ENJEUX : POUR LE PERSONNAGE & LE LECTEUR

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L’objectif du protagoniste est quelque chose que le lecteur va encourager. Ce qui signifie qu’un lien s’est déjà créé entre lui et le protagoniste. Mais ce lien est encore fragile. Pour le renforcer, l’auteur mettra en évidence des enjeux.

C’est-à-dire qu’il rendra clair ce qu’a à perdre ou à gagner le personnage principal dans l’atteinte ou non de son objectif. Habituellement, ce qu’il a à perdre est plus puissant du point de vue dramatique. Les conséquences négatives en cas d’échec marque durablement l’esprit du lecteur.

Avec des enjeux médiocres ou non-existants, l’enthousiasme du lecteur (son empathie envers le héros) aura du mal à s’exprimer. Donc lorsqu’on établit un objectif, il faut pouvoir continuer à l’énoncer en précisant afin de..
[il doit faire ceci… afin de …]
Objectif + Enjeux donnent des raisons au lecteur de continuer à tourner les pages rien que pour voir ce qu’il va bien pouvoir se passer pour le héros.

Une accroche n’est pas suffisante

Trouver dès les premières pages du scénario une accroche ne permet pas de soutenir l’intérêt du lecteur une fois ce premier moment de curiosité passé. L’accroche est nécessaire pour ferrer le lecteur mais insuffisante pour le maintenir dans l’histoire.

A propos de l’accroche, je vous renvoie à :

Maintenant, tout au long de l’intrigue, le personnage principal rencontrera un certain nombre d’épreuves et d’obstacles. Ces tribulations sont la manifestation du conflit. Dans la vie réelle, une telle intensité de turbulences si elles sont seulement possibles exigeraient une capacité surhumaine pour les surmonter.

En fiction, il faut préserver la crédibilité et expliquer pourquoi le protagoniste poursuit avec un tel acharnement hors du commun un objectif somme toute improbable. Pourquoi n’abandonne-t-il pas ?
S’il n’y a pas un enjeu véritable et sérieux qui éclaire la volonté du héros dans cette ardeur, dans cette obstination à aller jusqu’au bout de son désir, le lecteur conclura que cette histoire manque de consistance même si par ailleurs toute semble cohérent.

Le lecteur et le texte communique

A la lecture d’un roman ou d’un scénario, le lecteur est convié à vivre une expérience. Il éprouve des sentiments (joie, peine, colère…) par un personnage interposé : le personnage principal.
Si ce dernier ne justifie pas ses actions et ses décisions en les motivant par un enjeu important,  le lecteur sentira que l’action est forcée, qu’elle n’a aucun sens. Et il n’accrochera plus à l’histoire parce que ce à quoi il s’accroche, c’est à un personnage qui a un problème à résoudre et s’il n’y parvient pas, il risque d’y laisser son âme et son cœur.

Avec une motivation convaincante, le lecteur se sent concerné même s’il ne s’est jamais trouvé dans une situation telle que celle que connaît le protagoniste. C’est de la compassion. On comprend le tourment du héros dont on peut se saisir sans l’avoir vécu nous-mêmes. C’est notre imagination qui fait tout le travail. Autant lui donner de la matière à moudre.

Le dessein de l’auteur est de parvenir à investir émotionnellement son lecteur dans l’expérience que fait ce dernier à la lecture de son récit.
Dans Inception, l’aspect émotionnel est porté par la relation entre un père et ses enfants. Ce thème de par son universalité intemporelle a une résonance très forte auprès du lecteur. Pourquoi Cobb infiltre-t-il autant de niveaux oniriques ?
Parce que cela lui permettra de renouer avec ses enfants, de voir leurs visages de nouveau comme il le dit lui-même. La subjectivité du personnage transmet l’émotion.

Des motivations que l’on comprend

Un grand enjeu est une motivation à la portée du lecteur. Il peut le comprendre, se l’accaparer sans même l’avoir vécu. Cependant, il peut y avoir des limites à cela.
Dans une romance par exemple où le héros ou bien l’héroïne ne cherche que l’amour de l’autre, alors que cette motivation nourrie par une peur de la solitude par exemple, est compréhensible, son effet sur le lecteur, son degré d’implication envers cette relation amoureuse sera valorisé à la hauteur de la sympathie qu’il éprouve pour le personnage principal.

En d’autres mots, si le lecteur ne trouve pas très aimable le protagoniste, il se moquera de savoir si le possible échec d’un amour est désolant. En fait, il ne s’impliquera pas parce qu’il sera indifférent à cet être de fiction.
Dans d’autres genres tel que celui de Inception, la sympathie envers le personnage principal est moins nécessaire parce que l’enjeu est si poignant, si humain qu’il emporte l’adhésion du lecteur sans qu’aucun effort particulier sur l’attirance ou le charisme du personnage ne soit opéré.

 

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