ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (11)

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Dans une fiction, le protagoniste a un objectif à accomplir. Cet objectif est un désir.
Distinguons dès maintenant la différence entre le désir et le besoin. Le désir est une motivation à accomplir quelque chose. En quelque sorte, le désir est extérieur au personnage. D’une manière ou d’une autre, il s’est persuadé qu’il avait une mission à mener à son terme et rien ne peut l’en détourner.

Le besoin est quelque chose de plus personnel. C’est un problème interne qui doit être résolu par le personnage. Lorsqu’on invente un protagoniste, il est nécessaire d’ajouter dans sa personnalité un défaut qui l’empêche d’être totalement lui-même. Ce peut être une addiction quelconque (dont l’origine peut être expliquée au cours de l’histoire), par exemple.
Simultanément au désir (ou objectif) qu’il poursuit dans cet histoire, le héros a donc un besoin qu’il doit combler. Il doit par exemple se débarrasser de cette addiction car s’il n’y parvient pas, il ne pourra réussir son objectif. C’est comme si le besoin barrait la route au désir.

Cet article aborde l’objectif du héros, c’est-à-dire son désir qui se joue non seulement au niveau de toute l’histoire mais aussi dans chaque scène qui compose le scénario.
Un drame (c’est-à-dire une fiction) est d’abord un personnage qui veut quelque chose et qui agit pour obtenir cette chose. C’est donc essentiellement une affaire de volonté.
Le héros a un désir et il est prêt à tout pour que ce désir se concrétise.

Une transformation

Qu’est-ce qu’un désir ? C’est une aspiration à changer. Pour l’auteur, cela représente une alternative qui s’avère en fin de compte très utile pour son scénario.
Soit son héros parvient à réaliser son désir et quelque chose change dans sa vie. Soit il échoue et on peut admettre que rien ne change. Le dénouement n’apporte aucun changement dans la situation finale rapportée au statut quo du personnage comme il a été établi dans la situation initiale.

Je me dois de nuancer cependant cette notion d’échec. Je ne l’emploie pas ici dans le sens où le héros possède dès l’incident déclencheur un désir indéfectible et que malgré toute sa détermination, il ne parvient pas à le réaliser.  C’est davantage comme un manque de volonté à faire les choses.
Par exemple, le héros pourrait avoir un rêve comme de s’acheter le voilier de ses rêves. Mais ce n’est qu’un rêve car il n’y a pas véritablement d’urgence à ce que ce rêve devienne réalité.

Et il pourrait aussi ne jamais devenir réalité parce que dès que l’on possède quelque chose, le désir d’avoir s’estompe. Or c’était précisément ce désir qui était poursuivi et non de posséder la chose convoitée.
Et lorsqu’il n’y a pas une véritable volonté à ce que les choses changent, il n’y a pas non plus d’aspect dramatique. En d’autres mots, un héros qui poursuit un rêve ne raconte pas une histoire.

Le désir est donc un désir de transformation. Si, par exemple, le héros de votre histoire aspire au bonheur, cela implique qu’il se sent malheureux dans la situation initiale. Mais le bonheur est un concept. Et un scénario ne se contente pas de concepts. Il faut que l’auteur précise sa pensée. Ainsi, cette atteinte du bonheur pourrait se concrétiser par un mariage si la jeune fille que le héros se désespérait de courtiser finit par lui dire oui.
Ou bien ce peut être une promotion ou encore de mener son équipe à la victoire.

Nous pouvons remarquer aussi que le désir n’est pas seulement de passer d’un état à un autre. Le protagoniste pourrait vouloir que les choses ne changent pas. Dans ce cas, ce serait par exemple de renforcer une croyance. Toutes les péripéties de ce personnage principal au cours de l’intrigue seront tournées vers un affermissement de ce que ce héros ou cette héroïne tenaient pour vrai.

L’histoire et le récit

Nous allons faire maintenant une distinction entre l’histoire et le récit.

ScénarioL’histoire commence avec le début de l’acte Un et se termine à la fin de l’acte Trois. Elle est donc un Tout.
Le récit est une succession d’événements (autrement dit, une succession de scènes) qui forme l’intrigue.

L’incident déclencheur initie l’intrigue. Lors du passage dans l’acte Deux (c’est à ce moment que le problème de l’histoire devient le problème du protagoniste), l’intrigue est véritablement lancée jusqu’au dénouement.

L’objectif du héros prend place dans le cours du récit. C’est entre l’incident déclencheur et le dénouement que ce protagoniste tentera d’accomplir sa mission. Celle-ci doit être spécifique, être emprunt d’une certaine urgence et intelligible.
Cette intelligibilité de l’objectif du héros, je l’ai déjà mentionné ci-devant : Ce qu’il veut réussir ou obtenir dans cette histoire doit être concret. S’il veut atteindre le bonheur, il faut en préciser les détails.

La mission du héros

Lorsque débute l’acte Un (acte par excellence de l’introduction des personnages et de l’univers spatio-temporel dans lequel ils évolueront), le protagoniste ne peut déjà avoir pris conscience de son objectif. C’est seulement après l’incident déclencheur que commencera à se former dans son esprit un désir.

Dans un premier temps, il est vrai aussi qu’il montrera une certaine réticence à accepter qu’il éprouve ce désir. Mais la graine sera plantée. Et lors du passage dans l’acte Deux, il prendra définitivement la décision de s’engager dans son aventure. C’est ainsi que l’acte Deux est vraiment l’espace de l’intrigue, là où se déroulent les conflits jusqu’au climax, l’ultime confrontation.

Vous l’avez constaté sur le schéma, l’intrigue se poursuit dans l’acte Trois jusqu’au dénouement. Ce n’est évidemment pas une obligation que le passage dans l’acte Trois se concentre sur la préparation (éventuelle) du climax et le climax lui-même.
Néanmoins, c’est une base sur laquelle on peut commencer à travailler.

Ce qu’il faut retenir, c’est que cette mission spécifique du protagoniste orientera ses actes et ses décisions. Dès le passage dans l’acte Deux, on peut considérer qu’il s’agit là d’un point de non retour. Le regard et la pensée du protagoniste sont tout orientés vers cet objectif. Il a dorénavant un but.

La question de la motivation

Abordons là sous l’angle des scènes. Une fiction, c’est une succession de scènes. Ce sont des moments choisis. Le personnage principal apparaîtra dans la plupart des scènes du scénario (et c’est logique comme raisonnement).

Il ne sera souvent pas le seul à peupler une scène. Tous les personnages qui y figureront doivent cependant avoir une raison légitime pour être présent dans une scène.
Et leur présence est justifiée par leurs motivations.

Par exemple, si le problème de l’histoire est de résoudre un mystère et que le protagoniste a pris en charge cette résolution, chaque scène de l’intrigue devrait posséder un but qui renvoie à ce problème de l’histoire.
Une scène pourrait par exemple consister à interroger un témoin afin de glaner des informations à la fois pour le héros mais aussi pour le lecteur. Ainsi tous deux pourront assembler progressivement les morceaux du puzzle à résoudre.

Une autre scène pourrait consister à voler un document confidentiel, élément dramatique utile à l’avancement de l’intrigue et de l’histoire. Chaque scène aura ainsi un but en rapport avec l’objectif général de l’histoire.
C’est donc l’objectif global qui nourrit l’objectif particulier de chaque scène.

Ainsi, dans chaque scène, les personnages doivent vouloir quelque chose. Si, à la relecture ou lors de la réécriture du scénario, vous vous apercevez que des personnages que vous souhaitez dans une scène quelconque n’ont pas de motivation qu’ils peuvent exprimer, il faut leur en trouver une pour rendre légitime leur présence.
Cela aide au suspense et rend votre histoire bien plus vivante.

Rendez-vous au prochain article

ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (12)

Et si vous prenez cette série sur les fondamentaux du scénario en cours de route, voici le premier article :
ÉCRIRE UN SCÉNARIO : LES FONDAMENTAUX (1)

 

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