TROIS PHASES DE DEVELOPPEMENT D’UNE HISTOIRE

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Ecrire n’est pas simple. On peut utiliser des outils narratifs éprouvés, respecter une structure narrative tout en conservant sa spontanéité. On peut réussir à bien écrire mais ce n’est pas simple.
Il y a tellement de variables en jeu et tellement de façon de les accommoder qu’il y a virtuellement un potentiel infini d’aboutissements, de résultats, de dénouements…
Une histoire fluide, facile à lire est on ne peut plus loin que facile à écrire. On ne surmonte pas les problèmes que rencontrent l’auteur par pur hasard. Pratique de l’écriture, certes, mais aussi le respect des forces narratives à l’œuvre dans une fiction.
Ces forces narratives sont le produit d’une séquence d’événements majeurs et mineurs qui s’inscrivent dans un modèle architectural (une structure) fondamental à l’efficacité des histoires.

Ces forces, ces puissances sont toutes relatives à la cause non aux effets. Ces principes premiers qui n’ont pas besoin d’être expliqués sont déjà contenus en germes dans l’idée de l’histoire.
Rien n’est dû au hasard, rien n’est accidentel. Ces forces même si elles échappent au lecteur doivent exister. Si elles viennent à manquer, l’histoire sera déstructurée et ses chances de voir son scénario mis en images et en scènes amoindries.

Trois phases comme méthode

Pour comprendre les forces qui sont à l’œuvre dans un scénario, le processus de développement de l’histoire peut se faire en trois phases. Elles sont parfois concomitantes mais respectent cependant une hiérarchie :

  1. La recherche
    La toute première phase juste après que l’idée ait surgi. Cette recherche aboutit à un concept et puis à une séquence d’événements qui décriront l’histoire.
  2. La conception
    C’est lors de cette phase que doit apparaître la structure.
  3. Le processus d’écriture du premier draft.

La découverte et l’approbation des nœuds dramatiques, du contexte et des situations et du texte sous-entendu (allégories, paraboles, symboles) se font lors de la recherche.
Cette recherche se poursuit au moment de la conception car de nouvelles idées peuvent advenir et une structure efficace parvient toujours à intégrer de nouvelles idées en cours de route et à les affiner pour un impact maximal.

Le libre-arbitre étant une donnée qui doit être préservée, vous pouvez bien sûr commencer par l’écriture et remonter à une nouvelle et meilleure idée mais en fait, ce qu’il se passe vraiment, est qu’une première idée aspire à quelque chose de plus efficace, de plus profond.

Et cette aspiration naturelle de l’idée à être transcendée est inspirée par une recherche continuelle (et peut-être même inconsciemment) de l’auteur parce qu’il sent en son for intérieur qu’il peut encore développer l’idée.

Pourtant il risque d’y avoir un problème en commençant par l’écriture et découvrir de nouvelles idées. C’est que les scènes que vous écrirez à la lumière de vos nouvelles idées seront certainement suffisantes en regard de ce que vous écrivez maintenant mais celles qui ont été écrites antérieurement ne fonctionneront plus.
Et si elles ne fonctionnent plus, c’est parce que vous vous dirigiez ailleurs alors que vous les écriviez.

A la recherche des forces narratives

C’est la raison pour laquelle il est préférable que dès le départ, vous écriviez dans le contexte d’une idée et d’un concept qui possèdent en eux les forces narratives qui se déploieront au cours de l’histoire. C’est ainsi qu’une réécriture ne consiste pas à changer quelques scènes ici et là mais plutôt à tout reprendre comme si vous écriviez votre scénario pour la première fois mais avec une connaissance plus précise, une expérience pourrait-on dire.

Ce questionnement permanent sur votre sujet vous permet de prendre conscience de réponses, de décisions que vous pouvez tester et rejeter si nécessaire.
Il vous permettra aussi d’embellir au moment de la réécriture certains moments de votre histoire dont vous n’aviez pas d’abord jugé de la réelle pertinence. Vous allez ajouter de la valeur aux moments clefs de votre histoire et vous profiterez de tout ce que la structure peut vous apporter.

Donc,  lors de la réécriture, vous devrez certainement supprimer des scènes (voire des séquences entières) parce que ce que vous écrirez maintenant occupera l’espace récupéré d’une manière plus appropriée à votre propos, à votre idée, à votre message.

Il est important d’identifier les forces qui feront de votre histoire une réalité car cette réalité ne peut se contenter d’une vision informe et incertaine.
Vous devez les rechercher, les découvrir, les mettre en forme dans un ensemble structuré et ordonné (au travers d’une séquence d’événements logiques et non aléatoires même si ces événements sont présentés dans un ordre chronologique bouleversé) puis de détailler les scènes qui constitueront ces événements.

Ces trois phases (recherche, structure et construction) s’exécutent au fil des réécritures et de la planification de votre histoire. En effet, si vous planifiez votre histoire (en faire un synopsis, par exemple, avant le processus d’écriture proprement dit), vous pouvez révéler les forces inhérentes à votre idée et comprendre comment vous pouvez mieux les utiliser.

La planification comme boussole

Planifier son histoire a aussi l’avantage de savoir où l’on va et de ne pas encourir le risque de se perdre en cours d’écriture. Cela a aussi l’avantage de faire remonter à la surface des problèmes éventuels de structure.

Notre intention n’est pas de faire l’apologie d’un travail préparatoire en amont de votre histoire mais plutôt de mettre en place les outils qui devraient permettre de détecter les forces qui se cachent dans votre idée (si celle-ci n’en possède pas, changez d’idée).

Etre en recherche, en questionnement permanent sur son projet implique que lorsque de nouvelles idées émergeront, vous devrez prendre le temps de reprendre votre synopsis ou le plan de votre récit et les modifier selon le contexte de cette idée que vous avez estimée meilleure.

C’est l’essence même de cette recherche incessante lorsqu’on écrit. S’engager dans un processus d’écriture ne signifie pas que tout est arrêté, définitif. Il faut être ouvert et ne pas hésiter à refaire ce qui doit être refait. En effet, avoir de nouvelles idées, c’est écrire de meilleurs moments que ceux qui sont déjà en place.

Avoir des idées nouvelles est une opportunité pour ajouter de la valeur à votre scénario à condition que l’idée soit meilleure.

Comment sait-on qu’une idée est meilleure ?

Puisqu’elle ajoute de la valeur, interrogeons-nous sur cette valeur. Lorsqu’un concept mène à plus de tension, plus de conflit, un enjeu plus important, on peut dire qu’il ajoute de la valeur au scénario. C’est précisément cela les forces en jeu à un moment donné : celles qui augmentent la tension, la possibilité de conflits, les enjeux pour le personnage.

Mais aussi l’idée qui permet de renforcer l’empathie envers le héros (il faut bien qu’il y ait une énergie indicible quelque part qui incite le lecteur à trouver le héros encore plus sympathique ou le méchant de votre histoire encore plus effrayant).

Ce peut être aussi une idée qui viendra enrichir votre thème ou ce peut être l’idée d’un symbole qui agira de manière sous-jacente pour appuyer votre thème ou votre message.
Vous pourriez avoir de nouvelles idées sur le parcours que suit votre héros, le rendre encore plus proche du lecteur qui pourrait y voir une certaine reconnaissance avec ses propres expériences, le rendre plus universel tout en lui conservant son originalité.

Vous pourriez aussi avoir l’idée d’un objectif revu et corrigé pour le personnage principal, voire carrément lui faire changer d’objectif afin que cet objectif soit encore plus inévitable et inexorable avec des conséquences encore plus dramatiques s’il échoue.

Une idée qui viendrait changer votre incident déclencheur afin que le bouleversement qu’il occasionne dans la vie du héros soit mieux perçu par le lecteur ou modifier un nœud dramatique afin de propulser l’histoire au moment où elle en a le plus besoin.
Vous pourriez avoir aussi de nouvelles idées pour améliorer les scènes.

A chaque fois que vous faites un changement, c’est parce que des forces conscientes ou inconscientes vous ont poussé à le faire. Ce sont ces forces précisément qui font que l’idée est meilleure et parce qu’elles permettent aussi de mettre en évidence les faiblesses des idées précédentes.

Ces forces s’appliqueront ensuite sur certains principes de construction de l’histoire, sur des principes d’élaboration de scènes mais il sera de votre responsabilité d’auteurs de rendre tangibles ces forces.
Une structure est un moyen de mise en œuvre des forces que vous aurez découvertes par le questionnement permanent, par la curiosité inlassable que vous porterez sur votre projet mais cette structure n’est en aucun cas un frein à votre créativité, à votre spontanéité. Ces forces vous sont personnelles et elles guident votre envie d’écrire.

Ce qui fera la différence sera alors votre propre expérience avec l’écriture et si, par la grâce de la providence, vous avez un talent particulier qui vous désigne dans la communauté, rien ne doit par ailleurs vous empêcher d’écrire, de donner une chance à ces forces qui vous incitent à écrire.
Ce qui compte est que vous ayez compris l’art scénaristique (ou l’écriture en général) et cette compréhension, vous l’acquerrez par l’étude, par la pratique, par des essais et des erreurs, des réussites et bien sûr des échecs dont on apprend toujours.

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