JOHN TRUBY : L’HISTOIRE – PART 1

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Pour John Truby, ce que devient un personnage au cours de l’histoire, son évolution, est ce que le lecteur retiendra de cette histoire. Ce processus d’évolution du personnage s’exécute sous l’histoire et se manifeste seulement par les personnages et leurs actions.
Comment ce changement dans l’individu a t-il lieu ?

Par le désir. Le désir est la poussée sous-jacente au changement. Quel que soit le côté par lequel on le prenne, le désir est ce qui fait avancer le monde. Tout être vivant conscient est poussé par un désir qui l’incite à agir dans une certaine direction et non une autre.
Une histoire ne fait rien d’autre que de tracer ce que veulent ses personnages, ce qu’ils feront pour l’obtenir et le prix qu’ils auront à payer pour l’obtenir.

A la recherche de soi

Pour John Truby, le fonctionnement d’un personnage pourrait se résumer à agir et à apprendre.
Un personnage qui poursuit un but intervient dans l’histoire pour obtenir ce qu’il veut et au fur et à mesure des obstacles et épreuves rencontrées, il apprend de nouvelles choses (sur lui-même, sur l’intrigue, sur d’autres personnages). Quoi qu’il en soit, les nouvelles informations dont le personnage prend soudainement conscience lui permettent de découvrir de meilleures façons d’obtenir ce qu’il veut, de se rapprocher de son but. A chaque fois qu’il apprend, il prend de nouvelles décisions ce qui change le cours des choses.

Un personnage qui a un désir et qui est gêné par la situation, les circonstances ou d’autres personnages pour combler ce désir devra se battre (souvenez-vous pas de conflit, pas d’histoire).
Ce combat insuffle l’énergie nécessaire au changement. Le travail de l’auteur et de l’autrice consiste donc à présenter ce changement chez son personnage ou à illustrer pourquoi ce changement n’a pas lieu.

Ce changement connu aussi comme l’arc dramatique d’un personnage se manifeste différemment selon le moyen de communication employé.
John Truby distingue :

  • Les mythes qui ont tendance à décrire l’arc le plus large de la naissance à la mort ou bien de l’animal au divin.
  • Le théâtre qui met en avant le moment de décision du personnage principal. C’est ce moment qui indique le changement, la prise de conscience.
  • Le scénario de court ou long-métrage qui met l’accent davantage sur un changement dans la personnalité d’un personnage qui accomplit un but et qui fait preuve d’une grande intensité dans cette recherche personnelle.
    Le changement porte sur un aspect, l’objectif est parfaitement délimité.
  • La nouvelle préfère se pencher sur quelques événements qui mèneront le personnage vers une découverte de soi, la nouvelle joue sur l’introspection.
  • Le roman dépeint comment une personne interagit et change avec et dans la société ou un environnement donné ou bien prend le temps de décrire précisément les processus mentaux et émotionnels qui mènent à ce changement.
    Il est dans la nature du roman de pénétrer avec le lecteur dans l’intimité de l’âme des personnages, d’entendre ce qu’ils pensent et ressentent.
  • La fiction pour la télévision montre plusieurs personnages (surtout lorsqu’il s’agit d’une série) dans un environnement dont les frontières ne sont pas très étendues (délimitant des espaces au confinement assumé) qui se battent et changent simultanément.

L’idée derrière un changement est de montrer l’impact que ce changement a sur le personnage. Celui-ci a vaincu ses faiblesses et les démons qui le hantaient. Le personnage est devenu meilleur à la fin de l’histoire qu’il ne l’était au début. La fin de l’histoire nous montre une version psychologique et morale meilleure du personnage et c’est ce que nous recherchons (car sinon, nous nous sentons frustré et rejetons l’histoire. C’est peut-être pour cela que la tragédie laisse un goût amer dans l’esprit).

LE CORPS DE L’HISTOIRE

Une histoire est composée de plusieurs parties qui s’assemblent, se nourrissent mutuellement, fonctionnent ensemble pour donner un Tout, c’est-à-dire l’histoire telle qu’elle est perçue. Cette perception du Tout est différente des parties qui le compose.

John Truby nomme ces parties comme des sous-systèmes (elles méritent en effet ce terme car chaque partie offre une complexité qui fait sa richesse).
Ces sous-systèmes sont les personnages, l’intrigue, le monde de l’histoire, l’argument moral de celle-ci (c’est-à-dire son thème), le jeu de symboles qu’elle véhicule, la manière dont sont tissées les scènes dans l’histoire,

Truby distingue même les scènes ou les séquences qui sont dédiées aux révélations (surtout à l’intention du lecteur). Tout élément dramatique, en fait, qui participe à l’élaboration d’une histoire, d’une fiction. C’est ainsi que l’on parle d’éléments dramatiques parce qu’ils se différencient des éléments qui interviennent par exemple dans un documentaire.

Pour conserver la métaphore du corps, la structure en serait le squelette et les scènes, la chair qui le recouvre. Ce qu’il est important de bien comprendre est que chacun des éléments dramatiques n’est légitime que s’il s’articule dans des relations avec les autres éléments.

L’auteur ne doit donc pas se contenter de créer un élément dramatique s’il n’envisage pas, dès sa création, les relations que cet élément particulier entretiendra avec les autres éléments.
Imaginez le héros et le méchant de l’histoire : l’un et l’autre sont définis par rapport à l’un et à l’autre. Ils font aussi partie tous les deux d’un réseau qui aide à les définir et à les différencier.

LE MOUVEMENT INTERNE DE L’HISTOIRE

John Truby considère l’histoire comme un ensemble organique dont les événements décrits sont connectés dans le temps en une séquence dont l’ordre des éléments qui la compose (aux choix de l’auteur) peut être de différents types :

Le type linéaire

Le type linéaire implique que les événements se succèdent les uns après les autres selon une trajectoire rectiligne. Le lecteur n’a pas de choix à faire quant à quel événement il souhaite voir apparaître dans le cours de l’histoire. Ce sont les personnages qui ont des dilemmes dont la résolution oriente l’histoire par les choix qu’ils font, .

Les histoires linéaires sont celles que l’on rencontre le plus souvent. Elles consistent généralement à suivre un personnage principal du début à la fin. Un des rouages fondamentaux d’une structure linéaire est que les événements ne peuvent survenir sans que leur justification ne soit énoncée d’une manière ou d’une autre.
Les actions du héros, par exemple, puiseront à la source de son passé pour trouver ce qui les justifient (d’où la nécessité de lui établir une succincte biographie expliquant sa vulnérabilité).

Une histoire linéaire se concentre sur un héros unique qui poursuit un désir particulier avec une force incroyable, une motivation indéfectible et surtout incoercible. Cela permet de créer une tension dramatique passionnante. Selon John Truby, le lecteur est le témoin de l’histoire de ce héros ou de cette héroïne et de leur quête et comment cette quête les change en un être meilleur.

Le type sinueux

Le type sinueux implique que l’histoire suit un chemin tortueux. Le héros a un objectif à accomplir, un besoin à combler mais c’est moins important que dans le type linéaire.
Ce désir (du moins l’objectif) tel qu’il est décrit lorsque l’histoire emprunte une trajectoire sinueuse ne constitue pas une poussée très puissante qui force le héros dans une direction et ne l’autorise pas à dévier du chemin imposé comme dans le type linéaire.

Don Quichotte, Huckleberry Finn ou Little Big Man utilisent ce type de structure non-linéaire. Ce qui est intéressant est que le personnage principal est amené à rencontrer de nombreux personnages qui appartiennent peut-être à la vie du héros mais qui cependant n’ont aucune relation entre eux puisqu’ils appartiennent à des moments différents de la vie du héros.

La spirale

John Truby distingue la spirale telle qu’elle apparaît dans Memento qui alterne une ligne de temps chronologique et une ligne de temps dans un ordre chronologique inversé. L’idée est que le personnage principal est accroché à un événement singulier ou bien à un souvenir et qu’il y retourne  pour l’explorer progressivement de plus en plus profondément.

Un autre type de structure est celui qui renvoie une apparence de simultanéité. Pulp Fiction, American Graffiti relèvent de cette structure. C’est une combinaison en fait de linéarité et de simultanéité ; l’idée est que l’histoire mette l’accent sur des personnages qui existent ensemble dans un monde alors que la structure linéaire développe un seul personnage du début à la fin.

La seconde partie de cet article :
JOHN TRUBY : L’HISTOIRE – PART 2

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