUATION) est en fait la cause du problème.
Certains personnages deviennent célèbres pour des caractéristiques autres que leurs motivations comme ce fameux détective qui emploie une méthodologie de Deduction (naturellement le fait de l’archétype Sidekick et non celui du protagoniste).

Connaître les quatre dimensions ajoute un niveau de versatilité dans la création de personnages complexes.

Concernant les personnages complexes, nous vous enjoignons à lire :

  1. DRAMATICA ; LA THEORIE EXPLIQUEE (13)
  2. DRAMATICA ; LA THEORIE EXPLIQUEE (14)
  3. DRAMATICA ; LA THEORIE EXPLIQUEE (15)

Les personnages peuvent être archétypaux dans une dimension mais tombés dans des motifs complexes dans une autre. Un personnage peut avoir trois motivations qui le font agir et pourtant se battre pour un unique but (PURPOSE) qui satisfera ces trois motivations (c’est du moins ce qu’il espère).
Certains personnages pourraient ne pas être du tout représentés dans une ou plusieurs dimensions, les rendant ainsi à la fois plus complexes et moins… sculptés. Pour que l’argument d’une histoire soit total, cependant, les 64 éléments de caractérisation doivent être représentés et distribués parmi les personnages.

L’argument d’une histoire peut être considéré comme le cours d’un raisonnement logique et émotionnel dans un cadre fictionnel. Il est destiné à démontrer une approche particulière de la vision d’un auteur ou d’une autrice de manière à ce que leur point de vue laisse peu de place au lecteur et à la lectrice pour le réfuter ou le rejeter. L’autrice et l’auteur peuvent ainsi démontrer que l’approche qu’ils décrivent dans leur histoire peut être bonne ou mauvaise.

Un point important doit être gardé à l’esprit : à moins qu’un personnage représente au moins un élément de caractérisation, il ne remplira pas de fonction dramatique. Il sera donc utilisé seulement pour les besoins de l’intrigue (comme un figurant en quelque sorte).

Qu’y a t-il dans une paire ?

Finalement, nous pouvons utiliser l’échiquier des éléments de caractérisation pour apprendre plus de choses sur les relations entre les personnages.
Dans chaque quaternité d’éléments, nous trouvons non seulement des Paires Dynamiques (en diagonale) mais aussi nous pouvons apparier les éléments horizontalement et verticalement.

Dramatica

Les éléments horizontaux sont appelés Companion Pairs et les éléments verticaux sont des Dependent Pairs.
Chaque type de paires décrit un type différent de relation entre les éléments et par conséquent entre les personnages qui les représentent.

En plus des trois types de paires, nous pouvons considérer chaque élément de caractérisation comme un composant individuel et le comparer à la nature globale de la quaternité elle-même.
Cette approche au niveau du composant décrit la différence entre un élément donné et son appartenance à la famille d’éléments dans laquelle il réside (c’est-à-dire sa quaternité). Ainsi le degré d’individualité du personnage qui représente cet élément à l’intérieur du groupe peut être exploré.

Les Paires Dynamiques décrivent les éléments de caractérisation avec la plus grande opposition l’un vis-à-vis de l’autre.

Lorsque deux forces opposées se réunissent, elles créent soit une relation positive, soit une relation négative. Elles peuvent former une synthèse et créer quelque chose de plus grand que la somme des parties ou elles peuvent simplement se déchirer mutuellement jusqu’à ce qu’il ne reste rien (une relation destructrice).

A l’intérieur d’une quaternité, une des Paires Dynamiques indiquera une relation positive et l’autre une relation négative. Cela dépendra d’autres facteurs dynamiques de l’histoire. Par exemple, si l’histoire l’exige, et concernant la quaternité qui unit le protagoniste et l’antagoniste dans la dimension MOTIVATION, l’élément de motivation Consider du protagoniste et l’élément de motivation Reconsider de l’antagoniste entretiennent une relation destructive alors que les éléments de motivation de la même quaternité qui unit l’archétype Reason (Logic) et l’archétype Emotion (Feeling) construiront une relation positive par la dynamique qui s’opérera entre Logic et Feeling.

Les Compagnon Pairs contiennent les éléments de caractérisation qui sont les plus compatibles.

Cependant, juste parce qu’ils sont compatibles, n’évite pas une relation négative. Dans une Companion Pair positive, chaque personnage suivra son propre chemin, côte à  côte. Ce que l’un d’entre eux n’a pas besoin, il l’offrira à l’autre (c’est un impact positif).

Dans une Companion Pair négative, un personnage pourra sans scrupule utiliser ce dont l’autre a besoin. Ils ne sont pas l’un contre l’autre comme dans une Paire Dynamique négative mais interfèrent avec leurs efforts respectifs (c’est un impact négatif). Par exemple, dans la dimension METHODOLOGY, l’archétype Reason pourrait à travers son élément de caractérisation Probability interférer avec l’élément de caractérisation Certainty du protagoniste en créant du doute sur la détermination (ou la volonté) de celui-ci. Leur relation dans le cadre de cet accompagnement mutuel vers la réussite de l’objectif est alors négative.
Mais si Reason à travers son raisonnement appuie sur la légitimité des choix du protagoniste, s’il parvient à le rassurer en justifiant les choix qu’il fait (preuve à l’appui car Reason ne fournit pas seulement un soutien moral), alors leur relation d’accompagnement sera positive. Nous sommes dans un domaine éminemment subjectif. Ne croyez pas que la théorie narrative Dramatica cherche à généraliser les choses. Son intention est de vous indiquer des clés pour gérer au mieux votre créativité lorsqu’elle s’applique à la fiction.

Les Dependent Pairs sont les plus complémentaires.

Dans un sens positif, chaque personnage fournit la force pour compenser les faiblesses de l’autre (c’est une coopération). Ensemble, ils forment une équipe puissante.
Dans son incarnation négative, la relation qui unit une Dependent Pair décrit une dépendance réelle dans le sens où chaque personnage requiert la présence (plus ou moins symbolique) de l’autre afin de progresser.

On pourrait par exemple se demander en quoi Production est dépendant de Deduction ? Reprenons les définitions telles que nous vous les avons données dans notre article DRAMATICA ; LA THEORIE EXPLIQUEE (17)

Fort de ces définitions, nous pouvons nous livrer à une interprétation (parmi d’autres). Admettons que Deduction soit tournée vers le passé et qu’elle justifie le moment présent. Production, dans ce cas, pourrait envisager les possibilités auxquelles la situation actuelle pourrait aboutir.
Incarnée chez l’archétype Sidekick, Deduction pourrait alors rassurer le protagoniste (ou l’antagoniste d’ailleurs) et lui donner confirmation de la validité de ses choix.

Indépendamment de sa fonction archétypale, le Contagonist qui représente Production pourrait alors envisager des solutions alternatives que le protagoniste pourraient suivre. Mais rattrapé par sa fonction dans l’intrigue, le Contagonist pourrait proposer en toute innocence des possibilités qui pourraient mener le protagoniste vers l’erreur.
Ce qu’il faut retenir est que le sidekick et le Contagonist travaillent de paire dans leurs actions. L’un réagit en fonction de l’autre. Ensuite que l’un vampirise l’autre est affaire de l’auteur et de l’autrice.

Considéré comme composant, on peut décrire la nature d’un élément en comparant sa relation aux autres éléments de sa quaternité.

D’un côté, les personnages individuels qui incarnent chaque élément de la quaternité peuvent être vus comme un groupe interdépendant. Les personnages travaillent ensemble en quelque sorte. Le groupe est ainsi vu comme plus grand que les personnages individuels qui le composent, au risque de nuire à l’individualité (ou à l’identité) de ses membres.

Cet aspect possible est cependant contrasté en identifiant les diverses natures de chaque personnage dans la quaternité. Ils appartiennent certes au même groupe mais ils sont indépendants les uns des autres. Si nous reprenions notre exemple ci-dessus entre le Sidekick et le Contagonist, il est possible de ne pas les considérer comme une Dependent Pair mais simplement comme deux composants qui n’ont absolument aucun rapport entre eux. Vu sous cet angle, les personnages sont alors remarqués pour leurs caractéristiques distinctes au risque de perdre de vue leurs intérêts communs.

En résumé

Les relations dynamiques sont les plus familières aux auteurs, simplement parce qu’elles génèrent le plus évident type de conflit. Les Companion Pairs et Dependent Pairs sont tout le temps employées sans fanfare parce qu’avant Dramatica, il n’y avait pas de terminologie pour les décrire.

Vu comme composants, les éléments de caractérisation sont très utiles à l’autrice et à l’auteur parce qu’ils permettent aux personnages d’un groupe d’être évalués à l’intérieur comme à l’extérieur d’un contexte.

En construisant leurs personnages avec réflexion et acuité, l’auteur et l’autrice peuvent utiliser la position des éléments de caractérisation dans l’échiquier pour forger des relations qui seront dynamiques dans une dimension tout en étant Companion ou Dependant dans d’autres.

Les personnages créés avec Dramatica représentent à la fois les éléments structuraux du Story Mind et de ses techniques de résolution de problèmes et l’échange dynamique entre ces techniques. Pour une approche du Story Mind, nous vous renvoyons à : DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (3)

Nous avons donc souligné quatre dimensions de caractéristiques, chacune développant un aspect particulier pour chacun des 8 archétypes.
Chacun des archétypes peut être subdivisé en éléments de caractérisation internes et externes résultant en un total de 16 éléments dans chaque dimension. Au total, il y a 64 caractéristiques pour les quatre dimensions avec lequel nous pouvons construire nos personnages.

Les personnages complexes peuvent être créés en sortant du modèle archétypal et de ses relations.

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