D’abord, il ne faut pas penser à une série comme une longue… longue histoire mais plutôt comme une foule de petites histoires. Alors que l’arc dramatique des personnages est au cœur d’un scénario de long-métrage, paradoxalement, ce serait davantage le moteur narratif qui retiendrait l’attention du spectateur.
Et quel est ce moteur narratif ?
C’est la situation problématique initiale pour les personnages principaux et qui possède le puissant élan pour créer une nouvelle histoire à chaque épisode.
Bien entendu, l’arc dramatique sera travaillé tout au long des saisons mais c’est avant tout ce moteur narratif qui doit préoccuper l’auteur.
Il doit être en mesure de générer une histoire qui prend un épisode entier pour être résolue. Et chaque histoire sera une variation ou une extension du problème fondamental initiées dès le pilote.
Une histoire
Le scénario d’un long métrage a tendance à se focaliser sur un personnage principal. Celui-ci a un problème, osons le mot, existentiel. Puis il est frappé par un événement (l’événement déclencheur) qui va le mener à se fixer un objectif dans cette histoire.
Alors il va se mettre à poursuivre ce but et les choses vont se compliquer, s’avérer difficiles et urgentes tout au long de l’intrigue.
Et le troisième acte nous apporte une résolution.
Un épisode n’est pas très différent. Il débute par un problème ou une crise que les personnages doivent résoudre pour retrouver le statut quo (bien que celui-ci ne soit pas très satisfaisant sinon vous coupez le moteur narratif).
Pour résoudre ce problème particulier, les choses ne seront pas faciles et c’est ce qui rend passionnant de suivre cet épisode.
L’histoire devrait s’inscrire dans un genre familier au spectateur. Il a besoin de retrouver les conventions du genre qu’il apprécie mais il a aussi besoin de les voir sous un autre jour.
Et bien que les défis de relations interpersonnelles conflictuelles s’inscrivant dans un réseau de personnages (et chacun d’entre eux voulant quelque chose qui lui importe) sont partie intégrante d’une série, la préférence du spectateur va d’abord vers quelque chose de plus léger.
Il se passionnera certainement pour l’évolution des personnages mais ce n’est pas cela qui le décidera d’emblée à suivre une série. A la télévision, le divertissement prend souvent le dessus.
Un arc dramatique beaucoup plus lent
Dans un long-métrage, le personnage principal possède un arc dramatique qui illustre son évolution au cours de l’histoire qui se concrétise à la fin vers une sorte de guérison de son âme blessée.
Mais dans une série (du moins tant que l’épisode final de la série ne soit créé), les personnages tendent à être sensiblement identiques à eux-mêmes d’épisodes en épisodes avec les mêmes désirs et besoins insatisfaits.
Et ce, malgré les expériences qu’ils vivent au-travers de circonstances toujours changeantes. Ce qui compte dans une série, c’est davantage de poursuivre des objectifs apparemment inatteignables. Et les problèmes que cette quête soulève.
Le but devient une description. Il n’est plus une satisfaction possible à laquelle le personnage aspire. Il est une sorte d’artifice qui permet de décrire des personnages, ce qu’ils sont. C’est davantage une exploration de l’être humain et comment il est amené à résoudre des problèmes qui sont spécifiques à tel ou tel personnage au gré des épisodes.
C’est pourquoi le pilote (habituellement) montre comment les personnages centraux en arrive à se retrouver dans une situation commune même s’ils sont concernés par des lignes dramatiques différentes.
