SCÉNARIO : ORGANISATION DE L’INFORMATION

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Parfois, les personnages se révèlent eux-mêmes, et parfois, ce sont les autres qui trahissent leurs personnalités. Habituellement, le lecteur va à la rencontre des personnages par ce qu’ils disent d’eux-mêmes, par ce que autrui dit de ces personnages ou bien le plus apte pour un scénario, par ce qu’ils font.

Lorsque les personnages se dévoilent par les dialogues, il faut garder à l’esprit qu’ils ont besoin d’une motivation qui les incitent à parler. Tout comme dans la vie réelle, nous ne sommes pas enclins à révéler des informations nous concernant, surtout si elles sont personnelles.
De même, les personnages doivent être cajolés, menacés ou séduit en quelques manières pour s’épancher. Il est important aussi de savoir que des scènes intimes comme celles-ci où le personnage est amené à parler de lui ne sont pas gratuites.
En effet, le personnage apprend aussi beaucoup sur lui-même comme une sorte d’illumination lorsqu’il se sent libre de parler, de se livrer nu au regard d’autrui.

Les dents de la mer

Le Capitaine Quint semble être quelqu’un d’assez rude avec un penchant pour l’alcool et la chasse aux requins comme hobby. Il n’est pas tant exclu de la petite communauté qu’il ne l’a voulu ainsi.

Pendant une large part de l’histoire, il ne semble motivé que par l’argent que pourrait lui rapporter la capture de ce prédateur géant. Mais son obsession à propos des requins commence progressivement à interpeller le lecteur.
Cette question dramatique qui se soulève ainsi dans l’esprit du lecteur rencontre une explication lorsque Quint raconte l’histoire de l’USS Indianapolis pendant la seconde guerre mondiale.

Un sous-marin japonais coula l’Indianapolis et ses 1200 membres d’équipage dérivèrent dans les eaux du Pacifique et furent la proie des requins. Quint est l’un des 300 hommes qui survécurent à l’horreur à laquelle il a assisté de ses propres yeux.

Cette information cruciale sur ce personnage explique le comportement imprévisible de Quint depuis le début de l’histoire. Néanmoins, les auteurs ont attendu pour la dévoiler d’être proche du climax. Pourquoi ? pourrions-nous nous demander.
Simplement parce que c’est exactement cela l’art du scénario.

Quint ne fait pas confiance facilement. Il n’aurait pas été logique qu’il délivre cette information plus tôt dans l’intrigue. Cela aurait été comme une confession sujette à la moquerie des autres.
Au contraire, cette information est donnée au lecteur sans même que Quint se rende vraiment compte qu’il est d’en train d’énoncer une information vitale le concernant.
Partant, la scène est puissante et éminemment réaliste.

Motiver les dialogues

Avant de faire parler vos personnages, demandez-vous quelles sont leurs intentions. Et puis, ne révélez pas tout immédiatement. Tout comme les personnages, le lecteur a besoin d’assembler les différentes pièces du puzzle. Il ne s’agit pas de retenir toute l’information au risque de perdre le lecteur sur vos propres intentions.
Mais de donner des indices. L’intelligence du lecteur tentera alors d’assembler les choses entre ce qui a été donné précédemment et l’information nouvelle qu’il reçoit au moment où il voit et entend la scène.

Ce travail du lecteur rend la distribution de l’information pertinente et lorsqu’une information est totalement dévoilée, sa découverte est d’autant plus gratifiante.

L’action significative

Le mouvement est certainement le moyen le plus fort pour communiquer une information. En scénario, montrer les choses (c’est-à-dire interpeller d’abord le lecteur par ses sens) est un principe.

Un personnage traduit un besoin interne par ce qu’il fait. Il extériorise, par ses comportements, attitudes, postures… et les choix qu’il fait, son intériorité.
Puisque dans un scénario, on ne pénètre pas intimement la tête du personnage. Et lorsque l’information à faire passer est trop subtile pour s’énoncer par le personnage, l’environnement peut prendre le relais comme par exemple, la palette de couleurs qui le revêt peut être chaude pour manifester un état d’esprit plutôt gai dans une scène donnée. Ou bien l’utilisation de l’ombre dans un plan peut aider à mettre en place une menace (réelle ou imaginaire) pour communiquer sur le malaise qu’éprouve le personnage à ce moment précis.

Et l’auteur de scénario peut simplement préciser cette description par quelques mots dans les didascalies.
En conclusion, après avoir décidé quel détail vous vouliez divulguer sur un personnage, vous devez considérer qui sera à l’origine de cette révélation. Tenez compte aussi que le lecteur sera enclin à accepter cette information comme vraie. Non seulement la description du fait mais aussi l’expérience et les sentiments d’un personnage dans une scène donnée doivent inférer chez le lecteur la véracité de ce qui lui est démontré.


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