INTRIGUE : L’AMOUR ET LA HAINE

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Aphrodite, la déesse grecque de l’amour, l’incarnation des désirs et des passions des hommes. Née de l’écume du membre divin de Ouranos tranché par Cronos, et poussée par les vents jusqu’à Cythère et Chypre, la terre asséchée de ces pays se couvrit de vie sous ses pas.
Pour les grecs, Aphrodite est l’expression de l’amour des corps. Les légendes de ces pouvoirs se sont répandues sous des formes multiples tout en notifiant l’impuissance de ceux qui osèrent s’opposer à Aphrodite.
Aphrodite est l’objet d’un archétype qui peut vous être utile dans la définition de l’un de vos personnages :
APHRODITE

Vous pourriez aussi tirer avantage de cet article en consultant au préalable :
QUESTIONS D’INTRIGUE – PART 1
QUESTIONS D’INTRIGUE – PART 2
QUESTIONS D’INTRIGUE – PART 3
QUESTIONS D’INTRIGUE – PART 4
QUESTIONS D’INTRIGUE – PART 5
QUESTIONS D’INTRIGUE – PART 6

Le concept d’amour et de haine est très bien représenté dans la littérature classique. Aphrodite n’est-elle pas celle qui a mené à la Guerre de Troie ?
Lorsqu’il est demandé à Pâris de choisir entre Héra, Athéna et Aphrodite, il jugea que Aphrodite était la plus belle. En retour, elle lui offrit la plus belle des femmes que la Terre portait en ce temps-là, Hélène (mais épouse de Ménélas).

Ce dernier provoque Pâris en duel mais celui-ci n’est pas un guerrier et ne connaît que l’art de l’amour et non celui de la guerre. Aphrodite lui sauvera la mise in extremis…

Nul doute que Aphrodite est à l’origine de l’amour passionné entre Hélène et Pâris : elle est l’artisan de leur rencontre.

Maintenant, retravaillons cette intrigue :

Et si…?
Une bande de copains prenaient le pari fou du premier qui parviendrait à faire l’amour à la femme la plus belle et la plus désirable ?

Et si…?
Ces quatre copains, par exemple, se mettaient d’accord que la femme la plus belle et la plus désirable à leur portée est une dénommée Sharon, l’incarnation de tous leurs désirs refoulés ?

Et si…?
Ces quatre garçons échafaudaient le plan de kidnapper la fille afin de satisfaire leurs désirs ?

Et si…?
Après avoir enfermé Sharon dans un lieu perdu, les dissensions entre eux en venaient à pourrir leurs relations ?

Et si..?
Les enquêteurs parvenaient à repérer le lieu de détention de Sharon et assiégeaient la maison où elle est enfermée en empêchant toute fuite possible des ravisseurs coincés dans les lieux ?

Et si…?
L’un des ravisseurs tombait follement amoureux de Sharon transcendant son désir charnel en un amour véritable ?

Cet exemple tiré de June et William Noble sert à démontrer qu’à partir d’un mythe, il est possible de réinventer une intrigue sans pour autant tomber dans le plagiat. Il suffit d’emmener une histoire plus loin et dans une direction différente.

Alors que dans l’épopée de Homère, l’accent est mis sur les armées et leurs champions, l’intrigue réinventée peut porter davantage sur les relations entre Sharon et ses ravisseurs.
Chaque personnage est alors défini selon ses motivations et ses désirs ainsi que par les relations qui découlent de ces déterminations.

Le mouvement essentiel entre l’épopée et l’intrigue nouvelle est similaire : une femme désirable est enlevée et les conséquences lancent une chaîne d’événements qui s’avéreront destructifs pour tous ceux concernés.
Pour Pâris, Hélène et Ménélas, il y a cette guerre de Troie qui dura dix années avec son cortège de malheurs et de morts. Dans notre intrigue revisitée, il est question d’humiliation, de répugnance et en fin de compte, la mort est encore de la partie.

Amour et Haine

L’amour ne peut se concevoir sans la haine. Toutes deux sont des passions violentes.

Arès, Dieu de la guerre et de la destruction, est l’esprit même du carnage. Il est bien plus qu’un prédateur, c’est un tueur. Arès n’est intéressé que par le sang versé, les massacres et la mort. Il est l’incarnation d’une haine parfaite, absolue.

Il est une divinité mais la mythologie grecque montre un dieu irrespectueux envers les autres dieux qui le méprisent et le craignent tout autant.
Dans l’Iliade, Homère met en avant sa partialité envers les troyens et le décrit en termes durs.

Pourtant cet être (puisque considéré comme tel par la mythologie) est singulièrement vaincu par Athéna, la vierge guerrière de l’Iliade.
Athéna est l’esprit du guerrier, ce qui est différent de l’angle sous lequel nous devons voir Arès. Athéna n’est pas assoiffée de guerre.

Sur un champ de bataille, elle redonne le courage et peut inspirer les hommes à agir héroïquement. Elle est rationnelle, protectrice.
Arès est son exacte opposé.

La haine entre Athéna et Arès est ce qui qualifie leur relation. Leurs natures propres ne pouvaient d’ailleurs qu’aboutir à une relation conflictuelle. La haine entre eux est si intense qu’elle en est palpable.

Cet exemple mythique d’une haine inextinguible entre dieux est le paradigme d’une situation similaire parmi les hommes.
Tout comme l’amour, la haine est un moteur puissant de l’intrigue. L’amour et la haine peuvent être considérés comme une binarité Amour/Haine (l’avers et le revers d’un même concept) qui s’exprime ou se manifeste dans la même situation (ces valeurs sont en jeu au cours des mêmes circonstances, elles ne se déploient pas dans des intrigues séparées) et ce couple de valeurs peut emmener une histoire dans n’importe quelle direction.

Si nous reprenons l’exemple donné plus haut, la relation entre le ravisseur de Sharon qui tombe follement amoureux d’elle et Sharon peut être travaillée sous l’angle de l’opposition de l’amour de l’un face à la haine de l’autre.
Cet amour alimente alors le conflit entre les ravisseurs et puis Sharon pourrait être amenée à questionner sa haine devant les preuves d’amour que lui prodiguent l’un de ses ravisseurs. Cette approche n’annihile d’ailleurs pas les autres valeurs de destruction et de mort sous-jacente à l’histoire.

Vous pourriez souhaiter aussi mettre l’emphase sur la haine comme motivation principale de l’intrigue mais le contraste avec l’amour sera nécessaire pour que l’alchimie dramatique fonctionne.
L’amour et la haine sont inséparables et fonctionnent conjointement à la création d’une unité dramatique.

Du point de vue pratique, ces valeurs d’amour et de haine ne doivent pas être statique tout au long de l’histoire. Elles doivent évoluer (se dilater, se contracter, prendre de nouvelles formes).
Rien ne vous empêche de reproduire à votre manière Roméo et Juliette comme l’a fait Hemingway avec L’adieu aux armes où l’amour grandit, s’épanouit et se termine mais il ne meurt pas. Il est seulement devenu impossible dans notre monde sensible.

La binarité Amour/Haine a un avantage intrinsèque : elle est source de conflit et de tension (exactement tout ce dont a besoin une bonne histoire).
Lorsque vous écrirez sur l’amour ET la haine, considérez qu’ils sont les deux côtés d’une même pièce, d’une même intrigue.

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