COMPLETE STORY & DRAMATICA

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Lorsque l’on plonge dans le monde compliqué de la narration, on aboutit en fin de compte à la conclusion que les histoires ne sont qu’une question de résolutions de problèmes.

Les concepts que l’on retrouve dans toutes les histoires (personnages, intrigue, thème…) sont tous développés comme des moyens de communication de la pertinence ou du manque de pertinence de l’approche utilisée pour résoudre ces problèmes.
Lorsque que cette communication s’opère correctement, l’histoire se retrouve chargée de sens et pas seulement l’histoire, le moindre élément qui la compose est chargé de sens.

Le sens

Le sens dépend du contexte. Par exemple, je vois le monde d’une certaine façon. De mon point de vue, de ma perspective, je sais que j’ai raison.
De votre côté, vous avez votre propre point de vue, votre propre perspective sur le monde et vous savez aussi qu’ils sont justes.

Ces deux contextes (nos propres perspectives) sont fondamentalement différents. Le sens, la signification que nous donnons au monde dérivent du contexte dans lequel nous sommes. Le sens dérive de la perspective que nous adoptons sur les choses.

Dans le cadre de nos histoires et de nos vies, il existe 4 perspectives qui apportent chacune du sens selon leur propre contexte :

  • JE
  • TU
  • NOUS
  • EUX

dramatica_les4Perspectives

 Dans notre quotidien, nous pouvons facilement choisir l’un de ces 4 contextes afin de réaliser un objectif ou simplement pour se sentir mieux vis-à-vis d’une situation donnée.
Cependant, nous ne pouvons assumer d’envisager les choses sous les 4 perspectives simultanément.

Lorsque nous sommes personnellement impliqué dans un problème, nous sommes dans le contexte du JE. Nous pouvons aussi percevoir le point de vue opposé au nôtre dans le contexte du TU.

Nos relations avec les autres se situent dans le contexte du NOUS.
Par contre, il ne nous est pas possible d’avoir une vue objective de nous-mêmes. On ne peut sortir de soi et nous voir lorsque nous nous débattons dans notre problème.

Inversement, lorsque nous observons les autres, nous avons un point de vue objectif sur eux. Nous sommes dans le contexte du EUX.

Nous pouvons avoir une relation avec eux, nous sommes alors dans la perspective du NOUS et avoir un point de vue opposé et différent d’eux et nous sommes alors dans la perspective du TU.

Cependant, nous ne pouvons pas être eux. Nous ne pouvons pas être à la fois objet et sujet. Nous ne pouvons avoir à la fois un point de vue objectif et subjectif sur une situation donnée.
MAIS LES HISTOIRES LE PEUVENT.

Une question de perspective

Si vous considérez le problème principal du récit, il vous apparaîtra différemment selon la perspective dans laquelle vous vous placerez pour l’observer.

L’approche suivie par un personnage, par exemple, peut lui sembler tout à fait pertinente pour résoudre le problème que soulève l’histoire alors que pour un autre personnage, cette approche sera tout à fait inappropriée.

C’est seulement lorsqu’on examine le problème sous les 4 perspectives que l’on est finalement capable d’appréhender quelques vérités sur le sujet et que du sens se révèle à nous sans part d’ombre.

Comme un récit peut et devrait exposer les 4 points de vue, il offre ainsi une expérience unique pour son lecteur.
Lorsqu’un récit couvre les 4 perspectives, son argument (d’aucuns le nomme le concept, problème ou prémisse) est réputé complet et l’histoire dans son ensemble fonctionne apportant du sens.

Comment un récit peut-il explorer les 4 perspectives ?

Dramatica met en avant 4 lignes dramatiques que cette théorie nomment Throughlines. Les 4 points de vue ou perspectives correspondent chacun à une Throughline.

Le point de vue du JE correspond à une ligne dramatique personnelle comme si le lecteur pouvait appréhender personnellement le problème du personnage principal, ce que Dramatica appelle la Main Character Throughline (ou ligne dramatique du personnage principal).

Le lecteur a ainsi une vue subjective de l’histoire. Il la voit de l’intérieur.
Dramatica utilise l’idée d’un soldat dans un champ de bataille. Nous percevons cette bataille par les yeux du soldat qui la vit. L’expérience de cette bataille est personnelle et nous nous identifions au soldat par empathie. Nous ressentons intimement ce que ce soldat éprouve c’est-à-dire que nous partageons les sentiments et les émotions de ce soldat qui se trouve au cœur de la bataille.

La perspective du TU s’accorde avec une vue opposée ou différente du problème. Dramatica a déterminé qu’il existe souvent un personnage dont le point de vue, différent de celui du personnage principal, permet d’influencer ce dernier, d’avoir un impact sur le personnage principal et de créer un jeu d’interactions entre le personnage principal et ce personnage spécifique.

C’est ainsi que ce dernier fut dénommé Influence Character ou encore Impact Character ou dans un premier temps Obstacle Character car le point de vue différent de cet Influence Character est de montrer une voie autre pour solutionner le problème du personnage principal.

Contrairement à l’antagoniste (qui est une fonction, c’est-à-dire un archétype au sens de Dramatica) qui cherche à empêcher le personnage principal de réaliser son objectif, l’Influence Character retarde ou cherche à détourner le personnage principal de son objectif.
Il est important de comprendre que l’antagoniste pourrait être cet Influence Character. L’Influence Character est subjectif alors que l’antagoniste est objectif. Ainsi, n’importe quel personnage de l’histoire autre que le personnage principal pourrait être Influence Character.

Par conséquent, il ne cherche pas nécessairement à lui nuire mais simplement tente de lui démontrer qu’il y a une autre manière de résoudre son problème (que cette autre façon de faire soit juste ou non importe peu).

Souvent, le méchant de l’histoire est aussi l’antagoniste de choix pour un personnage principal. Les actions du méchant force le héros à faire face à ses problèmes.
Un Influence Character fait de même : il force le personnage principal à prendre en charge, à assumer son problème. Mais une histoire sera plus riche si l’antagoniste et l’Influence Character sont deux personnages distincts (mais ce n’est pas une obligation).

Les interactions

Comme il existe des relations entre les personnages, la perspective du NOUS décrit l’arc dramatique (ou ligne dramatique ou évolution ou mouvement) de ces relations c’est-à-dire l’évolution des relations entre les personnages.

Comme la relation la plus intéressante est entre le personnage principal et l’Influence Character (qu’il soit ou non antagoniste), cette ligne dramatique est considérée comme une Main/Influence Characters Throughline (c’est-à-dire la ligne dramatique entre le personnage principal et l‘Influence Character).

Mais il peut (et ce serait même préférable) d’avoir dans l’histoire des intrigues secondaires (ou B Stories).
Les relations entre les personnages sont au cœur de toute histoire. Elles apportent une émotion que ne fournissent pas les autres Throughlines.

La perspective du EUX permet d’avoir une vue d’ensemble de l’histoire. Dramatica compare ce point de vue à celui d’un général qui observe le champ de bataille du haut d’une colline. Il a donc une vue d’ensemble de ce qui se passe.

Le point de vue du EUX décrit l’intrigue (on la nomme aussi la A Story). Comme l’intrigue avance, elle suit son propre arc dramatique d’où l’appellation par Dramatica de Overall Story Throughline.
Cette Overall Story Throughline permet de montrer le problème de l’histoire, d’illustrer la prémisse qui la sous-tend.

Et si les 4 points de vue ne sont pas abordés ?

Dans ce cas, l’histoire est réputée incomplète, par exemple :
Lorsque la Main/Influence Characters Throughline n’est pas développée, l’histoire manque de cœur, d’âme.

monstersVsAliens_SusanMonstres contre Aliens de Rob Letterman et Conrad Vernon manque cruellement de cette Throughline. Susan, le personnage principal, gère toute seule son problème. Il n’y a pas d’Influence Character qui puisse rehausser son problème, lui permettre d’insuffler de l’émotion à travers le développement de ce problème.
Bien sûr, il y a cette interaction avec le Docteur Cafard au cours du premier acte, mais cette relation ne sera pas suivie au cours du récit.

Merci à ceux qui me soutiennent déjà.
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