PERSONNAGE & INTRIGUE DANS UN SCENARIO

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La répétition  est rarement le sel de la vie. Mais dans un scénario, elle est nécessaire sous la forme d’une certaine excitation, d’un certain emballement de l’action.
Nous avons vu précédemment que ce qui se passait dans un scénario était la conséquence de conditions implantées plus tôt dans l’histoire. En somme, la loi de causalité s’applique de plein droit en fiction.

Mais il pourrait y avoir des exceptions.
Lorsqu’on nous montre un comportement humain qui fait preuve d’une véritable compétence, on est enclin à accepter l’improbable voire même les coïncidences.
Alors que des mains moins expertes que celles dont on nous fait la démonstration dans l’histoire engendreraient quelques suspicions chez le lecteur.

Une aide

D’abord, un héros est rarement seul. Il bénéficie d’une aide qu’elle soit incarnée, spirituelle ou celle d’un ange gardien. Protéiforme et de toutes tailles, nous avons par exemple l’ange maladroit de La vie est belle, les sept nains de Blanche-Neige ou encore Obi Wan Kenobi…

Lorsque tout est perdu, cette aide est souvent la bienvenue pour démêler les complexités d’une intrigue dans laquelle l’auteur s’est volontairement ou non embourbée et qui lui paraît dorénavant inextricable.
C’est en quelque sorte la cavalerie qui arrive à point nommé.
Les grecs ont appelé cette astuce narrative : Deus Ex Machina.

Alors qu’il est bon d’éviter le recours au Deus Ex Machina pour solutionner le problème du héros à la fin du scénario, il y a d’autres moments de l’histoire qui peuvent s’en accommoder.
Pour le climax, insistons comme Aristote que la conclusion devrait émerger de l’action interne qui l’a précédée.

Une impossibilité probable

Une impossibilité probable est toujours préférable à une possibilité qui n’est pas convaincante. Cette impossibilité probable exige pour les personnages une intensité et de la passion dans leurs développements. Il faut qu’ils sortent des sentiers battus. Ce sont des personnages ordinaires qui font des choses extraordinaires.
La banalité du quotidien n’est qu’une apparence. Les circonstances, les conditions, et même les objets qui nous entourent sont-ils vraiment cette réalité extérieure qu’ils nous donnent à voir ou à percevoir ?

Donc si la réalité extérieure intervient autant dans l’intrigue, elle n’en est pas pour autant ce qui la constitue. Il existe une dialectique entre l’intrigue et les personnages.
Il y a une force à l’œuvre dans la relation qui unit l’extérieur et l’intériorité des personnages. Et c’est cette énergie qui fait l’intrigue.

L’intrigue est une fusion entre deux éléments dramatiques : une situation dramatique et un, personnage qui sont unis pour une fin objective ou intentionnelle.

L’intrigue apporte à la fiction une unité d’action. Quels que soient les rebondissements et les événements qui se produisent en son sein et qui mènent inexorablement à une conclusion, cette unité d’action évite le chaos.

Le personnage entre en jeu

Néanmoins pour éviter que l’intrigue ne vienne étouffer le libre-arbitre des personnages et que leurs comportements soient dictés par la toute-puissance des situations, il faut donner de la latitude à la subjectivité, ouvrir les possibles interprétations de la réalité extérieure qui est donnée aux personnages.

C’est ainsi qu’un comportement aberrant peut enrichir et faire partie d’une histoire.
Un comportement exagéré peut alors servir à illustrer un aspect du monde, de ce microcosme que l’auteur a imaginé.

Dans Délivrance de James Dickey d’après son roman Délivrance, le jeune autiste virtuose du banjo pourrait être à priori perçu comme illégitime et manquant de pertinence en regard de l’histoire et pourtant il symbolise avec une grotesque évidence les sombres et sinueuses étendues sauvages que le héros et ses compagnons sont si enthousiastes et insouciants de pénétrer.

Dans Un après-midi de chien de Frank Pierson, l’élan de l’action est continuellement interrompu pour se concentrer sur l’un des personnages dont les spécificités assez hors normes ajoutent un poli bienvenu à une action par ailleurs déjantée.

L’action s’emballe

Des moments de tension (montée et relâchement) doivent apparaître régulièrement au cours de l’histoire. D’abord,  cela ranime l’intérêt du lecteur et excite sa curiosité (il est curieux de savoir ce qui va arriver) et dans le même mouvement sollicite chez lui une certaine anxiété.

Quand l’action s’emballe, cela stimule l’incertitude du résultat de cette action. Le suspense s’installe et l’expectation du lecteur se traduit par une réponse émotionnelle de sa part que celle-ci soit teintée d’amour, de plaisir, de colère… d’espoir ou d’animosité.

Dans le cours de votre intrigue, implantez solidement des attentes suffisamment excitantes et assurez-vous d’y répondre.
Des émotions simples renforcent l’humanité de vos personnages. L’empathie a besoin de se reconnaître en cette humanité si vous espérez que votre lecteur reste accroché à votre scénario.

Ne faites pas d’un tertre une montagne

La durée d’un scénario n’autorise pas d’étendre certains aspects de votre histoire. Ne tirez pas de votre matériel plus qu’il ne peut en donner. N’éclatez pas non plus un concept en une multitude de facettes, vous ne feriez qu’ajouter à la confusion du lecteur. Concentrez-vous sur un message mais ne répétez pas inlassablement la même idée. Explorez quelques points de vue. Rendez légitimes et pertinentes vos idées.

L’art scénaristique ne peut se contenter d’approximations. Les digressions non réfléchies du thème sont une perte d’énergie.
Somme toute, la structure narrative pourrait se fonder sur la courbe des montées de tension et de la contraction de celle-ci pour déterminer l’ordre des scènes.
Usual Suspects ou Pulp Fiction sont de bons exemples de cela.

La réécriture

Ne vous satisfaites pas trop vite du matériel que vous avez déjà écrit. Clichés et autres banalités dérivent d’un manque de réflexion. Posez-vous les questions du style Et si… ? et apportez aux réponses toute la profondeur souhaitée.
C’est douloureux et on y oppose souvent un peu de résistance. Néanmoins lors de la réécriture, l’exploration du matériel peut contribuer à plus d’originalité, une plus grande profondeur et une certaine exubérance de votre scénario.

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