DIALOGUES : CONSEILS DE WILLIAM C. MARTELL (2)

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Un moyen de rendre les dialogues distinctifs (c’est-à-dire qu’ils correspondent bien à un personnage et à aucun autre) est de mettre en avant le personnage à travers ses attitudes.
Avoir un personnage qui ne voit que le mauvais côté des choses, un autre qui a tendance à rabaisser tout un chacun et peut-être encore un troisième dont le rapport au monde est essentiellement égocentrique permet de colorer le dialogue, lui donner une tonalité.
Mais cette tonalité n’est pas le message.

Une question de ton

Willam C. Martell prend l’exemple de cinq personnages qui assistent au même événement. Le ton qu’ils vont employer pour décrire cet événement et le point de vue qu’ils donneront de celui-ci vont recouvrir l’événement d’un voile, d’une ombre.

L’événement ou le fait sera décrit au travers du prisme qu’apporte avec lui chaque personnage. Ainsi, le même événement sera vu différemment et c’est dans ces différences que des indices sur la personnalité, sur la vie ou les expériences, sur les motivations de chaque personnage pourront être communiqués.
Chaque personnage donne sa propre perspective de l’événement mettant en avant ce qu’il est en tant qu’être de fiction au travers de son point de vue.

L’attitude est très agréable à écrire. Prenons l’exemple d’une personne foncièrement optimiste. Si vous lui dites que vous venez de perdre votre travail, un travail qui vous passionnait depuis une quinzaine d’années, cette personne vous répondra que vous allez pouvoir maintenant passer plus de temps avec votre famille et que c’est une très bonne chose en fin de compte.
Pour ce type de personne, le bonheur est toujours au coin de la rue prêt à être ramassé.

Pour traduire une attitude égoïste, il suffit de vous arranger pour qu’une telle personne ramène tout à elle. Si cette personne vous demande combien de sucres vous prendrez avec votre café et que vous lui répondiez deux, elle rétorquera qu’elle en préfère trois.
Ce type de personne considère que  son intérêt personnel est plus important que le bien commun.

En tant qu’auteur, vous avez une large gamme d’attitudes et de postures parmi lesquelles choisir pour traduire une personnalité au travers d’une position que vous pouvez décrire soit au travers d’actions, soit au travers de dialogues spécifiques qui correspondront exactement au personnage.

Et comme il est bien de ne pas dédoubler les fonctions de vos personnages, ce qui ne serait qu’une redondance ennuyeuse pour le lecteur, vous parviendrez ainsi à rendre unique chacun des personnages de votre histoire.

Une question d’attitude

Quelques exemples d’attitudes qui se prêtent bien à un dialogue spécifique :

  • le pessimisme,
  • l’indigent affectif qui semble toujours à la recherche de votre assentiment,
  • la méfiance qui fait que l’on en dit le moins sur soi-même pour se protéger d’éventuelles tentatives intrusives,
  • la supériorité de celui qui cherche toujours à prendre le dessus ou qui a une tendance à considérer autrui comme un rival potentiel et partant, cherche à le diminuer,
  • l’indifférence qui fait que l’on n’a jamais le temps pour quiconque (cette attitude peut être intéressante à travailler lorsque votre héros se trouve au creux de la vague ce qui est un moment structurel important et qu’il cherche un réconfort quelconque et ne le trouve pas puisque de toutes manières, il doit trouver en lui le courage ou une ardeur nouvelle pour continuer son histoire et le récit),
  • la luxure, la cupidité qui sont des attitudes essentiellement égoïstes puisque l’on cherche à satisfaire son propre plaisir, son propre désir sans se soucier d’autrui comme par exemple ne considérer une femme que comme de la chair,
  • l’inquiétude lorsqu’elle est pathologique (état d’angoisse permanent) qui influe sur la relation aux autres et qui se manifeste aussi bien dans les postures que dans les dialogues. Il y a ceux aussi qui sont confus à propos de tout ou qui sont incapables de prendre des décisions,
  • l’orgueilleux qui considère que son temps est plus important que le vôtre,
  • le pointilleux qui se préoccupe toujours des détails au détriment de la relation (à ne pas nécessairement prendre comme un vice, ni pour une vertu d’ailleurs),
  • l’immature qui s’émerveille de tout, qui a gardé une âme d’enfant et qui fuit la réalité (peut être l’occasion d’un dialogue savoureux),
  • le doute chez celui qui va questionner le moindre de vos gestes, la moindre de vos décisions (une attitude que l’on retrouve chez l’archétype du sceptique)
    A lire à propos de cet archétype :
    ARCHETYPES & FONCTIONS DRAMATIQUES (1)
    ARCHETYPES & FONCTIONS DRAMATIQUES (2)
  • Et il y a ceux qui vont encore plus loin et qui doute de tous y compris de l’évidence…

A vous d’imaginer d’autres attitudes. Ce qu’il faut retenir est que la formulation n’est pas le message, elle est la forme pas le fond. Ce qui est intéressant aussi, c’est qu’à partir d’un même événement, chacune des attitudes que nous avons donné en exemple aboutit à des lignes de dialogue totalement différentes.
Elles peuvent communiquer le même message mais avec un ton, des mots, des postures différentes.

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