ÉCRIRE L’ACTE UN

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Une règle pour commencer : ne cherchez pas à réécrire votre premier acte tant que vous n’avez pas fini d’écrire ou de réécrire votre scénario.
La réécriture est d’ailleurs un passage obligatoire surtout pour un scénario.

Subdiviser son écriture en segments tels qu’un acte Un, puis Deux et enfin Trois est utile parce qu’en vous concentrant sur un acte et seulement sur cet acte, c’est beaucoup plus simple que de toujours avoir en tête la totalité de son scénario.
Émotionnellement parlant, chaque acte est différent. Travailler un acte à la fois permet de développer et de rester sur un même plan émotionnel.

Et lorsque vous travaillez sur un acte, il est encore plus simple de découper cet acte et de travailler les scènes dans l’ordre que votre intuition et votre inspiration vous indique.
De plus, écrire quelques pages (d’une scène) est plus rationnel et certainement plus efficace.

Objectif et responsabilité

Chaque acte et à l’intérieur de celui-ci, chaque scène doit avoir une responsabilité dans le tout. Vous ne pouvez poser une scène comme telle si elle ne possède pas un but qui va servir l’histoire.
Tout comme on ne glisse pas un personnage dans une scène s’il n’apporte rien à ce qui s’y passe.

Vous avez déjà écrit un résumé de votre histoire. On peut faire la différence entre le résumé et le synopsis dans le fait que le résumé est beaucoup moins formel, peut-être moins littéraire.
Le résumé décrit une suite d’événements dans l’ordre où ils sont censés se produire.

L’incident déclencheur

Les scènes qui illustrent l’incident déclencheur sont importantes parce que c’est elles qui mettent l’histoire en branle.
Dans Witness, cet incident déclencheur est l’assassinat du policier dans les toilettes de la gare. C’est un moment qui implique au moins un des personnages centraux et très souvent qui facilite la rencontre de deux voire plus de ces personnages centraux en conséquences de cet incident déclencheur.
Dans Witness, par exemple, cet incident provoque la rencontre entre John et Rachel.

Cet incident déclencheur est la première séquence sur laquelle vous devriez vous pencher pour débuter le processus d’écriture de votre scénario.
Recherchez dans votre résumé quels sont les paragraphes qui correspondent à ce moment. Vous pourriez l’avoir écrit sans même le savoir.

Ne vous focalisez pas non plus sur de l’action pure. Le matériel que vous utiliserez pour votre incident déclencheur est un nœud dramatique qui lance l’intrigue et l’histoire. Nous l’avons vu, il s’agit bien souvent d’une rencontre mais ce peut être aussi si votre héros est viré de son emploi tranquille et obligé par les circonstances de se lancer dans… l’inconnu.
Ou ce peut être une simple lettre d’admission dans une école bien étrange.

Les dix premières pages

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Pour Peter Dunne, les dix premières pages de votre scénario devraient refléter ce qui vous passionne le plus dans votre histoire, ce qui vous engage le plus en tant qu’auteur de cette histoire.

Concrètement, les 10 premières pages permettront à un éventuel investisseur de se décider à accorder davantage de temps à votre scénario.

S’engager le plus dans les 10 premières pages ne signifie pas que vous devez y placer vos meilleures descriptions, vos meilleurs dialogues et tout ce qui vient ajouter à la valeur divertissante de votre œuvre.

Habituellement, il est conseillé de commencer l’action au milieu des choses, c’est-à-dire In Media Res pour placer immédiatement le lecteur/spectateur en situation.
Pour l’immerger aussitôt dans la situation en cours des personnages. C’est ainsi que pour accrocher aussitôt son lecteur, il lui est proposé quelque chose de captivant, d’émotionnel, chargée en conflit et parfois même spectaculaire dès la séquence d’ouverture ou les quelques pages qui la suivent.

Mais ces dix premières pages ont aussi une fonction. D’abord, parce qu’elles font partie d’un ensemble (le scénario) et ensuite parce qu’il faut que le lecteur comprenne le personnage principal et le monde dans lequel il vit, qu’il s’y intéresse et même qu’il commence à s’investir émotionnellement auprès de ce personnage.
Et ceci doit se produire avant l’incident déclencheur. Ce moment qui va venir bouleverser la vie ordinaire du héros.

Un conflit ordinaire

Pour capter l’attention du lecteur, rien ne vaut un bon conflit. Donc les premières pages d’un scénario devrait comporter un tel conflit. Mais il sera différent de ce qui attend le héros au cours de l’intrigue.

Le conflit présent dans les dix premières pages devrait être quelque chose que le personnage principal affronte dans son quotidien.
Dans La proposition de Peter Chiarelli, Andrew est sous la coupe quotidienne de Margaret dont il est l’assistant. Et dans Jerry Maguire, Jerry nous est présenté comme un agent des stars du sport américain qui se découvre une conscience.

Il s’agit d’illustrer (le scénario est un outil pour un média visuel) la situation actuelle des personnages centraux de l’histoire. Ce qu’ils font, leur vie sociale, leurs amis et leurs familles, les éventuelles relations amoureuses…
Il faut montrer le monde ordinaire du héros au moment où nous le découvrons et aussi quels sont les personnages qui gravitent autour de lui (y compris ce qui constituera la force antagoniste).

Ces conflits seront de nature différente de ceux qui surgiront après l’incident déclencheur. Cependant, le lecteur doit comprendre certaines choses clés sur le héros. Mais on ne peut pas faire uniquement de l’information. Il faut distiller celle-ci à travers du conflit, de l’émotion.
Et pour que ceci soit relié au personnage principal, il faut se mettre dans sa perspective de sa lutte quotidienne avec des problèmes et des situations qu’il rencontre tous les jours, dans son monde ordinaire.

Ainsi, lorsque nous découvrons le personnage, il est déjà en butte avec des soucis qui forment son quotidien. Et l’information circule de le voir se battre contre cela.

Engager émotionnellement le lecteur

Un personnage de fiction est un simulacre d’être humain. Cependant, dans l’esprit du lecteur, il possède une existence en tant qu’individu.
Il faut donc insister sur les aspects du personnage qui le rendent le plus humain possible si l’on souhaite l’adhésion du lecteur sur ce personnage. Il faut donner l’envie au lecteur de le suivre.

Même si le personnage n’est pas foncièrement sympathique, il faut parvenir à le rendre aimable. Comme Fletcher dans Menteur, Menteur.
La clef est que les émotions, les sentiments, ce qu’il attend de la vie, les conflits de son quotidien soient clairement exposés, au centre de la découverte de ce personnage.
Il faut parvenir à faire comprendre au lecteur la situation actuelle du protagoniste mais en le plaçant dans une position autre que celle d’un simple observateur. D’où l’importance de jouer avec les émotions du personnage pour apprendre à le connaître à travers celles-ci.

La séquence d’ouverture de votre scénario devrait établir votre point de vue sur le monde dans lequel évolue vos personnages. Gardez en tête que ce monde est à la fois subjectif (tel que votre héros le ressent) et descriptif des lieux de l’action.

La description des lieux est aussi importante surtout si vous considérez qu’ils ont un rôle aussi crucial que n’importe lequel de vos personnages. A la manière de Woody Allen dans Manhattan qui rend bien plus qu’un hommage à New York City mais qui s’assure aussi que le lecteur comprenne bien que cette ville qu’il adore soit perçue comme un personnage à part entière.

Sur les lieux de l’action, nous vous proposons :

Vibrer au rythme de ses personnages

Le moment où vous introduisez vos personnages dans l’histoire est ce moment où vous vous révélez le plus intimement à votre lecteur. Bien sûr, vous écrivez sur ce que vous connaissez parce que vous l’avez expérimenté.
Néanmoins, ne bridez pas votre imagination en vous limitant à vos expériences. Appréciez aussi vos sentiments quant au sujet que vous abordez. Vous pouvez exprimer ces sentiments de la même manière que vous relatez une expérience que vous avez vécue.

Ce point de vue comme combinaison à la fois de vos expériences et de votre réflexion emmènera votre lecteur à ressentir ce que vous ressentez. Vous n’allez pas lui dire de ressentir de la tristesse, il éprouvera de la tristesse parce que cette tristesse est dans la situation que vous aurez su exprimer grâce à votre expérience mais parce que vous aurez su aussi dépasser cette expérience.
La superficialité ne peut que vous nuire.

Si vous avez l’intention de parler de souffrance, du sentiment de perte, autant avoir éprouvé soi-même dans sa chair un tel sentiment.

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