LE SCÉNARIO : UNE EXPÉRIENCE PLEINE D’ÉMOTIONS

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Une fiction, c’est d’abord une expérience émotionnelle que recherche le lecteur. Il souhaite ressentir quelque chose dans son tréfonds émotionnel. C’est ce que nous dit William C. Martell.

Dans notre quotidien, nous refrénons les passions qui nous animent au cours des situations dans lesquelles nous nous trouvons.
Dans un scénario et par personnage interposé, nous pouvons laisser aller ces émotions. Nous pouvons en quelque sorte les extérioriser en croyant les reconnaître chez les personnages.

Ceux-ci étant jetés dans des situations fictives dont certains aspects nous rappellent directement ou indirectement (peut-être par un jeu d’associations ou de réminiscences) des émotions qui nous permettent de nous identifier à ces situations ou au personnage.
Et nous éprouvons quelque chose de similaire à ce que ressent le héros.
Nous sommes impliqués émotionnellement dans l’action. Que signifie cette implication ?

Elle peut être de la peur, de la tristesse, un sentiment amoureux, de la joie, de l’excitation… C’est toujours quelque chose qui nous est personnel. Là où nous ressentons de la peur, ce peut être perçu par un autre comme de la tristesse.
Là où nous ressentons une certaine forme d’excitation, ce peut être une excitation tout à fait différente chez un autre.

Le scénario crée des situations où l’émotion surgit

Pour William C. Martell, l’auteur devrait interroger la scène qu’il est en train d’écrire pour voir s’il peut obtenir une réponse émotionnelle chez son lecteur. Et s’il le pense ainsi, vérifier qu’il obtient la réponse la plus pure possible.

L’émotion vient se greffer sur l’action. Peut-être même qu’elle précède l’action. Que ce soit Zeus prenant les traits de Amphitryon pour séduire Alcmène (dont la fidélité à Amphitryon était sans tâche) ou bien Uther qui, grâce à la magie de Merlin, prend les traits du Duc de Cornouailles pour assouvir son désir de Igerne (en tous points semblables à Alcmène), l’émotion sous-tend l’action.

Sans le désir impur de deux puissants pour des femmes dont l’amour pour leurs époux ne saurait être entaché, ni Héraclès (Hercule dans la mythologie romaine), ni le Roi Arthur ne seraient nés.
Ces séquences sont portés par la passion. Seule celle-ci peut justifier leur légitimité dans l’histoire.

Sans l’émotion, l’histoire n’est qu’un discours objectif. Or les deux aspects (subjectif et objectif) devraient être abordés afin que la fiction puisse exister.
Sommairement, l’aspect subjectif consiste à montrer l’intériorité d’un personnage par ses attitudes et comportements, par ses propres réponses émotionnelles aux actes d’autrui. Un scénario ne va pas dans la tête de ses personnages. Il fait la démonstration de leurs pensées et surtout lorsque ce sont de folles pensées.

L’émotion comme exutoire

Dans la vie réelle, nous sommes bien obligés de refréner nos émotions. Juste pour maintenir un semblant de lien social. Une fiction est un espace sécurisé qui nous permet alors de rire et de pleurer, d’avoir peur et d’assouvir une vengeance…

L’auteur doit fournir des émotions pour que le lecteur s’en empare. Écrire est de la communication. L’auteur essaie de créer un lien émotionnel entre son personnage principal et le lecteur. Il essaie d’accrocher son lecteur à l’histoire qui se déroule devant ses yeux.
Et ce dernier devrait ressentir d’une manière ou d’une autre ce que ressent ce personnage.

Des personnages luttent dans une fiction. Le conflit est l’essence de la fiction. L’auteur devrait s’interroger s’il parvient à impliquer émotionnellement son lecteur dans ce combat qu’il décrit.
Parce que s’il échoue à cette exigence fondamentale, quelle que soit l’action, quelle que soit la beauté suggérée des images, il aura échoué son projet. Ce sont les propos de Martell. Vous pourriez donner votre avis sur le sujet dans les commentaires.

Face au lecteur, il y a un personnage de fiction. Ce personnage possède toutes les caractéristiques de la vie. C’est ainsi que paradoxalement, on peut éprouver des sentiments envers un être fictif.
Parce qu’il semble vivant. Quelle relation pourrions-nous avoir avec un objet inerte ? Si nous ne pouvons lui assigner une vie propre ? Comment Chuck Noland (Seul au monde) aurait-il pu établir la moindre relation avec Wilson s’il ne lui avait assigné une personnalité avec et contre laquelle il pouvait interagir ?

Transcrire l’émotion

La première étape serait de se demander quelle émotion nous souhaitons que le lecteur ressente. C’est bien plus difficile qu’il n’y paraît.

Parce que nous connaissons notre personnage principal (c’est à-travers lui que les émotions se véhiculent essentiellement), nous savons dans quelle histoire nous l’avons jeté mais pour toucher du doigt l’impact émotionnel que ce personnage et cette histoire peuvent avoir sur le lecteur est une vérité bien plus difficile à atteindre.

L’auteur doit tenter de partager une expérience émotionnelle. Néanmoins, cela sera une expérience singulière. Dans une même œuvre, il ne peut y avoir des tas d’émotions toutes traitées sur un même plan d’égalité.
Et bien que effectivement, le rire peut accompagner les pleurs, il faut cependant se décider sur ce que sera l’émotion primaire. Celle qui restera avec le lecteur.

Est-ce que celui-ci doit rire ? ou pleurer ?
Doit-il ressentir de la peur ? un chagrin ? de l’allégresse ou une quelconque forme d’excitation ?

Lorsque vous saurez quelle sera l’émotion qui doit ressortir de l’histoire, reprenez votre histoire et en particulier son dénouement et assurez-vous que vous parvenez effectivement à transcrire cette émotion, cet effet, que vous avez choisi de communiquer.

Un impact émotionnel maximum

En reprenant chacune de vos scènes, déterminez si vous avez su y inscrire le maximum d’impact émotionnel. Est-ce que chaque scène permet vraiment de faire sentir quelque chose au lecteur ?
L’antagoniste et le protagoniste sont deux principes fondamentaux d’une œuvre de fiction. Lorsqu’ils se confrontent dans une scène, vous créez une dyade où ces deux personnalités vont interagir et s’engager l’une envers l’autre.

Cette dyade est significative et dialectique. La lutte dans laquelle ils se sont tous deux engagés permettra à l’intrigue d’évoluer.
Selon William C. Martell, e meilleur moyen d’impliquer le lecteur dans cette relation est que la dyade se fonde sur les émotions. Celles-ci sont à la base du phénomène voire même de toute la structure de l’histoire.

Pour William C. Martell, il importe peu en somme de voir un personnage pleurer. Ce qui compte, cependant, est de parvenir à faire pleurer le lecteur. Les pleurs d’un être fictif ne sont pas suffisantes pour faire ressentir l’émotion.
Il faut organiser cette émotion. Et pour cela, il faut d’abord se demander quelle est l’émotion qui sera mise en avant et de trouver les moyens narratifs qui le permettront.

En complément de cet article, nous vous proposons la lecture de :
AUTEUR & LECTEUR : UNE EMOTION PARTAGEE

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