ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (12)

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Votre protagoniste est rarement seul dans un scénario. Il est entouré par d’autres personnages : ennemis, alliés, des rencontres furtives…

Chacun de ces autres personnages se doit d’être vivant et unique en quelques façons. Même les personnages qui n’apparaîtront que dans une seule scène ou qui n’auront qu’une seule ligne de dialogue à dire.
Si vous prenez cette série d’articles sur les fondamentaux du scénario en cours de route, voici le lien vers le tout premier article :

ÉCRIRE UN SCÉNARIO :   LES FONDAMENTAUX (1)

Combien de personnages dans un scénario ?

Tout dépend de ce que vous avez l’intention de faire. Et puis, il faut savoir que même des petits rôles ou des petites participations à l’intrigue peuvent ajouter de la vie à votre scénario si vous savez rendre ces personnages mémorables.

Un ensemble de personnages disséminés çà et là dans le cours de l’histoire peut donner l’impression au lecteur que de nombreux personnages peuplent cette histoire et non pas seulement une poignée.
Bien sûr, une poignée de personnages peut suffire si cela correspond aux exigences de l’histoire.

Par ailleurs, multiplier les lieux de l’histoire permet de faire l’économie de nouveaux personnages surtout si ces lieux ont une fonction aussi importante dans l’intrigue que pourrait être celle d’un personnage.
En règle générale, il vaut mieux tenter de donner du sens au monde que vous décrivez dans votre scénario. Les vecteurs de cette signification qui explique l’univers spatiotemporel dans lequel évoluent vos personnages, ce sont les personnages eux-mêmes.

L’introduction des personnages

Il vaut mieux prendre l’habitude d’introduire tous ses personnages dans la première partie du scénario, à savoir lors de l’acte Un et la moitié de l’acte Deux.
Parce qu’à partir du point médian, il se passe tellement de choses dans l’histoire que vous n’aurez plus le temps d’y développer comme il faudrait de nouveaux personnages.

Vous pourriez même introduire un personnage physiquement très tard dans le scénario tout en lui permettant d’être présent dès le début comme Carol Reed l’a fait avec le personnage de Harry Lime dans Le Troisième homme.

Maintenant, il y a une chose que vous devez comprendre : un personnage quel qu’il soit se définit dans et par sa relation aux autres. Et parmi ces autres, quelques uns d’entre eux que l’on peut considérer sous un angle archétypal (seulement parce qu’il est facile de les identifier d’histoires en histoires et que cela leur procure une certaine universalité) qui n’en fait pas pour autant des stéréotypes.
Un archétype ne sera jamais un stéréotype surtout si vous ajoutez aux personnages quelques traits qui les rendent encore plus uniques.

Les relations

Parmi les relations les plus importantes, il y a celle que la théorie narrative Dramatica établit entre le personnage principal et un Influence Character.
Cet Influence Character présente un point de vue subjectif sur le héros. Sa fonction dans l’histoire (l’archétype est une fonction donc quelque chose d’objectif) serait celle du Contagonist.

Pour ce concept de Contagonist, nous vous renvoyons à :
ARCHETYPES DE M. A. PHILLIPS (4) – CONTAGONIST

Si vous ne souhaitez pas vous plonger dans la théorie narrative Dramatica (et je reconnais qu’elle est un peu ardue à comprendre), tentons d’expliquer autrement ce que peut être cet Influence Character.
Cependant, si cette théorie vous tente, je me tiens à votre disposition pour vous apporter quelques lumières supplémentaires (soit dans les commentaires, soit par mail si vous préférez conserver une certaine confidentialité sur l’un de vos projets d’écriture).

Nous pouvons donc considérer que cet Influence Character se présente en contraste du protagoniste. Ainsi, il mettrait en lumière certains traits du caractère du protagoniste en offrant au lecteur une image opposée. Si, par exemple, votre personnage principal est marquée d’une certaine folie, d’une certaine excentricité dans ses comportements alors l’Influence Character sera plutôt quelqu’un de réservé, de prudent. Si le personnage principal est introverti, alors l’Influence Character sera extraverti.

Dans Influence Character, il y a la notion d’influence. En effet, ce personnage va tenter d’influencer le protagoniste afin de le détourner de son objectif. Contrairement à l’antagoniste qui ne veut pas que le héros de votre histoire réussisse sa mission, il y a une vraie sincérité dans l’approche de l’Influence Character.
En fait, il ne cesse d’interpeller le protagoniste sur ses motivations à faire ce qu’il fait. J’irais jusqu’à dire qu’il est la voix du lecteur qui s’interroge aussi sur la détermination dont fait preuve le protagoniste.

Par exemple, votre héroïne est une ado d’une quinzaine d’années qui est très timide. Evidemment, elle est amoureuse d’un garçon mais n’ose l’approcher.
A ce moment de l’histoire, l’objectif de votre héroïne est alors de se renfermer sur elle-même afin de se protéger d’une éventuelle déception envers ce garçon.

Son amie, cependant, est une jeune fille très ouverte, voire même un brin délurée. Elle est incapable de comprendre la motivation de votre héroïne à ne pas ouvrir son cœur pas plus qu’elle n’a conscience de la peur de l’échec que celle-ci ressent.
Elle va donc tout tenter pour jeter son amie dans les bras de ce garçon.

L’objectif global de l’histoire est bien sûr que cette jeune fille et le garçon de ses rêves reconnaissent mutuellement leur amour. Or, les agissements de l’amie (qui sont pourtant sincères) risquent de contrecarrer cet objectif.
Mais ce sera par maladresse. Le véritable antagoniste qui pourrait être une autre jeune fille elle aussi amoureuse du même garçon cherchera plutôt à décourager le garçon ne serait-ce que de prêter la moindre attention à cette jeune fille pourtant mignonne comme un cœur.

En somme, cet Influence Character est un moyen élégant d’exposer votre personnage principal sans que cela ressemble à une exposition foncièrement barbante.

The Love Interest

La romance est toujours très intéressante. Le lecteur adore observer une romance entre deux personnages. D’un point de vue technique, cependant, le personnage qui incarne le Love Interest du protagoniste a pour mission de montrer en lui un aspect qui n’est pas évident de prime abord.

Par exemple, considérez le méchant de l’histoire. Vous en avez fait une brute épaisse. Pourtant, il va rencontrer quelqu’un dont il tombera amoureux et nous nous apercevrons alors que sous sa carapace de brute se cache un cœur empli de tendresse.
C’est ainsi que l’on découvre sous un nouveau jour Wilson Filk, le méchant de la série télévisée Daredevil.

Mais cela fonctionne aussi avec le protagoniste. Le Love Interest n’est nullement obligatoire dans un scénario. Mais si d’aventure, vous en avez besoin d’un, développez le personnage avec ses propres pensées et sentiments. Un auteur se doit de respecter le moindre de ses personnages.

L’antagoniste

Voilà un archétype indispensable dans tout scénario. Il peut être incarné ou une entité comme un tremblement de terre (le héros doit survivre contre une force de la nature) ou bien encore une entité incarnée (comme un juge représentant l’aveuglement d’une justice parfois bien rigide).

L’antagoniste est donc un obstacle pour le protagoniste. Mais c’est aussi un obstacle avec une intention. Et cette intention ne représente un obstacle pour le protagoniste seulement parce que celui-ci vient perturber les plans de l’antagoniste.
Au-delà de deux volontés qui s’opposent, ce serait donc deux intentions (qui peuvent s’ignorer mutuellement) qui vont se perturber l’une et l’autre. Ce qui façonne ainsi la relation qui unit le protagoniste et l’antagoniste.

Il doit être donné à l’antagoniste le même soin qu’au protagoniste lors de son élaboration. Il doit posséder un but, avoir des alliés et comme nous l’avons mentionné, il peut être intéressant de lui procurer un Love Interest.
Un antagoniste n’est pas seulement un mur qu’il faut abattre pour poursuivre son chemin. C’est aussi un personnage de fiction qui recopie des choses de la nature humaine.

Une force antagoniste se retrouve jusque dans la scène. En effet, il est tout à fait possible que dans une scène le protagoniste rencontre un obstacle mineur, certes, mais qui vient entraver son intention.
Par exemple, votre héros après maintes tentatives, est parvenu à convaincre cette jeune fille dont il est amoureux à accepter son invitation au restaurant.
Arrivé sur place et sans réservation, le serveur lui dit qu’aucune table n’est disponible. C’est un obstacle à l’intention du protagoniste dans cette scène particulière.

Par ailleurs, si ce serveur n’est pas un simple moment dans la vie de votre personnage principal mais plutôt un rival pour gagner le cœur de la jeune fille, alors il devient l’antagoniste de l’intrigue et non plus seulement de la scène.
Sommairement, l’antagoniste et le protagoniste sont deux empêcheurs de tourner en rond l’un vis-à-vis de l’autre.


Le prochain article :
ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (13)

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