Les séquences précédentes de Toy Story se trouvent ci-dessous :
La séquence A
TOY STORY : LA SEQUENCE, UNITE STRUCTURELLE (1)
Les séquences B & C
TOY STORY : LA SEQUENCE, UNITE STRUCTURELLE (2)
La séquence D
TOY STORY : LA SEQUENCE, UNITE STRUCTURELLE (3)
La séquence E
TOY STORY : LA SEQUENCE, UNITE STRUCTURELLE (4)
Cet article aborde la séquence F.
La séquence F
Cette sixième séquence modifie quelque peu la tension générée depuis la séquence précédente.
Un nouvel obstacle
L’objectif est le même que précédemment. Woody doit s’échapper de la maison de Sid avec Buzz.
Cependant, un obstacle plus terrible encore que ceux rencontrés lors de cette tentative d’évasion survient. Buzz a perdu tout intérêt à essayer de s’échapper.
Ce qui amène une nouvelle question dramatique : Est-ce que Woody parviendra à surmonter le manque de coopération de Buzz ? Il a un besoin évident de s’échapper avec Buzz. Non parce que l’amitié le lui commande mais Buzz fait partie de son objectif majeur.
Woody doit en effet restaurer sa popularité auprès des autres jouets et cela n’est possible que si Buzz témoigne en sa faveur.
Nous avons donc dans cette séquence F un autre type de tension que dans la séquence précédente. Lorsque Woody parvient à éloigner Hannah, le manque de combativité de Buzz se fait immédiatement sentir.
Notez la symétrie entre la scène de transplantation orchestrée par Sid (montrée précédemment) et le repas macabre de Buzz avec les poupées décapitées. Vous constaterez d’ailleurs assez souvent que quelque soit le récit ou le genre, de nombreuses scènes se répondent. Et leur emplacement n’est commandée par aucune règle spécifique.
C’est ce que les anglo-saxons nomment Planting/Payoff. C’est comme si vous plantiez une graine et quelque temps plus tard au cours de l’histoire, vous cueilliez les conséquences.
Une solution radicale
Woody n’a alors pas d’autre choix pour faire revenir Buzz des limbes où il s’est perdu que de le frapper.
Le second acte de cette séquence (en somme, son intrigue) ouvre enfin une voie de sortie pour Buzz et Woody. Ce dernier parvient même à tendre une guirlande de Noël jusqu’à la chambre de Andy.
De nouveau, une résolution heureuse de l’histoire nous est montrée. Woody n’a jamais été aussi près de réussir son objectif majeur. Il va enfin pouvoir rejoindre les autres jouets dans la chambre de Andy avec Buzz à ses côtés.
Mais Buzz refuse toujours de participer. Il s’ensuit un quiproquo chez les autres jouets qui décident en fin de compte de repousser Woody.
Et un renversement de situation se produit. L’attente optimiste suggérée chez le lecteur/spectateur est remplacée par de la crainte. De plus, Sid fait sa réapparition. Et la menace est encore plus aiguë puisqu’il est équipé d’un dispositif explosif.
Buzz ne parvient pas à se cacher et devient la victime malheureuse de Sid. Il est clair que la situation n’a jamais été aussi basse. Tout semble vraiment perdu.
Une coïncidence nécessaire
Mais un orage contrarie le plan de Sid et la destruction de Buzz.
Habituellement, le lecteur/spectateur accepte mal que des coïncidences viennent sauver la mise à un personnage. Cela ressemble trop à du Deus Ex Machina, cette intervention de la Providence car l’inspiration fait panne sèche.
Ou encore lorsque l’autrice ou l’auteur, ne sachant plus comment désenclaver leur histoire de l’impasse dans laquelle ils l’ont eux-mêmes mise, font appel au hasard pour relancer l’intrigue.
Ici, la coïncidence est employée de manière bien plus efficace. En effet, elle crée un compte à rebours. Et une heure limite (deadline chez les anglo-saxons) est la voie royale pour maintenir l’attention du lecteur et de la lectrice et de les emmener vers la pression du climax, c’est-à-dire l’ultime confrontation.
Le troisième acte de la séquence F
Ce troisième acte débute lorsque Sid est endormi. Buzz refuse toujours de coopérer avec Andy.
De guerre lasse, Andy dit à Buzz qu’ils devront se débrouiller chacun de leur côté pour se sortir de cette fâcheuse situation. C’est ainsi que l’arc dramatique de Woody (son évolution personnelle, le changement de sa personnalité) commence à se déployer.
En effet, Woody admet pour la première fois et indirectement ses propres peurs et ses doutes quant à revenir dans l’affection de Andy.
La fin de l’acte deux
Ce moment du récit correspond à la fin de son acte Deux. La fin de la séquence F s’articule avec la fin de l’acte Deux de la structure globale du projet.
La tension principale à savoir si Woody redeviendrait le jouet favori de Andy est résolue par la négative. Non pas que Andy ait rejeté Woody car ce n’est pas le problème. Woody a simplement compris qu’il devait cesser de poursuivre cet objectif. Il a réalisé qu’il ne pouvait pas forcer Andy à l’aimer.
Tous ces efforts dans ce sens n’ont créer que des difficultés (elles ont alimenté l’intrigue) et surtout, ils ont été vains.
A ce moment, la contradiction entre le désir du protagoniste qui consiste pour Woody à retrouver sa place de jouet favori de Andy et le besoin du protagoniste, c’est-à-dire pour Woody de réaliser qu’il ne peut avoir l’amour de Andy par la force et que la sagesse lui commande d’accepter sa situation, est résolue.
La fin de l’acte Deux peut être aussi le climax, l’ultime confrontation entre l’antagoniste clairement désigné et le héros. Ici, il s’agit surtout de mettre en avant les prises de conscience de Buzz et Woody avant le début du troisième acte.
Cette structure a permis aux auteurs d’asseoir leur thème. D’ailleurs, un thème pourrait être considéré comme la simple et fondamentale vérité que le scénario cherche à explorer et à exprimer.
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