L’histoire possède un objectif global. Chaque scène qui la compose possède elle aussi son propre objectif. Ce que veut le personnage principal d’une histoire est un aspect non négligeable de sa personnalité.
Beaucoup des caractéristiques qui vont le définir sont pensées en rapport avec ce qu’il cherche à obtenir et il connaît des difficultés à accomplir son dessein. En effet, il devra être doté de certaines qualités ou attributs pour rendre seulement possible son objectif mais aussi d’au moins un défaut qui ne lui permet pas de réussir le but qu’il s’est fixé dans l’histoire.
Surmonter ou non ce qui le retient ainsi d’avancer et dans sa vie et dans l’histoire sera décrit par son arc dramatique, son évolution physique ou psychologique (et souvent, c’est une combinaison des deux).
Notons tout de suite que l’objectif peut être un simple prétexte à l’intrigue (un McGuffy comme le nommait Alfred Hitchkock) mais il est plus souvent un support du ou des thèmes de l’histoire. Par exemple, dans Rosemary’s baby, l’approche de la religion catholique par Rosemary façonne sa façon de penser et de percevoir les choses.
Réduit à la scène, l’objectif offre de nombreuses possibilités narratives. Cependant, une analyse un peu plus approfondie devrait rapporter plus ou moins manifestement l’objectif d’une scène particulière au ressort principal de l’histoire qui motive l’intrigue dans son ensemble.
Un dilemme globalement
On peut admettre que l’objectif global du protagoniste est un dilemme qui ne sera résolu qu’au dénouement de l’histoire. Pour résoudre ce dilemme ou problème, on ne peut d’un claquement de doigt décider que l’histoire est terminée en apportant soudain une réponse apparemment arbitraire.
Cette solution devra être expliquée progressivement, étape par étape. Chacune de ces étapes est un plus petit objectif. Que cet objectif en quelque sorte secondaire soit atteint ou non importe peu puisque la réponse donnée à chacun de ces objectifs est une brique qui vient s’ajouter à la compréhension de l’objectif global.
En quelque sorte, on induit de l’observation de faits détaillés le point de vue de l’auteur sur le problème qui est au cœur de son histoire.
Vous pourriez même être incertain sur votre intention d’auteur qui mûrira au fil de vos expériences d’écriture et planifier des scènes sans savoir de quoi vous voulez vraiment parler.
Néanmoins, cette manière de faire qui consiste à définir un objectif dans une scène peut vous amener à découvrir sur le plan d’ensemble ce à quoi tous ces objectifs tendent comme si chacun d’entre eux était motivé par une signification qui lui soit supérieure.
Chaque objectif détaillé doit être pertinent dans l’ensemble (même ceux qui s’inscrivent dans les intrigues secondaires). Pour comprendre une scène, autant s’interroger sur la résonnance de celle-ci avec le ou les thèmes que véhicule l’histoire. En fait, il s’agit de s’interroger si l’accomplissement ou non d’un objectif dans une scène donnée affectera ou non le résultat global.
Plusieurs scènes pour un objectif
Il semble évident qu’un objectif ne peut toujours être résolu en une seule scène. Plusieurs scènes seront parfois nécessaires pour qu’un objectif donné soit explicité. Imaginons que votre héros soit tombé amoureux de sa voisine de palier. Il sait que pour donner une chance à cet amour de naître réciproquement, il faut qu’il devienne plus intime avec elle.
Son tout premier objectif qu’il se fixe à un moment de l’histoire sera de lui proposer d’aller visiter un musée par exemple parce qu’il a appris qu’elle adorait cela. Cependant, il ne peut de but en blanc lui demander de sortir avec lui. Cela ne sera possible qu’après quelques scènes qui démontreront ses tentatives d’approche de cet être aimé unilatéralement pour le moment.
Donc l’objectif global exige au préalable que notre tourtereau fasse davantage connaissance avec cette personne. Pour cela, l’une des premières étapes sera la visite d’un musée. Mais cette visite exige elle-même une préparation qui va couvrir plusieurs scènes.
Pour ceux que cela intéresse, la théorie narrative Dramatica aborde dans son chapitre 17 [Appréciations de l’intrigue sur le plan thématique], ces exigences de l’histoire.
