SE RÉVÉLER DANS SES PERSONNAGES

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Une histoire nous arrache à notre quotidien et nous permet de danser avec notre imagination et des possibilités enfouies.
Une intrigue seule malgré tous ses rebondissements, malgré sa complexité ne peut toucher le cœur humain tant que le lecteur ne peut s’identifier et se préoccuper de ce qu’il arrive aux personnages.

Il n’est pas aisé de donner une existence à un personnage de fiction. La réponse, cependant, dépend de ce que vous êtes prêt à révéler sur vous-mêmes.
De ce que vous êtes prêt à risquer.
L’action pure aussi excitante soit-elle n’est pas suffisante pour engager le lecteur totalement avec votre histoire. Pour une expérience véritablement immersive, le lecteur se fond avec les personnages.

Votre idée à la dimension du personnage

Il faut appréhender le rapport entre l’idée et l’état émotionnel profond du protagoniste. C’est le moyen le plus direct pour engager émotionnellement le lecteur avec le personnage.

L’auteur partage beaucoup de choses avec ses personnages. Certainement plus qu’il ne veut bien l’admettre.
Nos personnages ont la faculté de vivre nos fantaisies les plus improbables. Ils peuvent prendre leur revanche alors que nous sommes liés par la morale ou les conditions de notre vie sociale. Ils parlent de nos vérités alors que nous ne sommes pas entendus. Alors que les gens et les objets du quotidien du lecteur n’ont rien à lui dire, nos personnages vont briser le silence et lui parlent directement.

Ces personnages sont capables de surmonter nos peurs là où nous échouons misérablement. Ils ont la parfaite réplique alors que nous sombrons dans le néant de notre solitude.
Mieux encore, le protagoniste est capable de révéler sa véritable nature. Les personnages sont ce que nous aimerions être.

Pour cela, il faut pénétrer le personnage. Découvrir en lui la béance qui fait de lui un être incomplet. C’est-à-dire ses déceptions et ses rêves inaccomplis. Ce n’est pas une souffrance manifeste, votre personnage n’est pas une victime.
C’est simplement ce qu’il est lorsque débute votre histoire.

Etre honnête avec soi-même

L’aspect pratique de la construction de personnages vraiment intéressants à suivre commence par une introspection. L’auteur doit être critique et honnête envers lui-même. Il doit accepter ce qu’il est vraiment.

Ce n’est pas facile parce que la plupart de temps, c’est une activité que nous évitons soigneusement. Plutôt que de rechercher chez autrui la justification de notre propre existence, nous préférons soit nommer des ennemis à blâmer pour notre infortune ou jouer la carte de la victimisation.

Pouvons-nous seulement poser un regard sur nous-mêmes sans sombrer dans la nostalgie ou la folie ?
Il est plus simple d’acquiescer à ce que nous sommes plutôt que d’en porter le blâme.

Et pour nos personnages ?
Ils fonctionnent tout comme nous. Puisque notre protagoniste est introduit dans l’histoire avec une faille certaine dans sa personnalité, pourquoi devrait-il en être conscient ?
Au début de l’histoire, le héros se ment à lui-même.

A propos de ce mensonge fondamental de la caractérisation d’un personnage, nous vous proposons la lecture de :

Ainsi que :
PETER RUSSELL & L’ARC DRAMATIQUE

Lutter contre la bénignité des personnages

Lorsqu’une idée germe, elle s’accompagne habituellement d’esquisses de personnages. Ils sont encore superficiels et s’ils ne sont pas améliorés, leur aventure semblera bien morne au lecteur.
Ils doivent réagir avec ce qu’il se passe dans l’histoire en relation avec ce qu’ils sont vraiment et non comme des poupées dociles.

Lorsque vous écrivez une scène, il est important de ressentir spécifiquement ce que chacun des personnages qui y prennent place vit en son for intérieur. Vous devez être capable non seulement d’entendre la musique mais aussi les paroles de la chanson qui se joue en eux.

Et pour réussir ceci, vous devez vous pencher sur la condition humaine en commençant par vous. Libérez-vous du carcan de vos expériences passées, du conditionnement de votre éducation ou parce qu’il a bien fallu vous intégrer dans la réalité sociale.
Si vous ne pouvez être honnête et courageux envers vous-mêmes, envers ce qui vous effraie, ce qui vous blesse, ce qui vous bouleverse, en un mot ce que vous êtes et ce que vous n’êtes pas, comment espérer accompagner vos personnages dans leurs aventures ?

Ecrire, c’est une affaire de sentiments et de révélations sur vous-mêmes à travers les spécificités de vos personnages et c’est ce qui permet aux autres de s’identifier avec ce qui constitue l’être humain.

Une question d’expériences

Qu’êtes-vous prêt à révéler sur vous que vous allez trouver chez votre héros ? Qu’est-ce que vous allez aimer chez lui parce que vous vous y reconnaissez ?

Vous écrivez ce qui est vrai pour vous. Ce qui est vrai est ce que vous avez expérimenté. Ce que vous avez vécu. Quels que soient les dilemmes de vos personnages, qu’ils soient petits ou grands, qu’ils soient beaux ou laids, il y a toujours quelque chose de vous en eux.

Votre personnage n’est pas plus indifférent aux choses que vous l’êtes vous-mêmes. Il est capable d’aimer et d’être aimé tout comme nous le sommes tous. Il éprouve parfois de grands moments de mélancolie et cela nous arrive aussi. Il peut être effrayé tout comme nous pouvons l’être aussi.
Il est tout autant humain que nous.

Paradoxalement, il faut insuffler une existence dans un personnage imaginaire, lui donner les contours d’une réalité. Et la vérité est là, dans ce transfert entre l’auteur et son personnage. Cette vérité porte en elle la confiance et comme l’écrit Peter Dunne, cette confiance est cette chose qui fonde tout amour.

Le mot est dit. L’auteur doit aimer ses personnages et pour être aimé d’eux, il doit se reconnaître en eux. Comme le regard de l’autre apporte la preuve de notre existence, le regard de ses personnages rend légitime l’auteur en tant que tel même si son autorité s’estompe lorsque le lecteur s’accapare son œuvre par le simple fait de la lire.

Se découvrir

Se poser des questions et tenter d’y répondre est un bon exercice pour aller à la rencontre de soi-même.

Tentez d’y répondre le plus honnêtement possible.

  1. Ce que je pense être (avant de répondre aux autres questions)
  2. Ce que je veux
  3. Ce que je n’apprécie pas
  4. Ce qui m’effraie
  5. Ce que je souhaite
  6. Ce que vous croyez ne pas être capable
  7. Ce qui vous bouleverse
  8. Ce dont vous croyez être capable
  9. Ce qui vous terrorise au point de vous paralyser
  10. Ce que vous ne pouvez vraiment pas faire
  11. Ce que vous êtes prêt à faire
  12. Ce que vous pouvez faire
  13. Ce que vous aimez
  14. Ce que vous savez
  15. Ce que je suis (après avoir répondu aux questions)

Après cette exercice personnel (vous concernant vous), imprégnez-vous de votre personnage principal et répondez aux mêmes questions.
Mais faites-le de manière rapide sans trop vous interroger car sinon, c’est vous qui transparaîtrez trop à travers lui. Laissez-lui une chance de s’exprimer.

Vous allez ainsi tracer le plan de son parcours émotionnel au cours de l’histoire, c’est-à-dire son arc dramatique.

Acte Un
  • Ce que je pense être (avant de répondre aux autres questions)
  • Ce que je veux
  • Ce que je n’apprécie pas
  • Ce qui m’effraie
  • Ce que je souhaite
Acte Deux
  • Ce qu‘il croit ne pas être capable
  • Ce qui le bouleverse
  • Ce dont il croit être capable
  • Ce qui le terrorise au point de le paralyser
  • Ce qu’il ne peut vraiment pas faire
  • Ce qu’il est prêt à faire
Acte Trois

 

  • Ce qu’il peut faire
  • Ce qu’il aime
  • Ce qu’il sait (ce qu’il a appris de son aventure)
  • Ce que je suis (après avoir répondu à toutes les questions)

Ce qu’il pense être dans l’acte Un est évidemment fort différent de ce qu’il est à la fin de l’acte Trois.

Notez que ce qui le bouleverse, le terrorise au point de le paralyser et ce qu’il est prêt à faire sont l’expression de doutes, d’incertitudes, de peurs, c’est-à-dire essentiellement des émotions qu’il doit vaincre.
Et cette lutte interne au cours de l’acte Deux mène à la détermination et à la volonté manifestées dans l’acte Trois.

Se dévoiler

Ce jeu de questions est un dévoilement. Vous ne devez pas être effrayé d’étaler à la face du monde ce que vous êtes. La réaction du monde importe peu face à votre vérité.

Ni honte, ni excuses. Écrire, c’est jeter un pont entre une corporéité et une transcendance spirituelle.

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