LE PERSONNAGE EST UNE METAPHORE

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On a beaucoup écrit sur la nécessité de rendre réel nos personnages de fiction. Cependant, il y a une nuance qu’il faut respecter. Il ne s’agit pas de rendre réel nos personnages mais l’autrice et l’auteur doivent faire en sorte qu’ils semblent réels.
La réalité est en effet une toute autre chose. Il nous faut bien admettre que nous recherchons quelque chose de mieux que la réalité dans nos récits.

Recopier au détail près les minutes d’un procès ne rend pas une histoire meilleure. Une fiction ne peut être que confusément réaliste. Elle est un peu comme un mirage. Et le lecteur/spectateur choisit son mirage.

Mieux que la vraie vie

Ce que veulent la lectrice et le lecteur, c’est une vraisemblance. La vraie vie, il l’éprouve au quotidien.

L’autrice et l’auteur doivent réussir à créer un monde pour leur récit suffisamment familier pour que le lecteur/spectateur suspende son incrédulité. Première condition pour qu’il accroche à ce qu’il lui est raconté.

Pour qu’il y ait vraisemblance, il est nécessaire que ce monde soit de manière interne consistent et cohérent. Il doit faire sens avec le contexte du récit. Il doit apporter une fondation à ce récit. Mais il n’est écrit nulle part qu’il doit être réaliste, seulement vraisemblable.

Une fiction est une structure ordonnée. Elle possède un début, un milieu et une fin. Lorsqu’elle se termine, elle apporte généralement un sentiment de finitude. Et elle ne peut aller au-delà d’un certain point : sa fin.

La plupart du temps, la fiction apporte un sentiment d’élévation morale. Tout ceci se produit rarement dans la vraie vie. Mais la fiction, pour exister, a besoin de cet ordre. Et c’est aussi ce que le lecteur/spectateur recherche.

Doit-on vraiment écrire sur ce que l’on connaît ?

Pas nécessairement. Ecrivez sur ce que vous auriez envie de lire. Ecrivez sur ce qui vous intéresse. Et faites des recherches pour compléter votre connaissance du sujet.

Si l’on écrit seulement sur ce que l’on connaît, c’est-à-dire sur la réalité qui nous environne, l’intrigue risque d’être un peu pauvre. Il faut illuminer ce que l’on connaît afin de capturer l’imagination du lecteur et de la lectrice.

Et pour parvenir à ceci, il suffit de créer un personnage avec lequel cette lectrice et ce lecteur aimeraient passer un peu de temps.

Le personnage n’est donc pas réel ?

Pas plus que ne l’est votre fiction. Et tout comme elle, il est cependant vraisemblable. Il a juste quelque chose en plus qui le rend différent. En quelque sorte, il est plus grand que le commun des mortels.

C’est ainsi que nos personnages de fiction deviennent des métaphores. La définition d’une métaphore est simple : il s’agit de quelque chose qui représente quelque chose d’autre. Quelque chose qui dépasse ce qui la représente et est souvent intangible.
C’est ainsi que la croix représente la spiritualité ou que le cœur de la Saint Valentin représente l’amour.

Et le personnage principal d’une histoire devrait représenter lui aussi quelque chose d’autre. Il devrait être aussi une métaphore.

Scarlett O’Hara

Pourquoi Scarlett O’Hara de Autant en emporte le vent est-elle si populaire ?

Lorsque nous faisons sa connaissance, le moins que l’on puisse dire est qu’elle est loin d’être parfaite. Elle est égoïste, ne se soucie aucunement des autres et se préoccupe seulement de choses futiles. Et se montre quelque peu mégère.
La guerre l’a certes rendue plus mâture. Mais elle n’est pas devenue pour autant une sainte. Elle convoite ce que possède les autres. Elle est manipulatrice et parfois cruelle. Les choses immorales sont à sa portée.

Et pourtant, elle fascine. Et elle n’est pas si mauvaise que cela, après tout. Au cours de l’intrigue, elle fera preuve de courage, d’endurance et d’une farouche détermination. Bien sûr, elle n’est pas parfaite. Mais elle a su conserver la plantation. Et elle n’a jamais abandonné. Demain est un autre jour, comme elle dit.

Si cette fascination du lecteur et de la lectrice pour Scarlett est si forte, c’est parce qu’elle est une métaphore. Elle incarne la force et le courage dans les situations les plus terribles. Celles, justement, où ces qualités sont rares.

L’empathie du lecteur/spectateur fonctionne car Scarlett représente des vertus qu’il admire et espère posséder lorsque sa propre vie le testera. Ce qui ne manque jamais d’arriver. Scarlett O’Hara est une survivante.
Et c’est bien ce statut particulier de Scarlett qui fait d’elle un être hors du commun et pourtant vraisemblable. On pourrait en dire autant de nombreux autres héros et héroïnes.

Des vertus attachantes

La pratique consiste donc à concevoir votre personnage principal en lui assignant une vertu qui parlera au lecteur/spectateur et à exacerber celle-ci. La force, le courage, l’intelligence, l’altruisme, la détermination… sont de telles vertus.

Il serait bon de vous demander quel personnage serait le meilleur pour l’histoire que vous souhaitez raconter. Quel personnage pourrait incarner les vertus et les idéaux que véhiculera votre récit ?
Quelle métaphore souhaitez-vous instiller dans l’esprit de votre lecteur/spectateur ?

Lorsque vous aurez répondu à ces questions, le reste sera de l’invention. Par exemple, les lieux et places de votre récit seront définis par ces réponses. Et non plus par des lieux et places que vous connaissez mais qui seraient une fondation inappropriée voire contradictoire avec les exigences de votre intrigue.
A lire à ce sujet :
LIEU, EPOQUE & STYLE DE VOTRE MONDE

Des êtres de fiction qui ont une vie

Vous racontez dans votre histoire une tranche de vie. Mais avant que l’aventure de ces êtres ne commence, ils ont vécus.

En fait, il sera très utile pendant votre processus d’écriture que vous ayez déjà une connaissance assez poussée de vos personnages ; de leur naissance à leur mort. Vous devriez avoir une compréhension minutieuse de vos personnages.

Leurs passés, où ils en sont maintenant (ce qui dépend fortement de leur passé) et où la combinaison de leur passé et de leur présent les mènera. Ainsi, il vous sera plus facile d’extraire de leur vie les moments qui feront avancer votre intrigue.

Les cinq catégories qui définissent un personnage

On peut résumer un personnage en cinq catégories :

  1. Son passé
  2. Sa personnalité
  3. Son apparence
  4. Ses occupations
  5. Son identité secrète
Le passé du personnage

Il y a deux choses importantes dans ce passé. D’abord, il faut savoir d’où il vient. Il est indéniable par exemple qu’on ne peut dénier le rôle des parents dans le devenir de leurs enfants ; influence autant positive que négative. Et il y a aussi dans ce passé la cause du trouble majeur de votre personnage. Ce qui fait qu’il n’est pas véritablement lui-même.
En un mot, il a connu un trauma dans son enfance.
Il est indubitable aussi que l’on ne peut revenir sur les faits. Ils sont tout autant irréversibles que le temps. Par contre, notre relation au passé peut évoluer.

Ce qui constitue la faille dans la personnalité du héros est appelé à changer au cours de l’aventure de celui-ci. Et la cause de cette faille se situe dans le passé.

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La personnalité du personnage

Elle découle en partie du passé. Cette personnalité se manifeste au travers des comportements du personnage. Il faut comprendre qu’une personnalité ne reflète pas nécessairement qui est vraiment le personnage mais plutôt comment il choisit de se comporter.
C’est donc d’abord une question de personae, c’est-à-dire ce que l’on donne à voir de nous aux autres.

Bien sûr et fort heureusement, la personnalité conduit aussi à un aperçu de l’intériorité du personnage. Ce qui permet d’élaborer des personnages qui se compléteront au cours du récit et qui ne seront pas dupliqués les uns des autres. Par exemple, si votre protagoniste est un idéaliste, vous pourriez inventer un personnage (le sidekick, par exemple) dont la qualité majeure serait son côté pratique.
Et des personnages avec des personnalités distinctes réagiront à une même situation de façon différente, voire diamétralement opposée. Ce qui ne peut qu’enrichir globalement le récit.

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LE PERSONNAGE DANS LE COURT-METRAGE (1)
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 L’apparence du personnage

Retenez simplement que ce à quoi ressemble un personnage peut révéler beaucoup sur ce qu’il est. Pour résoudre ce problème de l’apparence, le mieux est peut-être de tenter d’imaginer le personnage en trois dimensions.
C’est-à-dire comment il occupe l’espace dans votre monde fictionnel.

Ses occupations

Ce type d’informations peut être utile lorsque vous concevrez une scène. Si votre personnage aime à se retrouver avec des amis autour d’un barbecue, vous posséderez ainsi le décor pour quelques scènes. Ses relations de travail pourraient aussi avoir un rôle à jouer dans l’intrigue. D’où l’importance de définir son activité professionnelle.

L’identité secrète du personnage

Si vous avez quelque peu réfléchi à votre personnage, vous avez certainement abouti à une identité secrète. Ce qu’il est au-delà de sa personae, au-delà des apparences.

Et même les personnages les plus proches de votre héros ou de votre héroïne ne pourraient pas connaître cette secrète identité. Comprenez-bien qu’on ne parle pas d’espions ici. Mais de ce que le personnage est, comment il agit et se comporte lorsqu’il est seul.
Cette identité secrète est la réponse à la question : Qui est-il ? ou Qui est-elle ?

Pour conclure

Prenez le temps de connaitre vos personnages, en façade comme de l’intérieur. Et ne perdez jamais de vue ce qu’ils représentent.

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