TOUT COMMENCE PAR UNE SIMPLE SCÈNE

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Une intrigue est une accumulation de troubles dans les vies internes et externes de personnages. La vie psychologique d’un personnage est tout aussi importante si ce n’est plus que ses actions dans le monde.
Maintenant, l’autrice et l’auteur ont besoin de montrer ces troubles. Ils utiliseront alors des scènes pour illustrer et apporter cette touche dramatique qui fait l’essence de la fiction.

Une intrigue se décompose en scènes. Ou plutôt elle se construit sur des scènes. Ce qui signifie que si l’une des briques qui maintient la cohérence de l’intrigue est trop fragile, c’est le tout qui pliera. Le travail de cette série de scènes qui constitue la fiction n’est pas seulement d’apporter du sens à l’histoire.
Les scènes ont à leur charge d’emmener le lecteur/spectateur sur un grand huit émotionnel.

Une scène est capable de faire plonger émotionnellement un lecteur. Elle participe à la montée en tension à certains moments du récit. Une scène se doit toujours de présenter un certain intérêt à être positionnée là dans l’histoire. Que ce soit sur le plan du sens, de l’émotion, des deux à la fois..
Autrement, si vous faîtes en quelque sorte du rembourrage, vous ne rencontrerez que l’ennui de votre lecteur et de votre lectrice.
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LE GRAND HUIT DE LA TENSION

Chaque scène doit compter

Une scène est une unité dramatique. Assemblées les unes aux autres par un lien logique comme une relation de cause à effet ou par nécessité pour la compréhension du texte, vous aurez un discours, c’est-à-dire une histoire.

On peut considérer qu’une scène fonctionne bien lorsqu’elle contient un élément de surprise pour le lecteur/spectateur ou bien lorsqu’elle le suscite sur le plan émotionnel.
Le contenu d’une scène est apporté par les personnages. Plus précisément des personnages dont nous avons appris à nous soucier depuis le début du récit. Et nous les observons agir (en particulier lorsqu’il s’agit d’écrire un scénario).

Il faut tenter d’apporter le plus d’originalité possible à une scène, lui donner un tour nouveau. Tant de scènes ont déjà été écrites qu’il est parfois difficile de ne pas reproduire ce qui a déjà été fait. La tension qu’elle induit chez le lecteur ou la lectrice peut aider à la distinguer parmi toutes ces scènes que nous avons peut-être déjà lues ou vues (ainsi que toutes celles que nous ignorons).

Un scénario est un outil de travail qui s’affine. Non seulement par les réécritures qui s’avèrent toujours nécessaires mais aussi par le moyen des relectures qui permettent de reconsidérer chacune des scènes qui le composent.
Extraire une scène de l’ensemble et ne se focaliser que sur elle lors d’une session d’écriture (quelques jours plus tard après que d’autres choses ont été écrites) peut permettre de voir ce qui ne fonctionne pas avec elle.

Une scène n’échappe pas au conflit

Deux personnages s’opposent. Et cette confrontation doit être sérieusement motivée. La tension naît du conflit.
Action & Réaction sont données à notre perception. C’est l’aspect sensible de la scène qui s’offre à nous. On voit et on entend agir et réagir des personnages.

Sur le plan structurel, la scène exige une mise en place. Cette installation peut considérer le lieu où elle se déroule ou bien la gestion du temps car elle n’est pas soumise à la durée. Une scène écrite sur une page (soit environ une minute) peut vouloir représenter une durée d’un quart d’heure dans l’histoire ou même de plusieurs jours ou mois..

Un apport important de la scène est que, quel que soit ce qu’elle communique, elle ajoute de la profondeur aux personnages. Par exemple, lorsque Dorothée rencontre le lion pour la première fois, nous avons de toute évidence de l’action et du conflit.
Mais au moment précis de cette scène, lorsque Dorothée dans un geste totalement émotionnel frappe le lion sur le nez, la personnalité du lion est totalement révélée.

La finalité de la scène

Ne pouvant être posée là sans justification, une scène possède un but. On peut admettre que l’action d’une scène est un pas en avant vers la réalisation de l’objectif de l’héroïne ou du héros. Néanmoins, cela n’implique pas la réussite de cet objectif. Un exemple d’action serait un avocat (le héros) qui cherche à prouver l’innocence de son client. Voulant recueillir le témoignage favorable d’une personne envers son client, il se rend chez elle. La finalité de cette scène est d’obtenir les informations qui aideront son client.

Mais le problème ici est que l’action n’est pas conflictuelle. Le conflit est l’essence d’une fiction. Il s’avérera alors nécessaire que cette personne refuse de témoigner. Une confrontation s’ensuivra (une opposition prend n’importe quelle forme, inutile d’en venir aux poings systématiquement).
Action et Conflit crée une scène qui fonctionne.

Lorsque l’action devient réaction

Bien sûr, le protagoniste est le personnage qui fait avancer l’intrigue. Mais sa conduite n’est pas seulement de l’action. Il peut réagir émotionnellement aussi à ce qu’il lui arrive (de bonnes ou mauvaises choses, d’ailleurs).
Reprenons notre avocat. La scène se termine sur un effet de surprise lorsque le témoin affirme avoir vu son client faire ce qu’on lui reproche. L’avocat ne sait pas s’il dit la vérité ou s’il ment. Il devra méditer sur cette réponse inattendue du témoin. Comment va-t-il réagir ? Cette réponse l’a manifestement bouleversé. Et lorsque l’auteur ou l’autrice aura géré cette crise chez son personnage et que ce dernier se sera décidé pour ce qu’il doit faire, ce sera alors une nouvelle scène d’action.

En fait, la vie intérieure des personnages est ce qui passionne vraiment la lectrice et le lecteur. Il sera donc normal de trouver davantage de réaction que des scènes d’action.
Mieux encore, une réaction peut être intégrée à ce qui est d’abord une scène d’action. La réaction est alors partie intégrante de l’action pour montrer ce qu’il se passe à l’intérieur du personnage. Par exemple, le héros ouvre un tiroir parce qu’il sait qu’il va y trouver ce qu’il cherche. Mais le tiroir est vide. Il se fige dans un moment de surprise et de perplexité. C’est la réaction.
Celle-ci ne clôt pas la scène. Car après le moment de stupéfaction, il prend la décision d’ouvrir tous les tiroirs d’une manière quelque peu frénétique. Ici, on ajoute même une couche à la personnalité du personnage.

L’action et la réaction combinée permettent au récit de se déployer de manière somme toute logique. Et de créer un lien de causalité qui apporte du sens à l’ensemble.
Le personnage agit. Il est frustré dans cette quête et considère cela comme un revers. Il réagira donc immédiatement ou après réflexion et il décidera alors d’une nouvelle action à entreprendre (puisque le protagoniste fait avancer l’histoire).

Le contexte de la scène

La mise en place d’une scène doit être bien mûrie. Parce que le contexte est ce qui permet de justifier les scènes ultérieures.

Beaucoup d’éléments entrent dans la composition d’une scène : le lieu, le moment de l’histoire, les personnages concernés..
Il faut que le lecteur/spectateur comprenne pourquoi tout ceci lui est donné. C’est ainsi que si un personnage n’a aucune légitimité à être présent dans une scène, il ne faut tout simplement pas qu’il y soit.

Comment décrire une scène sans que cela casse le rythme du récit ? Il n’y a rien de plus désagréable pour la lectrice ou le lecteur qu’une longue exposition.
Le moyen le plus efficace pour l’autrice et l’auteur est de poser la scène comme un problème. Par exemple, un personnage veut quelque chose d’un autre personnage mais ce dernier n’est pas disposé à lui donner.

Si, pour ce faire, l’un des personnages doit se rendre sur le lieu du travail de l’autre, il faut que la situation décrite soit importante pour l’ensemble de l’histoire. Ainsi, ce lieu sera récurrent et des détails supplémentaires pourront alors être ajoutés parcimonieusement au fur et à mesure que des scènes prendront place en cet endroit.

Mais le contexte n’a pas à être nécessairement physique. La situation peut s’installer alors qu’un personnage est particulièrement anxieux, par exemple. Le contexte est alors tout empreint de cette anxiété.

Approfondir

Une scène n’existe pas vraiment seulement pour apporter une compréhension à un personnage ou à une situation. Mais elle peut intégrer dans son contenu quelques bribes d’informations qui permettent au lecteur/spectateur de voir un personnage sous un jour nouveau ou de percevoir les circonstances de son action moins brutalement, de manière plus raisonnée.

Tout ce qui est information doit être traitée non seulement avec parcimonie (pour ne pas casser le rythme de l’histoire) mais aussi stratégiquement aux moments le plus adéquats.

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