SYD FIELD ET LA NOTION DE SCENE

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Pour Syd Field, ce sont les scènes qui font un bon scénario. Elles sont tout simplement l’élément le plus important. C’est en elle que quelque chose de spécifique se produit. Elle porte l’action dramatique (de la comédie au tragique). Ce sont dans les scènes que vous racontez votre histoire.

La scène a deux fonctions

Elle a pour but soit de faire avancer l’intrigue soit de révéler des informations cruciales sur un personnage. Pour Syd Field, si l’une au moins de ces deux fonctions n’est pas assumée, alors elle est inutile et doit être supprimée du scénario.
Concevoir une scène relève de la seule responsabilité de l’auteur et de l’autrice. Vous pouvez lui donner la durée que vous souhaitez. Elle peut servir de transition entre les lieux et les moments de l’histoire. Elle peut contenir seulement des dialogues ou être de pure action.

C’est le récit en fin de compte qui décide de la longueur d’une scène (et partant, de son contenu). Il est donc logique que sa durée réponde aux exigences de récit . Tant que l’histoire est racontée, les conditions de l’existence d’une scène s’imposent d’elles-mêmes.

Une structure, certes, mais flexible

La structure est indispensable pour bien raconter. Et elle n’aliène nullement la créativité.

Une structure en trois actes fonctionne bien. Mais même si l’on entend souvent que cette structure se décompose en 25 % – 50 % – 25 %, ce n’est qu’une indication. Rien ne vous interdit à ce que votre acte Un fasse 35 % de vos pages si cela est nécessaire pour conter votre histoire.

Tout comme pour l’incident déclencheur. Vous pourriez l’intégrer au cours de l’acte Un (tout comme la lettre d’invitation à Poudlard que remet finalement Hagrid à Harry) ou avant même que l’histoire commence (comme dans Juno où Juno est tombée enceinte avant le début du récit, c’est-à-dire dans l’histoire elle-même du récit).

Vous avez seulement besoin d’un début, d’un milieu et d’une fin. C’est un guide. Maintenant, votre intuition doit vous donner les scènes que vous devez écrire et celles qui ne le méritent pas.

La forme

La forme d’une scène, c’est un lieu spécifique et un temps spécifique. Elle se produit à un endroit précis à un moment précis. Ces deux composants essentiels et nécessaires inscrivent les choses dans un contexte.
Les lieux sont infinis et peuvent être intérieurs comme extérieurs.

L’autre élément est le temps. A quel moment de la journée ou de la nuit la scène se déroute-t-elle ? Tout est une question de description, en fin de compte. Et c’est cette description que vous devriez définir avant de construire votre scène. Vous devez connaître le contexte.
Car une scène dépend de son contexte. Vous changez le contexte, vous changez la scène. Par exemple, dans la séquence d’ouverture de Chinatown, Gittes reçoit Curly dans son bureau. Nous sommes dans une unité de temps, de lieu et d’action. Lorsque Gittes raccompagne Curly, l’action se déplace à la réception. Nouveau lieu donc nouveau contexte. Et nouvelle scène qui apporte son lot d’informations.

Notez cependant que la scène du bureau avec Curly puis celle où la fausse Madame Mulwray vient louer les services de Gittes forment la séquence d’ouverture.

La structure d’une scène

La flexibilité se retrouve aussi dans la construction. La forme se dessine généralement en un début, un milieu et une fin. Ces trois articulations peuvent s’inscrire linéairement. C’est-à-dire que l’action se déroule toute entière en une unité de temps.

Cette unité de temps n’est pas la durée. Car la durée peut être fragmentée et répartie tout au long du récit. Dans Chinatown, la scène de la rencontre entre Gittes et la fausse Madame Mulwray a lieu dans la séquence d’ouverture. Elle débute en fait dans cette séquence mais elle se conclut à la fin du récit.

Vous pourriez avoir ainsi une action initiée dans l’acte Un qui se continue dans l’acte Deux et se termine dans l’acte Trois. Ou bien encore intervertir  les articulations. Dans Thelma et Louise, on voit une scène qui débute par Thelma s’enfuyant d’un magasin. Louise demande ce qu’il se passe et la scène continue par une caméra de surveillance montrant Thelma braquant le magasin.
Puis la police visionnant la bande vidéo (un événement qui prend place dans le futur de l’action).

Puis nous revenons au temps présent de la narration avec Thelma et Louise toujours en fuite.

Une information à la fois

Lorsqu’une scène est censée éclairer un personnage, elle le fait au moyen d’une information. Fournir plusieurs informations dans la même scène est généralement confus. Et cela casse le rythme.

A propos d’information, l’analepse (le flashback, même s’il est délicat à manier) est une technique narrative qui sert à développer la compréhension du récit, des personnages ou de la situation. L’analepse est d’abord destinée au lecteur/spectateur.

Et bien qu’elle se situe par définition dans le passé, l’analepse fonctionne comme une scène : soit elle fait avancer l’histoire, soit elle révèle une information importante sur les personnages.

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