CE QUI SE PASSE DANS LA TÊTE D’UN PERSONNAGE

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Ce qui se passe dans la tête d’un personnage doit rester dans la tête de l’auteur. Les personnalités fictives inventées par l’auteur sont à sa discrète disposition.
Après avoir consacré tant d’efforts et de recherches à élaborer le profil de ses différents personnages, un auteur doit résister à la tentation de partager ce profil avec le lecteur.

Ne pas dire

Dévoiler les pensées intimes et le passé d’un personnage consiste à expliquer pourquoi un personnage agit comme il le fait.
Ce peut être personnellement gratifiant de faire étalage de tout le travail que vous avez accompli en construisant vos personnages.

Mais vous devez résister à cette tentation. L’intériorité d’un personnage n’a pas à être racontée. Elle ne fait pas partie de l’intrigue.

En tant qu’auteur, il vous est nécessaire de comprendre le raisonnement ou les passions ou les émotions qui se cachent derrière chaque mot que le personnage prononce et derrière chacune de ses actions.

Mais ceci n’intéresse pas votre lecteur. Ce qui le fascine, c’est de le voir agir et d’entendre ce qu’il a à dire.
C’est la façon dont apparaissent les mots et les actions de vos personnages qui sont l’accroche. Ce n’est pas pourquoi il dit ces mots ou fait ces actions.

En créant une sorte d’espace entre le lecteur et le personnage, le lecteur tentera de comprendre le personnage.
Ceci le forcera à s’engager dans l’histoire.

Et comme sa compréhension des personnages s’étoffera au fur et à mesure de la progression de l’histoire (à travers ce qu’ils font et ce qu’ils disent), le lecteur acquerra progressivement une signification de plus en plus profonde.
Sur le plan émotionnel.

Un lien émotionnel

En s’interrogeant lui-même sur les personnages, le lecteur établit avec eux un lien émotionnel sans même sans rendre compte.

De toute évidence, un personnage doit agir logiquement et avoir des dialogues qui lui correspondent afin de ne pas briser le lien entre lui et le lecteur.

Cependant, ce sont les actions (c’est-à-dire tel qu’apparaît le personnage au lecteur) qui permettent à ce dernier de mettre en place un questionnement qui va le lier au personnage.

Si l’auteur ne résiste pas à la tentation de dire au lecteur pourquoi le personnage a agi de telle ou telle manière, c’est comme s’il méprisait l’intelligence du lecteur.
Ou s’il considérait que celui-ci est incapable de la moindre compassion. Ce qui est faux.

Car si le lecteur ne s’interroge plus ou ne ressent plus le besoin de boucher les trous,  son cerveau va se mettre au repos.
Ce qui s’accompagne d’ennui et de frustration.

En effet, si un personnage dit qu’il est heureux, c’est plutôt plat. Il vaut mieux au contraire montrer à travers ses actions ou son comportement qu’il est heureux.
S’il est heureux, il n’a nul besoin de le dire ce qui permet de placer entre ses lèvres d’autres lignes de dialogue plus pertinentes avec l’intrigue.

Evitez le désengagement

Lorsque le lecteur s’est accroché à un personnage, il est important de maintenir le lien.

Toutes les fois où vous dévoilez des pans entiers de la personnalité de votre personnage comme si un psychologue expliquait au lecteur les raisons du comportement de ce dernier, vous placez le lecteur en mode passif.

Et il faut que le lecteur soit actif pour que l’alchimie entre lui et le personnage fonctionne. Concrètement, il faut que son esprit continue à s’interroger sur la nature d’un personnage le plus longtemps possible.
Il ne faut donc pas lui donner des informations sur le passé dès l’introduction d’un personnage.

S’il a été, par exemple, maltraité par son père, plusieurs options s’offrent à vous.
Si le père est encore en vie, vous pouvez ménager quelques scènes où la confrontation entre le père et le fils sera très tendue. Peut-être une rencontre autour du lit de souffrance de la mère en fin de vie.
Ou encore lors de l’enterrement de celle-ci alors que le père et le fils ne se sont pas vus depuis de longues années.

Ce sont des indices que vous devez divulguer. Ce sont eux qui alimenteront les interrogations du lecteur.
Le fils arrive tard alors que l’enterrement est presque terminé. Pourquoi ? se demande le lecteur.
Et ce regard énigmatique et silencieux entre ce vieillard et le fils, que cache-t-il ?

Les indices ne racontent pas la maltraitance. Petit à petit, par d’autres informations, le lecteur comprendra cette maltraitance.
Il n’est pas recommandé d’établir immédiatement cette maltraitance dans l’esprit du lecteur.

A moins, bien entendu, qu’elle soit au cœur de votre thème. Mais si elle est utilisée pour dessiner les contours comportementaux d’un personnage dans certaines situations, elle doit rester une ligne directrice pour l’auteur.

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