JOHN TRUBY : L’HISTOIRE – PART 2

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Nous avons commencé à étudier lors d’un précédent article , ce que John Truby disait de l’histoire dans The Anatomy Of Story.

Pour souligner la mauvaise approche que prennent parfois (ou souvent) les auteurs et les autrices, voici comment John Truby résume le processus le plus facile (parce qu’il est de la nature humaine d’aller d’abord vers la facilité) quand il s’agit de se mettre à écrire.

L’auteur a une idée, une prémisse pour son histoire qui est certainement une vague copie d’une prémisse qui existe déjà. Ce n’est pas un plagiat, l’idée puise dans l’idée de quelque chose d’autre.
Ou alors, il a combiné deux histoires en une seule (peut-être même sans s’en rendre compte) et il pense que son histoire est originale alors que ce n’est pas le cas puisqu’il n’a pas créé quelque chose de nouveau à partir d’un existant.

Ce n’est pas une opération alchimique pour obtenir une matière nouvelle, c’est une combinaison dont l’appartenance des éléments qui la constitue est clairement visible.

Les éléments de la fiction

Ayant compris l’importance d’un personnage principal, il incarne celui-ci en un héros qu’il affuble mécaniquement d’autant de traits de caractère possibles et se garde la possibilité d’un changement dans la personnalité du héros ou de l’héroïne au cours de la dernière scène.

L’antagoniste et les personnages secondaires sont pour lui des personnages faibles et inférieurs au héros donc ils sont pauvrement dépeints ne leur accordant pas (car il est incapable d’aller au-delà de la fonction) toute la richesse qu’il mérite (gardez à l’esprit qu’un héros est souvent défini par celui qui s’oppose à lui, qui remet son statut de héros en question).

Quant au thème, l’auteur ne souhaite pas aborder la question trop frileux d’être accusé d’envoyer un message.
Pourtant, une histoire fonctionne ainsi : un thème pose une question universelle (c’est une problématique partagée par le plus grand nombre) et l’auteur apporte sa réponse personnelle à ce thème (c’est son message).

Un auteur devrait toujours prendre ses responsabilités et assumer ce qu’il a à dire et la manière dont il le dit. Concernant ce point, John Truby ajoute que lorsque l’auteur tient à communiquer son message, il emploie là aussi une solution de facilité, à savoir qu’il l’exprime par les dialogues (ce qui pour Truby est un mauvais choix).

Pour s’assurer d’un succès, l’auteur situe son monde de fiction généralement là où son lectorat se sent bien (que ce monde soit réel ou imaginaire). Ce n’est pas un problème en soi sauf si le monde est effectivement dicté par des soucis de lectorat et non des choix personnels de l’auteur ou de l’autrice.
Le lectorat devient une nécessité et l’auteur se pliant à cette nécessité perd en créativité.

Le déroulement de l’intrigue

Du point de vue de la construction de son histoire, il se préoccupe d’une seule chose : Qu’est-ce qu’il se passe ensuite ?
Il choisit habituellement une structure en trois actes mais oublie de lier les événements sous la surface. Une relation de cause à effet est souvent indispensable dans les œuvres de fiction.

Le hasard est de même proscrit sauf dans l’incident déclencheur où il est généralement accepté. Comme il n’y a pas eu de véritables réflexions sur la nature et la survenance des événements, ceux-ci apparaissent trop aléatoires supportés par des scènes dont on recherche vainement la signification et dont nous ne parvenons pas à justifier la présence dans l’histoire ce qui fragilise d’autant plus celle-ci.

La galère du second acte est une réalité pour tous les auteurs. Cependant, celui qui choisit la facilité s’embourbe encore plus et ne parvient jamais à comprendre pourquoi son histoire ne réussit pas à construire un climax puissant apte à bouleverser le lecteur.
Quant aux dialogues, ils ont pour seule fonction de faire avancer l’intrigue en les centrant seulement sur le conflit et rien que sur le conflit, sur ce qui’il se passe en actions dans la scène finalement.

John Truby propose pour éviter cette mauvaise approche de travailler son histoire de l’intérieur. Pour lui, cela signifie deux choses :
1) Votre histoire doit vous être personnelle.
Nous avons commencé à étudier lors du précédent article, ce que John Truby disait de l’histoire dans The Anatomy Of Story.  L’histoire est une sorte de projection, de transfert de l’auteur.
2) Trouver et développer ce qu’il y a d’original dans votre idée (même si celle-ci vous a été inspirée par d’autres idées).

Afin de répondre à ces deux exigences, Truby insiste sur un certain nombre de notions.

La prémisse

La prémisse est toute votre histoire condensée en une seule phrase (ou deux). On doit percevoir dans la prémisse l’essence de votre histoire et c’est à partir de la prémisse que vous développerez votre fiction en distillant ce qu’il y a de plus pure, de plus original dans votre idée initiale.

Plus sur la prémisse :

Une structure en 7 étapes clefs

Il doit exister une force sous-jacente à l’œuvre dans une histoire, une palpitation qui mène le personnage principal à connaître une évolution, à devenir meilleur à la fin de l’histoire. Pour John Truby, développez son histoire en 7 points clefs procure une fondation stable et solide pour permettre à la fois l’avancée de l’intrigue et l’évolution de son personnage principal.

Les personnages

Les personnages seront créés non pas au petit bonheur mais parce que l’idée (affinée lors de la prémisse) les réclame. Chaque personnage sera étudié selon ses relations aux autres. Aucun personnage ne peut être justifié si sa présence n’illumine pas la psyché d’un autre personnage.

Par exemple, la part d’ombre en chacun de nous est aussi chez nos personnages. Dans un scénario, il faut montrer. Dans un roman ou une nouvelle, il est facile pour l’auteur de pénétrer l’intimité psychique de ses personnages, de dire au lecteur ce qui’il se passe à l’intérieur d’un personnage.
Pour l’auteur ou l’autrice d’un scénario, cette part d’ombre ne peut être communiquée que par les actions. Les actions bien pensées peuvent alors permettre d’éclairer cette part d’ombre et expliquer le comportement d’un personnage dans telles ou telles circonstances.

Les personnages doivent aussi avoir une fonction précise. Cette fonction sert essentiellement à aider au développement du héros. L’usage des archétypes peut être alors d’un grand secours.

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Concernant les archétypes :

 Le thème ou argument moral

Pour John Truby, le thème est votre point de vue sur la façon dont les gens devraient agir dans notre monde. Mais vos personnages ne devraient pas être les porte-paroles de votre message.
Le thème sera inhérent à l’idée. L’idée d’une histoire et le thème de celle-ci sont deux choses distinctes.

L’idée serait la forme et le thème qu’elle exprime serait alors le fond. Sous cet angle, un même fond peut alors être exprimée sous différentes formes ainsi un thème peut être véhiculé par des idées différentes.
Et sous l’angle pratique, c’est par le biais de la structure que sera exprimé le thème. Nous reviendrons aussi ultérieurement sur cette conception du thème par John Truby.

Quelques articles sur le thème :

Le monde de votre histoire

L’univers fictionnel de votre histoire ne doit pas être le fruit d’un calcul mais être le prolongement naturel de votre héros. Le contexte dans lequel évolue vos personnages permet de les définir mais, surtout pour le héros ou l’héroïne, les données nouvelles de son environnement au fil de l’histoire permettent d’exprimer les conditions de son évolution, de sa transfiguration au cours de l’histoire.

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Le tissu symbolique

Le tissu symbolique est un concept que nous n’avons vu jusqu’à présent que chez John Truby. Pour lui, c’est un kit (ou un outil dramatique) de significations hautement compressées.
Truby utilise cet outil dramatique pour mettre en lumière et communiquer différents aspects des personnages, du monde de l’histoire et de l’intrigue.

Sur ce sujet :  LE SYMBOLE COMME OUTIL DRAMATIQUE

L’intrigue

L’intrigue croît par vos personnages. John Truby table sur 22 étapes (les 7 étapes clefs vues ci-dessus) plus 15 autres.
Le principe est de concevoir une intrigue dans laquelle tous les événements sont liés sous la surface et de construire cette intrigue de façon à obtenir une fin surprenante mais néanmoins logique.

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