LA VOIE ROYALE DU LECTEUR : LE PROTAGONISTE

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Le lecteur s’immerge dans l’histoire non par l’action mais plutôt par un personnage spécifique que l’on appelle le personnage principal et qui est bien souvent aussi le protagoniste, c’est-à-dire celui qui fait avancer l’histoire jusqu’à son climax et son dénouement.

Comme la théorie narrative Dramatica, nous distinguerons le personnage principal et le protagoniste en sorte que le protagoniste n’est pas nécessairement le dépositaire de l’empathie du lecteur. En effet, il est possible que le lecteur se contente d’observer et de juger les faits et gestes du protagoniste mais lorsqu’il s’agit de partager l’expérience de l’histoire, ce sera par l’intermédiaire du personnage principal.
Evidemment, si votre histoire n’exige pas que vous sépariez le protagoniste du personnage principal, ils seront alors une seule entité.
Ce qui est intéressant avec un personnage principal, c’est qu’il voit le monde fictif non pas de manière objective mais il se saisit de ce qui peut apparaître comme un chaos d’une manière bien plus subjective, c’est-à-dire comment ce chaos apparent l’affecte personnellement.
Par exemple, dans The Impossible, Lucas est le personnage principal et son père est le protagoniste. En effet, le protagoniste est arc-bouté sur un objectif. Henry Bennett recherche sa famille. C’est ce qui fait progresser l’intrigue. Néanmoins, c’est à travers les yeux de Lucas que nous expérimentons cette histoire et c’est encore ce personnage que nous voyons grandir de cette terrible épreuve.

Le personnage principal, avatar du lecteur

Les événements qui se déploie au cours de l’intrigue ne sont pas véritablement significatifs. Ce qui incite le lecteur à tourner les pages, c’est ce que ces événements signifient pour l’un des personnages.
Nous observons les événements alors que nous participons effectivement à l’histoire par personnage interposé. Nous ressentons ce qu’il se passe au moment même où le protagoniste éprouve lui aussi en son âme les événements qui se produisent dans l’histoire.

Le héros (pour Dramatica, un héros est à la fois le protagoniste et le personnage principal) a un problème extérieur à résoudre (le Story Goal de Dramatica).
Nous pouvons comprendre ce problème qu’il doit confronter mais si nous n’avons aucune idée du pourquoi ce Story Goal importe pour le héros, nous resterons somme toute assez neutre vis-à-vis de l’histoire.

Au contraire, si nous percevons que ce problème extérieur au héros provoque en lui un autre combat bien plus intime, alors nous nous accrocherons à l’histoire. Ou plutôt l’histoire s’emparera de nous.
Ce combat interne et personnel lie les événements en surface au progrès et à l’évolution du personnage au cours de l’intrigue.

Ces événements font sens lorsqu’ils expliquent le personnage. Ses réactions et pourquoi il réagit ainsi face aux événements nous apportent des informations capitales sur sa véritable nature que nous voyons se révéler au cours de l’intrigue.
Les événements ne peuvent être posés là seulement pour enluminer l’histoire. Ils ne font sens que parce qu’ils sont organisés autour du personnage principal. C’est par eux que nous pouvons suivre l’évolution personnelle du héros et voir la chenille devenir papillon.

Et c’est précisément cette transformation du héros qui nous maintient dans l’histoire. Par exemple, ce qui nous intéresse dans La Belle et la Bête, c’est de voir comment la Bête se transforme (voire se transfigure) au contact de Belle.

Connaître son protagoniste

Il est important de planifier son histoire avant de commencer véritablement à l’écrire. Vous posséderez ainsi une sorte de carte qui vous évitera de digresser un peu trop de votre intention initiale. Mais gardez à l’esprit que le protagoniste est l’un des moteurs qui propulse l’histoire.

Votre prémisse a donné une idée générale de qui sera au centre du problème. Mais elle n’a fait que dessiner quelques contours sur un personnage. Il est encore un mystère et s’il y a un personnage qui doit être clairement défini à la fois dans l’esprit du lecteur et dans celui de l’auteur, c’est bien le personnage qui est au centre de l’histoire.

Un postulat doit être établi dès maintenant : le personnage principal est un personnage qui lutte pour accéder à la connaissance de lui-même. Considérons ceci comme un axiome pour orienter notre histoire.
Pour rester pratique, l’auteur ne doit pas se contenter d’inventer un personnage avec des traits de caractère suffisamment flexibles pour y greffer n’importe quel personnage qui lui passe par la tête. Il a besoin au contraire d’un personnage spécifique.

Et cette spécificité peut s’obtenir en réfléchissant au passé de son personnage. Un passé qui a fait de cet être de fiction ce qu’il est lorsque nous le découvrons au moment de son exposition dès l’acte Un. Cela revient à considérer que toutes les choses (bonnes ou mauvaises) que nous avons accomplies dans nos vies nous ont mené à notre présent.
Ainsi, un personnage de fiction est la somme des événements qui se sont produits dans sa vie d’avant l’histoire. En fait, certains seulement, les plus marquants, afin qu’ils fassent sens avec ce qui constituera la faille majeure de la personnalité du personnage.

Un défaut dans la cuirasse que le héros devra combler. Et c’est de le voir ainsi se battre contre lui-même tout en comprenant le sens de ce combat qui nous fascine tant dans une histoire.
On peut s’interroger aussi sur la raison qui fait que notre personnage principal soit nécessairement une victime de son passé. Ou bien pourquoi doit-il être équipé de croyances qui seraient de flagrantes erreurs. Mais c’est peut-être simplement parce qu’une œuvre de fiction est d’abord une œuvre dramatique.

Qui est-il ?

C’est la question à laquelle il faut impérativement répondre. Que le protagoniste soit jeté dans une situation qui soit la cause de son problème, qu’il soit meurtri par ses peurs ou que ses désirs l’aveuglent, ce n’est pas tant ce qu’il lui arrive qui compte.

Ce qui compte, c’est de savoir qui il était avant que les choses dans le présent de l’histoire lui arrivent. Parce que ce que va faire l’intrigue sur ce protagoniste, c’est qu’elle va le changer.
Pour l’auteur, cette partie importante de son histoire est un véritable défi. Cette transfiguration de son héros ne sera pas une chose facile à mettre en place.

Vous pourriez avoir plusieurs personnages en tête. La question devient encore plus précise parce que vous devez vous interroger sur ce que vous souhaitez communiquer à votre lecteur. Qui sera ce personnage dont le changement de personnalité ou de point de vue sur le monde pourra incarner au mieux votre message ?

Parce que toutes les décisions de votre protagoniste au cours de l’intrigue sont exactement l’intrigue. Ce n’est pas les situations dans lesquelles il est jeté qui créent une histoire. Ces situations et les événements par lesquels il passe souvent malgré lui doivent avoir une signification en regard de l’évolution du personnage.
Si un événement n’aide pas le personnage à évoluer et ce peut être très subtil, c’est qu’il ne convient pas à cette histoire. Autant le conserver pour écrire autre chose.

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