CE QUE VEUT LE PERSONNAGE

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Voici quelques conseils de Neil Gaiman à propos du personnage. Ce qu’un personnage veut et ce dont il a besoin est le moteur de l’histoire. Sa volonté et la nécessité règlent sa conduite, ce qui ouvre vers des conflits moraux qui s’avéreront probablement assez fascinants à observer voire à y participer.

Du coup les événements, les relations entre les personnages, tout est lié, tout se rapporte d’abord au personnage. Le personnage est la source, la cause, le devenir.

Un personnage plus ou moins prononcé

En fiction, on distingue deux types de personnages. Il y a ceux qui se décrivent par quelques traits. Ils sont faciles à reconnaître car ils possèdent seulement une ou deux caractéristiques qui servent l’histoire.

Et puis, il existe des personnages bien plus complexes. Et ils demanderont un travail de recherche plus approfondi par l’auteur.

Comment le lecteur perçoit-il la complexité d’un personnage ? Par ses motivations à agir. La difficulté qu’aura le lecteur à comprendre les motivations d’un personnage, plus ce personnage le fascinera.

L’auteur fera donc un véritable effort dans l’élaboration de ses personnages les plus complexes en les rendant plus difficiles à comprendre.

Pour les besoins de la démonstration, nous confondrons désir et motivation. Ce sont deux concepts qui peuvent être néanmoins étudiés séparément dans le développement d’un personnage.

Donc pour construire un personnage, il sera utile de :

  • Considérer que la motivation apparaît dans les choix que l’on fait. Plus la décision sera difficile à prendre et plus vous révélerez la nature profonde de votre personnage.
  • Prendre en compte que les questions de bien et de mal sont essentiellement subjectives. Le choix peut être vu comme un bien par celui qui le fera et comme un mal pour autrui. C’est une question qui appelle toujours une réponse personnelle.
    Un auteur devrait donc bien connaître ce qu’il se passe dans la tête de ses personnages, d’étudier leurs croyances et comment un personnage peut-il justifier ses actes même les plus cruels.
  • Travailler sans cesse le conflit. Le conflit est essentiel dans le développement des personnages. L’enjeu est une raison conflictuelle souvent suffisante qui assure que les choix d’un personnage auront des conséquences pour lui-même ou pour l’histoire. Le conflit est aussi un facteur important du maintien de l’intérêt du lecteur.
  • D’intensifier le conflit au cours du déploiement de l’histoire. La pression mise sur un personnage deviendra de plus en plus pesante. Car le fardeau qui pèse sur les épaules d’un personnage rendra légitime ses choix et les réponses qu’il donnera aux événements ou dans les situations dans lesquelles vous l’aurez jeté.
    C’est ainsi qu’un personnage évoluera au cours de l’histoire. C’est précisément ce qui forme son arc dramatique c’est-à-dire comment et pourquoi doit-il évoluer.

Quelques exercices

D’abord sur des situations (ou circonstances) :

Le but est de contrer le lecteur, de le prendre à contre-pied sur ce qu’il croit attendre de la scène. Pour cet exercice, ne cherchez pas à développer votre personnage. Décrivez la situation et le twist au dénouement de la scène qui surprendra votre lecteur.

  1. Lors d’une réception, un homme parle avec une superbe femme. Ce qu’il veut semble évident. Néanmoins écrivez cette scène sans révéler la véritable intention de l’homme ou bien si vous préférez que l’attirance de l’homme pour la femme soit évident, faites en sorte d’en révéler une motivation surprenante, c’est-à-dire que le lecteur n’aurait jamais pu imaginer par lui-même.
  1. Un homme est allongé au sommet d’une colline et observe quelque chose à travers la lunette de visée de son fusil.
  1. Un couple en tenues de mariage sont dans une voiture.
  1. Un bambin joue dans un bac à sable près de sa nounou.
  1. Assises toutes deux sur un banc dans un parc, deux vieilles femmes tricotent.
  1. Une jeune fille grimpe le long d’une colline avec un homme juste quelques mètres derrière elle.

Des situations précédentes est nécessairement apparu un personnage. Considérez le personnage qui occupe le plus votre pensée. Rapprochez-le d’une personne ou des traits de personnalité de plusieurs personnes que vous connaissez.

Ces morceaux de personnalité peuvent être récupérés dans tous les individus qui vous viennent à l’esprit. Et des personnages fictifs (légendaires ou d’autres auteurs) peuvent participer à cet imaginaire.

En quelques lignes, décrivez ce que veut ce personnage.

Puis, écrivez une conversation ou bien créez une situation où ce personnage ne peut pas avoir ce qu’il veut. Ajoutez d’autres personnages si nécessaire pour justifier cette situation.

Vous commencerez celle-ci in media res, c’est-à-dire lorsque l’action a déjà commencé comme par exemple au milieu d’une lutte (verbale ou autre).

L’idée de cet exercice est que vous parveniez à sentir les détails qui permettront au lecteur de comprendre ce qu’il se passe dans la scène sans que vous ayez à alambiquer une situation.
Ce qui compte, c’est que tout soit réglé par des personnages qui veulent des choses différentes.

Et ce n’est pas tant qu’ils ne peuvent pas avoir ces choses qui sont d’ailleurs souvent à leur portée. L’obstacle est que les choses voulues par des personnages différents se percutent.

Pour Neil Gaiman, toutes les fois qu’un personnage veut quelque chose et qu’un autre personnage cherche autre chose et que ces deux choses s’excluent mutuellement et bien sûr, ces choses se télescoperont un moment ou un autre, vous avez une histoire.

Un personnage n’est pas un bloc

Avoir recours à un archétype pour élaborer un personnage peut grandement aider l’auteur à définir ses personnages. Il faut seulement s’assurer que ceux-ci ne sont pas construits sur une unique motivation mais plutôt leur attribuer un ensemble de motifs explicitant un comportement, une conduite, des choix et des décisions.

En chacun de nous et il en sera de même avec nos êtres fictifs, il y a un côté sombre (chacun donnera le sens qu’il veut à cet aspect obscur de nos personnalités) qui porte des désirs inconscients.
Pour chaque désir dont on a pleinement conscience, il existe peut-être en dedans de nous un désir contraire. Ainsi peuvent s’expliquer des comportements surprenants qui emmèneront le personnage dans des directions dont il aura bien du mal à prévoir les conséquences.

Caractéristique importante pour ne pas rendre son texte trop prévisible par le lecteur. Mais surtout pour donner à son personnage une profondeur magique telle Clarice Starling qui doit faire confiance à un serial killer (Hannibal Lecter en l’occurrence) pour l’aider à capturer un autre tueur dans Le silence des agneaux (en 1988).

Mais sous l’apparente répulsion de Clarice envers Lecter, il y a aussi une admiration tout aussi puissante qui est bien proche de l’obsession d’ailleurs.
On peut comprendre ce sentiment complexe, cette passion qui étreint Clarice par la nécessité de sa profession. Il lui faut comprendre la psychologie de Lecter.

Mais il y a plus. Chez Clarice, il existe ce sentiment qui la pousse à se rapprocher de Lecter voire à l’émuler. Et cette idée presque spontanée de reproduire un geste qui pourtant l’horrifie est si forte que nous n’en aurons la réponse que dans la séquelle Hannibal parue en 1999 lorsque les deux personnages fuient ensemble.

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